Depuis 2019, Génome Québec a mis sur pied un programme éducatif dans les écoles secondaires pour initier les jeunes à la science tout en contribuant à la recherche en collectant des données pour le ministère de l’Environnement.
Depuis l’an dernier, le projet est aussi implanté dans certaines communautés autochtones.
Avec un simple échantillon d’eau prélevé par un élève dans un petit contenant, les chercheurs sont capables d’analyser l’ADN environnemental du lac.
« L’ADN permet de mesurer la vie dans le lac »
- Stéphanie Lord-Fontaine, vice-présidente de Génome Québec
Courtoisie Génome Québec
«Les jeunes font l’expérience par eux-mêmes, explique la vice-présidente de Génome Québec, Stéphanie Lord-Fontaine. C’est-à-dire, ils vont dans le cours d’eau proche de leur école pour collecter les échantillons.»
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Génome Québec analyse ensuite les échantillons en laboratoire avant de retourner en classe présenter les résultats et discuter de l’état de santé des lacs au Québec.
Des surprises et des toxines
L’exercice a parfois mené à des surprises.
«On a vu parfois apparaître de l’ADN de poisson rouge qui n’est pas une espèce qui devrait se retrouver dans nos lacs et rivières, illustre-t-elle. C’est aussi arrivé de voir des espèces menacées apparaître de façon inattendue sur les échantillonnages comme le chevalier cuivré.»
«On peut détecter la présence de la carpe asiatique même si on n’a pas vu le poisson», illustre aussi Sébastien Sauvé, professeur en chimie environnementale à l’Université de Montréal.
«On peut aller regarder tout ce qui est vertébré et invertébré, mais aussi des organismes plus petits comme les microbes», poursuit Nicolas Tromas, directeur de recherche junior pour une unité de recherche de l’Institut national de la recherche agronomique, situé en France.
Avec M. Sauvé, il a travaillé sur un projet visant à mieux comprendre les cyanobactéries et a, pour ce faire, analysé l’ADN d’une quarantaine de lacs. Le volet citoyen «Adopte un lac» a aussi permis d’échantillonner près de 50 lacs de plus.
«Ça nous a permis d’identifier des sites que le réseau de surveillance des lacs ne connaissait pas et où il y a des niveaux de toxines un peu affolants», explique M. Sauvé, citant notamment l’exemple du lac Fortune, en Abitibi.
Phénomène rare: une espèce de cyanobactérie (planktothrix) a été observée en hiver ces dernières années au lac Fortune, en Abitibi. Courtoisie Association du Lac Fortune
À ce jour, près de 6800 élèves de 75 écoles ont participé au programme. Génome Québec espère semer des vocations scientifiques tandis que les données recueillies iront enrichir les bases de données du ministère de l’Environnement et seront accessibles à tous les chercheurs qui étudient la biodiversité des cours d’eau du Québec.