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L'article provient de Bureau d'enquête

Des plats au resto à 158$ et 170$ facturés aux contribuables par l’ex-présidente de l’OCPM Dominique Ollivier

L’ex-présidente de l'OCPM a commandé des plats parmi les plus chers du menu de certains restaurants qu'elle fréquentait

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Photo portrait de Jean-Louis Fortin

Jean-Louis Fortin

2024-03-28T04:00:00Z
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L’ex-présidente du comité exécutif de Montréal Dominique Ollivier a commandé au restaurant des plats d’une valeur de 158$ et même 170$ aux frais des contribuables, pendant qu’elle présidait l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM).

De nouveaux documents reçus par notre Bureau d'enquête à la suite de demandes d'accès à l'information montrent que Mme Ollivier choisissait parfois des plats parmi les plus chers du menu.

Par exemple, en février 2019, Dominique Ollivier a rencontré une «commissaire potentielle» au restaurant Damas à Outremont, où l’on sert une cuisine syrienne raffinée.

Sur la facture, on retrouve notamment un plat à 170$ avant taxes. Puisque le reçu a été caviardé par l’OCPM avant de nous être envoyé, il est impossible de savoir exactement ce que la présidente et son invitée ont commandé.

Courtoisie
Courtoisie

Sur son site web, le restaurant annonce une assiette de grillades de viande pour deux personnes, incluant du carré d’agneau de l’Alberta et du filet mignon, vendue exactement à ce prix.

Deux autres items ont aussi été consommés ce soir-là pour un total de 269,98$, incluant taxes et pourboire, avec l’argent des Montréalais.

  • Écoutez la rencontre Dutrizac – Dumont via QUB :

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Resto chic

En décembre de la même année, nouvelle rencontre avec une «commissaire potentielle», cette fois au chic restaurant Ikanos, dans le Vieux-Montréal, réputé pour ses fruits de mer et poissons.

L'intérieur du restaurant Ikanos, dans le Vieux-Montréal
L'intérieur du restaurant Ikanos, dans le Vieux-Montréal Photo fournie par Jean Longpré

La facture fait notamment état de l’achat d’un plat d’une valeur de 208$ avant taxes. Une «promo gérant» de 150$ a permis de réduire la facture totale pour les contribuables, qui s’est tout de même élevée à 177,97$, taxes et pourboire inclus.

Courtoisie
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En mars de l’année précédente, Dominique Ollivier a demandé le remboursement d’un plat à 158$ au même restaurant.

Le but de cette rencontre était de discuter de la «consultation sur le racisme et [d]’autres dossiers» selon les documents que nous avons reçus. L’identité de la personne qu’y a rencontrée Mme Ollivier a été caviardée.

Courtoisie
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Dépenses coûteuses

Ce repas s’est tenu plus d’un mois avant que ne soit ouverte la pétition citoyenne qui a forcé la Ville de Montréal à lancer une consultation publique sur le racisme et la discrimination systémique. C’est seulement en août 2018 que la mairesse Plante a officiellement mandaté l’OCPM pour tenir cette consultation.

Dominique Ollivier n’a pas donné suite à nos questions en lien avec ces repas.

En novembre 2023, notre Bureau d’enquête a révélé une série de dépenses coûteuses de la part de quatre dirigeants et ex-dirigeants de l’OCPM. Nos reportages montraient, par exemple, que Mme Ollivier a dépensé quelque 17 793$ de fonds publics dans des restaurants entre 2016 et 2019. 

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  • Écoutez l'analyse de Luc Lavoie au micro de Yasmine Abdelfadel via QUB :

Nous dévoilions aussi que celle qui l’a remplacée comme présidente de l’OCPM, Isabelle Beaulieu, s’est procuré des écouteurs à 900$ avec l’argent des contribuables.

La semaine dernière, le quotidien The Gazette a publié un long reportage d’enquête sur le passage de Dominique Ollivier comme directrice de l'Institut de coopération pour l’éducation des adultes (ICÉA), entre 2006 et 2011. 

Le reportage montrait notamment que le conseil d’administration de l’organisme a découvert un énorme déficit quelques mois après son départ. Mme Ollivier a plaidé qu’elle n’était pas responsable de ce déficit.


NDLR: Deux semaines après la publication de cet article, Dominique Ollivier a communiqué avec nous en lien avec les plats à 158$ et 170$. Elle confirme que « les montants mentionnés sont pour deux personnes, et non pas pour elle seule ».


Elle a remboursé les huîtres... avec les intérêts

Dominique Ollivier a bel et bien remboursé aux contribuables son désormais célèbre souper d’huîtres à 347$ pris à Paris en 2016, ajoutant même près de 80$ en intérêts. 

La Ville de Montréal a récemment transmis à notre Bureau d’enquête une copie du chèque que Mme Ollivier a émis le 14 novembre dernier, soit le lendemain de sa démission du poste de numéro deux de l’administration de la mairesse Valérie Plante.

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Le chèque de 427,01$ porte la mention «souper remboursé Paris 2016 avec intérêt».

Le chèque fait par Dominique Ollivier
Le chèque fait par Dominique Ollivier Courtoisie

Celle qui a présidé l’OCPM de 2014 à 2021 avait jugé bon de facturer aux Montréalais ce souper qui visait à souligner la «contribution remarquable» à l’organisme de son ex-partenaire d’affaires Guy Grenier.

Le repas avait été pris dans le cadre d’une mission officielle de l’OCPM d’une durée de 23 jours.

En novembre, notre Bureau d’enquête révélait l’existence de ce repas dans le cadre d’une enquête sur les dépenses des dirigeants de l’OCPM, incluant Mme Ollivier à titre de présidente, de même que l’ex-secrétaire général Luc Doray et leurs successeurs respectifs, Isabelle Beaulieu et Guy Grenier.

L’ancien secrétaire général de l’OCPM Luc Doray, la mairesse de Montréal Valérie Plante, la présidente de l’OCPM Isabelle Beaulieu, l’ex-présidente de l’OCPM Dominique Ollivier et le secrétaire général de l’OCPM Guy Grenier.
L’ancien secrétaire général de l’OCPM Luc Doray, la mairesse de Montréal Valérie Plante, la présidente de l’OCPM Isabelle Beaulieu, l’ex-présidente de l’OCPM Dominique Ollivier et le secrétaire général de l’OCPM Guy Grenier. Photo tirée de Facebook/OCPM

Ces deux derniers ont été congédiés respectivement en novembre et en février. La mairesse Valérie Plante a également demandé au vérificateur général d’enquêter sur la gestion de l’OCPM.

Dans les jours suivant la publication de nos reportages, Mme Ollivier avait convenu que facturer ce repas aux Montréalais n’était «pas [s]a meilleure idée».

«J’avoue, avec le recul, que je n’aurais peut-être pas fait le même choix aujourd’hui», avait-elle déclaré à TVA.

Poursuite contre Québecor

Dans une poursuite civile de 1,7 M$ déposée au début février contre Québecor, Dominique Ollivier affirme qu’elle s’est «sentie obligée de rembourser cette somme, alors qu'elle avait été réclamée de façon légitime».

Selon ses allégations, les reportages ont créé «la fausse impression» qu’il s’agissait «d’une dépense purement personnelle et injustifiée».

Mme Ollivier avance aussi que le dévoilement au grand jour de son utilisation des fonds publics l’a contrainte à démissionner de son poste de présidente du comité exécutif et a «compromis de façon durable sa carrière politique».

– Avec la collaboration de Dominique Cambron-Goulet et Annabelle Blais

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