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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Des organismes sont furieux d’être coupés par Québec à quelques jours de Noël

Des administrateurs sous le choc lancent une pétition pour faire infléchir le gouvernement

La situation humanitaire à Haïti est particulièrement préoccupante depuis que des gangs de rue se sont emparés de plusieurs quartiers de Por-au-Prince, en décembre 2024. Photo Clarens SIFFROY, AFP
La situation humanitaire à Haïti est particulièrement préoccupante depuis que des gangs de rue se sont emparés de plusieurs quartiers de Por-au-Prince, en décembre 2024. Photo Clarens SIFFROY, AFP AFP
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Mathieu-Robert Sauvé et Marianne Lafleur

2025-12-22T18:54:38Z
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Équiterre, Oxfam, Avocats sans frontières et plusieurs autres organismes ont appris vendredi qu’ils ne recevraient pas intégralement, comme convenu, le deuxième versement d’une subvention gouvernementale sur quatre ans, ce qui provoque une onde de choc dans le milieu humanitaire et communautaire.

«Je trouve ça inconcevable et inadmissible», déplore Michelle Asselin, dont l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) regroupe plus de 70 organismes de 14 régions du Québec.

Elle a été «estomaquée» d’apprendre que plusieurs organisations bien implantées qui avaient entamé des projets à l’étranger voyaient leur financement être suspendu sans raison. «C’étaient pourtant des ententes signées», déplore-t-elle en qualifiant cette décision de «dangereux précédent».

Michelle Asselin, directrice de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI).
Michelle Asselin, directrice de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI). AQOCI

Dans une décision rendue vendredi, le Centre d’étude et de coopération internationale (CECI) a vu, par exemple, la moitié de son budget de fonctionnement disparaître et une bonne partie d’un programme à Haïti être amputé, un manque à gagner de 300 000$. «À quelques jours de Noël, c’est difficile à avaler», dit le directeur général, Philippe Dongier.

Philippe Dongier, directeur général du Centre d’étude et de coopération internationale (CECI).
Philippe Dongier, directeur général du Centre d’étude et de coopération internationale (CECI). CECI

Pour lui, c’est comme si on retirait la main qu’on avait tendue vers une personne qui se noie. «Nous nous concentrons dans des zones où les populations sont très vulnérables», fait-il valoir.

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Pétition

Touché par ce qu’il qualifie de vague de compressions dans le monde communautaire, Rafaël Provost, directeur général d’Ensemble pour le respect de la diversité, a lancé la semaine dernière une pétition qui a été signée par 712 personnes pour amener le gouvernement à revenir sur sa décision. Les compressions créent «une précarité dangereuse pour notre filet social», peut-on lire dans l’introduction.

«Ça suffit de s’en prendre aux organismes communautaires, affirme M. Provost en entrevue au Journal. Nous faisons des miracles avec peu de ressources. Si on est victimes de compressions supplémentaires, c’est à notre mission qu’on s’attaque», déplore-t-il.

La semaine dernière, son organisme qui emploie 17 personnes et rejoint annuellement 30 000 jeunes partout au Québec pour les sensibiliser aux problèmes de violence et de respect de la diversité a vu son projet d’un million sur cinq ans être refusé sans raison.

Une nouvelle mouture sera lancée dans les prochaines heures pour sensibiliser le public à sa cause. Cette pétition est appuyée notamment par la députée libérale de Westmount–Saint-Louis, Jennifer Maccarone. Objectif: 10 000 signatures!

Rafaël Prévost, directeur général d’Ensemble pour le respect de la diversité.
Rafaël Prévost, directeur général d’Ensemble pour le respect de la diversité. Courtoisie

Baisse de financement

Jointe en soirée dimanche, Léa Fortin, attachée de presse du ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Christopher Skeete, a précisé que les huit organismes touchés par les compressions ne verront pas leur budget réduit à zéro, mais plutôt «une baisse de leur financement», sans en préciser la teneur.

Le ministre a tenu à préciser qu’il comprenait la «préoccupation exprimée» par le milieu, mais que, «dans le contexte budgétaire actuel, il est essentiel de revoir nos investissements afin de maximiser notre impact». Ses équipes «travaillent activement pour limiter les impacts sur nos organismes et leurs partenaires».

Mme Asselin signale qu’elle attend en vain depuis plusieurs semaines une rencontre avec ce ministre qui est également responsable de la lutte contre le racisme.

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