«Ça va être l’enfer»: des patients de la Rive-Sud transportés en ambulance à Montréal
La pression est trop forte sur les hôpitaux de Châteauguay et de Salaberry-de-Valleyfield

Héloïse Archambault
L’été s’annonce très chaud dans des hôpitaux de la Montérégie frappés par la pénurie de personnel: des ambulances sont détournées vers Montréal depuis mercredi, dans le trafic des ponts, pour diminuer la pression. Quarante lits sont aussi fermés.
«Ça n’a pas de sens!» s’insurge Gaétan Dutil, président du syndicat des paramédics de la Coopérative des techniciens ambulanciers de la Montérégie (CETAM). «Il va falloir traverser le trafic, on sait comment c’est à Montréal, ça va être l’enfer!»
«Ça va être apocalyptique», ajoute Mélanie Gignac, présidente du syndicat local des infirmières (FIQ), à propos de l’été à venir à l’hôpital du Suroît, à Salaberry-de-Valleyfield.
Le territoire redécoupé
Depuis mercredi, le territoire ambulancier de l’ouest de la Montérégie a été redécoupé, confirme la CETAM. Les citoyens de 19 municipalités seront dirigés vers un autre hôpital, montre le document du ministère de la Santé et des Services sociaux obtenu par Le Journal. Les citoyens de huit villes sont même transférés vers des hôpitaux montréalais:
Les Cèdres: Lakeshore (Pointe-Claire)
Pointe-des-Cascades: Lakeshore
Vaudreuil-Dorion: Lakeshore
Saint-Lazare: Lakeshore
Saint-Mathieu: Lachine
Delson: Lachine
Sainte-Catherine: LaSalle
Saint-Constant: Verdun
Source: ministère de la Santé et des Services sociaux
Ainsi, les paramédics devront traverser le pont Mercier et les ponts de l’ouest de l’île de Montréal pour transporter des patients.
«Avec le personnel qu’on a, on ne fournit déjà pas. Là, il va falloir traverser le trafic. Ça n’a pas de sens», répète M. Dutil.

«On va vivre l’expérience et on va voir ce que ça donne. S’il y a des irritants, il faudra trouver de façons de rendre ça plus facile pour tout le monde», nuance Patrick Jasmin, porte-parole de la CETAM.
Les urgences majeures et certains cas spécifiques seront encore soignés en Montérégie. Les patients qui arrivent par eux-mêmes peuvent encore choisir leur hôpital, confirme le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Ouest.
- Yasmine Abdelfadel en discute avec le porte-parole en matière de Santé du Parti libéral André Fortin, à QUB:
Déjà des lits fermés
Depuis la fin de semaine dernière, vingt lits d’hospitalisation ont aussi été fermés au Suroît, a confirmé le CISSS. À l’hôpital Anna-Laberge, à Châteauguay, une vingtaine de lits de débordement ne sont plus disponibles non plus.
Le CISSS est en train «d’évaluer si d’autres fermetures seront nécessaires dans les prochains jours, écrit la direction par courriel. Plusieurs démarches intensives sont en cours pour limiter les impacts au maximum sur les patients.»
Ces fermetures sont une conséquence directe de la baisse du tarif maximal offert aux employés d’agences privées, depuis le 19 mai dernier.
«Cette situation engendre une diminution des disponibilités qu’elles offrent pour que leurs employés viennent travailler dans nos installations», écrit le CISSS.
La Côte-Nord et l’Abitibi-Témiscamingue sont aussi sous pression depuis deux semaines.
Une situation «fragile»
Le CISSS de la Montérégie-Ouest vit des problèmes de pénurie de personnel depuis plusieurs années. Selon la FIQ, certains départements fonctionnent avec jusqu’à 60% d’employés d’agences privées. Une centaine d’employés d’agences privées ont été recrutés récemment, mais la situation demeure «fragile», écrit le CISSS.
Dès octobre prochain, les CISSS de Montréal, de Laval, de la Montérégie et de la Capitale-Nationale ne pourront plus du tout faire appel aux agences privées. L’objectif est de sevrer le réseau public de sa dépendance au privé.