Des Patriotes exilés en Australie célébrés à Montréal
Une minute de silence marque la cérémonie empreinte d’émotions à la Journée nationale des patriotes


Mathieu-Robert Sauvé
Une cinquantaine de personnes dont des descendants de patriotes exilés en Australie à la suite des Rébellions de 1837-38 ont assisté lundi à une cérémonie hommage à leurs aïeux au cimetière Notre-Dame-des-Neiges à Montréal.
«Aujourd’hui, nous honorons un souhait vieux de 185 ans exprimé par François-Xavier Prieur, soit de ramener à l’endroit où il repose des croix faites avec le bois du bateau qui l’a conduit en exil», s’est exclamé Dominick Parenteau-Lebeuf, vice-présidente de la section Joseph-Marceau de la Société Saint-Jean-Baptiste.

Elle prenait la parole au pied du monument aux Patriotes du Cimetière Notre-Dame-des-Neiges, en cette Journée nationale des patriotes, où une cinquantaine de sympathisants avaient convergé.
En plus de trois descendants directs de François-Xavier Prieur, on pouvait reconnaître des comédiens du film 15 février 1839 relatant la pendaison des leaders de la révolte, dont Sébastien Ricard et Martin Dubreuil. Ce dernier incarnait Prieur dans le film de Pierre Falardeau. C’est lui qui a demandé à l’assemblée de respecter une minute de silence à la mémoire des exilés.

12 pendus et 58 exilés
Rappelons qu’à la suite du procès des Patriotes qui s'étaient insurgés contre le pouvoir britannique en 1837 et 1838, pas moins de 12 chefs ont été pendus pour sédition et 58 ont vu leur sentence commuée en déportation. Ils ont été placés dans le HMS Buffalo pour être envoyés aux confins de l’Empire britannique. Les autorités jugeaient que l'Australie était le meilleur endroit pour se débarrasser des rebelles.

Les conditions dans le trois-mâts étaient exécrables, comme le raconte Prieur dans son journal passé à l’histoire comme l’un des rares témoignages d’un rebelle puni par le régime britannique. Insultes et humiliations de l’équipage accompagneront les contaminations et le mal de mer des prisonniers confinés dans la cale pendant cinq mois.
«Un homme blessé conserve en souvenir la balle ou le fragment d’obus extrait de sa chair lacérée, écrit Prieur. Eh bien, moi aussi, j’aimerais posséder une petite croix faite du bois avec lequel ce navire a été construit, et à l’intérieur duquel mon cœur et mon corps ont été lacérés par un traitement indigne.»
Des archéologues ont extrait du HMS Buffalo du bois avec lequel trois croix ont été façonnées. Deux de ces croix ont été déposées par ses descendants sur sa tombe. La troisième a été offerte à la municipalité de Saint-Polycarpe, où Prieur a refait sa vie.

Changer l’histoire
«Les Patriotes ont changé le cours de l’histoire là-bas en s’intégrant dans la société et en partageant leur expérience. J’ai découvert leur influence alors que je vivais déjà en Australie. Ça m’a fait chaud au cœur», relate Sébastien Bonenfant, inspecteur de pièces aéronautiques installé en Océanie depuis 11 ans et président de l’aile australienne de la SSBJ.
Dans La baie des exilés, un documentaire qui attend une case horaire chez un diffuseur grand public, le réalisateur Deke Richard, lui-même Australo-Québécois, retourne sur les lieux de l’exil où on trouve la «French Bay» et la «Canada Bay» en hommage aux Patriotes.

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