Des patinoires promises par Valérie Plante jamais livrées
Dominique Cambron-Goulet | Bureau d'enquête
L’administration montréalaise n’a jamais livré l’anneau de glace que la mairesse Valérie Plante avait promis en 2018 à une jeune adolescente venue le réclamer au conseil municipal.
« C’est vrai que l’anneau c’est quelque chose qui est attendu. Une chose qui est certaine, c’est qu’il va arriver. Oui ça va être au parc Angrignon », avait promis Valérie Plante en mars 2018.
Elle répondait à ce moment à la question d’une patineuse de vitesse de 13 ans, Mathilde Charron, qui se présentait au conseil municipal pour une deuxième fois afin de réclamer la construction d’un anneau de glace extérieur de 400 mètres.

Puis, la Ville avait fait une annonce officielle en mai 2018 qui fixait l’ouverture pour 2019.
Mais cinq ans plus tard, pas de patinoire. Le terrain qui devait accueillir l’installation est toujours occupé par un stationnement.

Au grand dam de Mathilde Charron, aujourd’hui âgée de 18 ans, étudiante au cégep et... retraitée du patinage de vitesse.
« C’est encore un stationnement. Il y a de la place. C’était vraiment l’endroit parfait », se désole la jeune femme pendant une rencontre au parc Angrignon.
Elle souligne que le manque d’infrastructure pendant la pandémie a nui à sa pratique du patin.
« Avec la pandémie, la fin du secondaire, le début du cégep, ça a été très difficile de continuer. C’est ça qui est dommage. Il manque une infrastructure pour permettre de pratiquer au niveau sportif », affirme-t-elle.
Dans le néant
Si elle dit encore avoir espoir de voir l’anneau se concrétiser, elle a l’impression que le projet « est abandonné » par la Ville.
« On n’a pas de nouvelles depuis 2019. On est un peu dans le néant », dit-elle.
L’administration Plante assure que le projet est toujours dans les cartons, mais selon les plus récents documents budgétaires, rien n’est prévu pour la construction de glaces extérieures avant 2028.
Le directeur général de Patinage de vitesse Québec, Robert Dubreuil, ne cache pas sa déception de voir le projet repoussé aux calendes grecques.
« C’est sûr que c’est loin, mais l’administration, je n’ai pas besoin de les convaincre de la pertinence du projet, affirme-t-il. Il faut juste remettre le projet sur le dessus de la pile où il a déjà été. »
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Projet crucial
Il s’agit d’un « projet crucial » pour son organisation, explique cet ancien olympien et père du médaillé olympique en patinage de vitesse longue piste Laurent Dubreuil.
« Pour le longue piste, il n’y a qu’une infrastructure au Québec, qui est le Centre de glaces Intact Assurance de Québec », rappelle-t-il.
Tant M. Dubreuil que Mathilde Charron soulignent qu’un anneau de glace de 400 mètres permet de faire du patin de vitesse, mais peut aussi être accessible au public pour le patin libre.
« C’est aussi accessible aux familles pour aller patiner et profiter du grand air. Je pense qu’un anneau donnerait l’envie à certains de commencer et peut-être même que je recommencerais à patiner », soutient Mathilde Charron.
Huit patinoires abandonnées
Montréal connaît un hiver affreux pour le patinage extérieur. Et la situation n’est pas près de s’améliorer, l’administration Plante ayant abandonné huit projets de glaces réfrigérées promises il y a cinq ans.
La Ville reconnaît que les changements climatiques menacent la pratique de sport de glace extérieur. Et elle n’est pas la seule : pour la première fois de son histoire, la célèbre patinoire du canal Rideau, à Ottawa, n’ouvrira pas cette année.
En 2018, l’administration de Valérie Plante a promis de construire sept patinoires réfrigérées sur sept ans et un anneau de glace pour le patin de vitesse.
Les parcs devant accueillir les installations avaient été annoncés (voir ci-dessous) et un contrat de construction pour une première glace, au parc Lalancette, avait même été octroyé.
Mais cinq ans plus tard, aucune n’a vu le jour. La Ville n’a construit qu’une patinoire réfrigérée, à l’Esplanade tranquille, dans le Quartier des spectacles. Elle prévoit toujours 20 M$ dans son budget pour des glaces extérieures, mais seulement à partir de 2028.
L’argent aux arénas
L’administration Plante concède avoir manqué de fonds. L’argent prévu a plutôt été investi pour changer les systèmes de refroidissement au fréon des arénas, désormais interdits pour des raisons environnementales.
Patinage de vitesse Québec
« Nous avons entrepris la rénovation des arénas pour les rendre écoénergétiques, ce qui repousse l’échéancier concernant les projets de nouvelles patinoires réfrigérées », explique l’attachée de presse du comité exécutif, Marikym Gaudreault.
Selon Robert Dubreuil, directeur de Patinage de vitesse Québec, il y a un réel besoin pour des patinoires réfrigérées extérieures partout au Québec.
« Les arénas sont pleins. On va chercher les heures au compte-gouttes, illustre-t-il. S’il se construit d’autres infrastructures, plus de gens vont patiner. Si tu n’as pas de place où aller, tu n’en feras pas. »
PATINOIRES MISES SUR LA GLACE
- Parc Lalancette (Rosemont)
- Parc des Vétérans (Ville-Marie)
- Parc des Roseraies (Anjou)
- Parc Sault-au-Récollet (Ahuntsic)
- Parc LaSalle (Lachine)
- Parc À-Ma-Baie (Pierrefonds)
- Parc Clémentine-de-la-Rousselière (Pointe-aux-Trembles)
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