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L'article provient de Bureau d'enquête

Des patrouilleurs du SPVM ne font plus confiance à leurs auto-patrouilles

Plus de la moitié des véhicules d’urgence en fin de vie

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Marc Sandreschi

2024-11-25T05:00:00Z
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Des patrouilleurs de la police de Montréal ne se sentent plus en sécurité à bord de leurs voitures désuètes qui tardent à être remplacées.

«C’est un cocktail pour une catastrophe. Il faut que ça bouge, car on prend des risques pour nous et pour la population», affirme un informateur au sein du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Il est l’un des policiers qui se sont confiés à nous sous le couvert de l’anonymat, au cours des dernières semaines, pour sonner l’alarme.

Nos sources font état de véhicules de patrouille qui ont pris feu de façon inexpliquée, de bris mécaniques à répétition et de mises au rancard pour cause de désuétude.

En août 2023, un policier du poste qui dessert les secteurs de Pointe-Claire et de Dorval a vu son véhicule prendre feu dans un stationnement commercial. «La voiture a été déclarée perte totale», affirme une de nos sources.

Crainte du pire

Deux mois plus tôt, les pompiers ont aussi eu à éteindre le brasier sur un autre véhicule de patrouille qui était stationné au centre-ville. D’autres véhicules auraient subi des incidents similaires.

En juin 2023, une auto-patrouille a pris feu en pleine nuit. Le brasier l’a complètement consumée.
En juin 2023, une auto-patrouille a pris feu en pleine nuit. Le brasier l’a complètement consumée. Photo d’une SOURCE JOURNALISTIQUE

Plus de la moitié des quelque 580 véhicules de patrouille répartis sur l’ensemble de l’île sont en fin de vie, a-t-on pu apprendre.

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Bien au fait de la situation, la direction de la Fraternité des policiers et policières de la Ville de Montréal a levé le ton au cours d’une assemblée des membres qui s’est tenue en septembre dernier.

«Dans plusieurs postes, des patrouilleurs se sont retrouvés à pied parce qu’il n’y avait pas de véhicule», lit-on dans le résumé qu’un délégué syndical a envoyé aux policiers.

«Si jamais vous trouvez que le véhicule que vous avez n’est pas sécuritaire, vous ne le prenez pas». [...] «C’est au boss à trouver des voitures. S’il n’est pas capable, on va le faire nous-mêmes», poursuit la missive.

Prisonniers dans leur voiture

Faute de véhicules, plusieurs agents doivent parfois être reconduits à des lieux d’affectation sur la banquette arrière d’auto-patrouilles.

Mais certains refusent d’y embarquer, puisque, par défaut, les portes arrière ne peuvent s’ouvrir de l’intérieur.

«Ils ont peur d’y rester prisonniers s’il fallait qu’il se produise un incident les obligeant à sortir rapidement», affirme l’une de nos sources policières.

Le SPVM espère régler le problème... d’ici un an

La police de Montréal espère avoir réglé son problème d’auto-patrouilles d’ici la fin de 2025, révèle un document interne dont nous avons obtenu copie.

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«Nous comprenons les défis actuels liés à la gestion des véhicules sur le terrain et travaillons activement à les résoudre», lit-on dans un courriel interne que la Division des ressources matérielles du SPVM a envoyé aux policiers le 12 novembre dernier.

Tentant de se montrer rassurante, la Ville essaie d’«identifier des pistes de solution». Elle écrit qu’elle prévoit avoir mis en service 245 nouvelles auto-patrouilles d’ici la fin de 2025.

Les 60 premiers seraient livrés d’ici la fin de février 2025, à raison de cinq par semaine, si tout fonctionnait comme prévu.

Dans le document, la Ville affirme être consciente que le SPVM a besoin de ces véhicules afin d’être en mesure de réaliser ses opérations quotidiennes et d’offrir des services de qualité à la population.

Préparation des voitures

Mais des policiers qui travaillent sur le terrain et qui ont demandé l’anonymat préfèrent rester prudents.

«On nous répète continuellement que ça s’en vient, mais on attend toujours», dit l’un d’eux.

Dans les postes de quartier, on est bien conscient que, même lorsque le SPVM prend livraison d’un nouveau véhicule, il faut prévoir un délai pour y installer tout l’équipement nécessaire.

«Jusqu’à récemment, notre parc auto pouvait habiller une nouvelle voiture par semaine, ce qui est trop peu», affirme une source.

Elle tient à préciser que des démarches ont été faites pour mandater une entreprise externe afin d’accélérer la préparation des voitures.

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