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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Des policiers de Val-d'Or qui disent avoir été diffamés veulent 3M$ de Radio-Canada

Le procès civil en diffamation s'est ouvert ce lundi au palais de justice de Montréal

Photo d’archives, Agence QMI
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Photo portrait de Michael Nguyen

Michael Nguyen

2024-02-05T20:25:00Z
2024-02-05T20:27:16Z
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Des policiers de la Sûreté du Québec à Val-d’Or qui disent avoir vécu «l’opprobre social», à la suite d’un reportage de l’émission Enquête, devraient obtenir près de 3 millions $ en dommages de Radio-Canada pour diffamation, a affirmé leur avocat ce lundi, tandis que la société d’État estime avoir tout fait «dans les règles de l’art».

«On a 42 policiers qui ont tous subi des dommages, ils ont été l’objet d’insultes, leur réputation a été anéantie. Ils ont tous vécu l’opprobre social avec la communauté autochtone et la communauté en général», a lancé Me Marco Gaggino, ce lundi au palais de justice de Montréal.

Juste après, Me Geneviève Gagnon de Radio-Canada défendait bec et ongles un reportage d’intérêt public qui a «contribué à libérer la parole» à propos de «quelques policiers qui gangrénaient les relations entre policiers et autochtones».

C’est dans ce contexte que s’est ouvert ce matin le procès civil en diffamation de 2,9 millions $ opposant 42 policiers de la Sûreté du Québec à Radio-Canada, en lien avec le reportage «Abus de la SQ : des femmes brisent le silence» diffusé en 2015 à l’émission Enquête.

Me Marco Gaggino représente 42 policiers de Val-d'Or qui réclament près de 3M$ à Radio-Canada pour un reportage de l'émission Enquête parue en 2015. PHOTO MICHAËL NGUYEN
Me Marco Gaggino représente 42 policiers de Val-d'Or qui réclament près de 3M$ à Radio-Canada pour un reportage de l'émission Enquête parue en 2015. PHOTO MICHAËL NGUYEN Photo Michaël Nguyen

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Deux visions

La journaliste Josée Dupuis donnait ainsi la parole à des femmes autochtones de Val-d’Or en Abitibi, qui affirmaient avoir été victimes de violences physiques et sexuelles de policiers. 

Ce reportage avait causé une onde de choc, poussant le gouvernement à créer la commission Viens sur les relations entre Autochtones et les services publics. 

Une enquête avait été confiée à la police de Montréal, mais la Couronne n’avait toutefois pas porté d’accusations, faute de preuves suffisantes pour obtenir une condamnation criminelle.

«L’intérêt public est incontestable, l’enquête [journalistique] a été faite dans les règles de l’art, ça a mené à des changements positifs dans notre société», a affirmé Me Gagnon en rejetant toute idée de diffamation, d’autant plus qu’aucun policier n’avait été nommé dans le reportage.

Les 42 policiers de la Sûreté du Québec à l’origine de la poursuite, qui réclament chacun quelques dizaines de milliers de dollars, ne voient toutefois pas les choses du même œil, affirmant que la journaliste Josée Dupuis n’avait pas vérifié plusieurs informations avant de les publier.

«On ne peut pas se contenter de juste croire une personne, il faut corroborer ce qu’elle dit», a affirmé Me Gaggino en rappelant que la liberté d’expression n’était pas absolue.

Enquête sous la loupe

Il a ainsi donné comme exemple une affirmation dans le reportage, en lien avec un chalet de ski de fond où auraient eu lieu des événements à caractère sexuel entre des policiers et des femmes autochtones. Or, selon l’avocat, l’information diffusée n’aurait pas été corroborée.

«C’est ce genre de preuve qui va être faite [lors du procès]», a dit l’avocat en laissant entendre que le reportage sera passé sous la loupe de la justice.

Il a toutefois pris la peine de souligner que les procédures ne visaient pas à «restreindre la liberté de parole», et qu’il ne fallait pas voir le tout comme une poursuite contre les femmes autochtones.

L’avocate de Radio-Canada a toutefois affirmé que ce qui est ressorti des interrogatoires des policiers, c’est que ceux-ci ne croyaient pas les femmes autochtones dans le reportage.

Au total, le procès civil est prévu pour une durée de trois mois, devant le juge Babak Barin de la Cour supérieure du Québec.

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