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L'article provient de TVA Nouvelles
Société

Des créatrices disent avoir été arnaquées par des agences de marketing qui leur promettaient de devenir riches sur OnlyFans

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Photo portrait de Axel  Tardieu

Axel Tardieu

2024-10-08T10:00:00Z
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Des créatrices de contenu érotique québécoises disent avoir été arnaquées par des agences de marketing qui leur promettaient de gagner beaucoup d’argent grâce à OnlyFans.

«Les girls, si vous pensez que les agences sont là pour vous... no way.» C’est le message que Shanny Côté-McDuff, 22 ans, lance sur son compte TikTok pour avertir d’autres créatrices de contenu pornographique comme elle.

«J’ai perdu 7000$», explique à 24 heures celle qui vend des photos et vidéos à ses abonnés, qui paient pour du contenu exclusif sur la plateforme OnlyFans.

Au bout de trois mois de collaboration avec une agence trouvée sur YouTube, Shanny Côté-McDuff a eu une mauvaise surprise.

«Ils ont pris le contrôle de mon compte et des informations bancaires, explique-t-elle. J’ai été naïve.»

Désarmée face à la situation, la jeune femme a vite préféré tourner la page. Désormais, elle dit gagner 10 000$ par mois en tant qu’indépendante.

Images Instagram
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Des menaces
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Ces types d’agences se multiplient. À leur tête, on retrouve majoritairement des hommes qui se disent «manager», selon six modèles OnlyFans à qui nous avons parlé.

Ils leur promettent de faire grimper leur nombre d’abonnés – et donc leurs revenus – en échange d’une commission pouvant atteindre de 30 à 50%.

Ces gérants disent s’occuper de la relation avec les clients, améliorer le référencement en ligne et la planification des publications pour attirer encore plus d’abonnés. Un abonnement mensuel coûte entre 5$ et 50$ selon la créatrice.

«La majorité des agences sont des arnaques», avoue le créateur de contenu pornographique Jey, tout comme d’autres acteurs du milieu contactés par 24 heures.

«C’est la nouvelle tendance pour se faire de l’argent sur internet, après la cryptomonnaie, dit-il. Il y a peut-être trois agences sérieuses au Québec.»

Du virtuel au réel

Attirée par l’argent, Melina Roy a accepté de travailler avec un gérant québécois pendant six mois. 

«Il m’a promis un voyage si j’atteignais les 10 000$ par mois», raconte-t-elle. 

En plus de lui avoir versé au total près de 25 000$ de commissions, dit-elle, la créatrice a réalisé que des promesses faites par l’équipe de son gérant à des abonnés n'avaient pas été tenues, affectant ainsi sa réputation. 

Son manager lui aurait aussi proposé de se prostituer. 

«Il m’a proposé quatre fois de me prostituer dans la vraie vie, il allait prendre 50%, mais j’ai refusé, ce n’est pas mon genre», affirme Melina Roy.

Melina Roy se prend en photo dans sa chambre.
Melina Roy se prend en photo dans sa chambre. Photo Axel Tardieu

Contacté par 24 heures, le manager de 24 ans a accepté de nous parler sans être identifié. «Au début, je voulais être entouré de plein de demoiselles, maintenant je veux être riche», confie-t-il.

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Il nie tout lien avec la prostitution et se voit surtout comme un entrepreneur en marketing numérique qui aide les créatrices à faire de l’argent.

Une zone légale grise

Où est la frontière avec l’illégalité dans ce nouveau secteur d’internet? «Si la créatrice veut faire ce qu’elle a à faire, ce n’est pas illégal. Si elle veut engager un manager, ce n’est pas illégal», explique Me Marie-Hélène Giroux.

«Mais si on la force à se prostituer pour vrai ou à avoir des ébats avec des individus pour diffuser ça en ligne, on tombe dans l’illégal», rajoute l’avocate criminaliste, qui alerte face aux abus possibles dans ce domaine pas encore réglementé.

«C’est des nouvelles formes de prostitution et de pornographie», estime pour sa part la criminologue Maria Mourani.

Il y a quelques années, «elles commençaient danseuses, puis masseuses et finissaient escortes. OnlyFans, c’est une porte d’entrée vers la prostitution», pense-t-elle.

Une agence gérée par une femme

Une agence de managers OnlyFans a voulu jouer la carte de la transparence.

Jade Lavoie, une influenceuse québécoise qui cumule 719 000 abonnés sur Instagram, a créé Elite. «Dans mon agence, on respecte les femmes», assure-t-elle.

Photo Jade Lavoie
Photo Jade Lavoie

Selon Jade Lavoie, «les femmes s’éloignent de plus en plus des agences gérées par des hommes» à cause des arnaques. «Faut faire attention, c’est un monde dangereux», dit celle à la tête d’une agence qui ferait plus d’un million de dollars de chiffre d’affaires par an.

La plateforme OnlyFans n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue.

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