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L'article provient de Bureau d'enquête

Une quinzaine de parents estiment avoir été floués par des propriétaires de garderies familiales à Québec et à Shawinigan

Ils auraient payé des milliers de dollars pour que leur enfant ne soit gardé finalement que quelques heures

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Kathryne Lamontagne et Jean-Philippe Guilbault

2025-10-16T04:00:00Z
2025-10-17T00:04:00Z
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Au moins une quinzaine de parents auraient versé des milliers de dollars à des garderies de Québec et de Shawinigan pour que leur enfant n'y soit gardé finalement que quelques heures et parfois même, pas du tout.

• À lire aussi: Six parents portent plainte à la police contre la propriétaire d’une garderie familiale de Shawinigan

• À lire aussi: «C’est se faire voler en plein jour»: des parents ont déboursé 1500$ pour une garderie qui n’a finalement jamais accueilli leur enfant

Demande d’avance en argent, excuses bidon, services non rendus: des parents qui se sont confiés à notre Bureau d’enquête et à l’émission J.E en ont long à dire sur la garderie de Katiana Charbonneau Kadulick, à Shawinigan, et celle des sœurs Josée et Nathalie Samson, à Québec.

Une quinzaine de parents estiment avoir perdu des milliers de dollars après avoir fait confiance aux sœurs Josée et Nathalie Samson, de Québec, ou à Katiana Charbonneau Kadulick, de Shawinigan, qui géraient une garderie en milieu familial.
Une quinzaine de parents estiment avoir perdu des milliers de dollars après avoir fait confiance aux sœurs Josée et Nathalie Samson, de Québec, ou à Katiana Charbonneau Kadulick, de Shawinigan, qui géraient une garderie en milieu familial. Photos tirées des pages Facebook de Josée Samson, Nathalie Samson et Katiana Kadulick

Dans les deux cas, le stratagème allégué était sensiblement le même: les propriétaires des garderies publiaient d’abord des annonces sur les réseaux sociaux, affirmant qu’elles avaient des places disponibles entre 50$ et 60$ par jour.

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L'une des nombreuses publications faites par Nathalie Samson sur les réseaux sociaux, pour afficher une place disponible dans sa garderie en milieu familial. Crédit : Photo tirée de la page facebook de Nathalie Samson
L'une des nombreuses publications faites par Nathalie Samson sur les réseaux sociaux, pour afficher une place disponible dans sa garderie en milieu familial. Crédit : Photo tirée de la page facebook de Nathalie Samson Photo tirée de la page facebook de Nathalie Samson

Elles demandaient d’abord aux parents de payer d’avance, afin de garantir la place de l’enfant. Or, l’Office de la protection du consommateur est clair: la loi interdit de percevoir un paiement tant que l’enfant ne débute pas la garderie, confirme le porte-parole Charles Tanguay.

Mais ça, les parents l’ignorent.

Multiples excuses

Les propriétaires auraient par la suite évoqué toutes sortes de raisons – gastro, hospitalisation, enfant qui pleure trop, etc. – pour ne pas prendre les petits ou alors les accueillir à peine quelques heures.

Josée Samson aurait multiplié les excuses pour repousser la première journée de garderie de l'enfant de Sarah Hamel et Carl Denis, au printemps 2025.
Josée Samson aurait multiplié les excuses pour repousser la première journée de garderie de l'enfant de Sarah Hamel et Carl Denis, au printemps 2025. Captures d'écran fournies par Sarah Hamel

Malgré cela, les parents continuaient de payer le plein prix.

À Québec, Sarah Hamel et Carl Denis ont donné 1500$ à la garderie gérée par les sœurs Samson. Or, leur petite n’a jamais pu intégrer l'établisssement en milieu familial.

Sarah Hamel et Carl Denis ont versé 1500$ à la garderie gérée par les sœurs Josée et Nathalie Samson, sans que leur fille ait pu finalement y être gardée.
Sarah Hamel et Carl Denis ont versé 1500$ à la garderie gérée par les sœurs Josée et Nathalie Samson, sans que leur fille ait pu finalement y être gardée. Photo Stevens LeBlanc

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Élainie Lepage et Carolane Perreault-Dufour ont quant à elles payé chacune 2000$, pour que leurs enfants n’y soient gardés au final que trois ou quatre heures. Insatisfaites, les mamans ont retiré leur bambin (voir autre texte).

Élainie Lepage a été flouée par une propriétaire de garderie à Québec.
Élainie Lepage a été flouée par une propriétaire de garderie à Québec. Photo Stevens LeBlanc

À Shawinigan, Jérémie Besmargian et Maude Lachance ont versé 1100$ à Katiana Charbonneau Kadulick, pour que leur petite ne fréquente sa garderie que 2h30. Julie Legendre, elle, lui a donné 600$ pour deux jours de garde (voir autre texte).

Jérémy Besmargian et Maude Lachance ont perdu plus de 5000$ en frais de garderie et en perte de salaire, après avoir fait confiance à Katiana Charbonneau Kadulick, qui tenait une garderie familiale à Shawinigan.
Jérémy Besmargian et Maude Lachance ont perdu plus de 5000$ en frais de garderie et en perte de salaire, après avoir fait confiance à Katiana Charbonneau Kadulick, qui tenait une garderie familiale à Shawinigan. Photo Kathryne Lamontagne

Katiana Charbonneau Kadulick aurait ensuite brusquement fermé boutique, après avoir encaissé l’argent des parents.

Tous ces parents ont tenté d’obtenir remboursement de la part des propriétaires, sans succès. Plusieurs ont aussi dénoncé la situation au ministère de la Famille, à l’Office de la protection du consommateur et même à la police.

- Avec Philippe Langlois

«On n’est pas protégés»: des parents floués déplorent l’inaction du ministère de la Famille

Les parents qui se disent floués par les garderies de Québec et de Shawinigan estiment avoir été abandonnés par le ministère de la Famille.

«On n’est pas très protégés à ce niveau-là», expose Carolane Perreault-Dufour, qui a perdu 2000$ après avoir fait confiance à la garderie gérée par les sœurs Samson, à Québec.

Carolane Perreault-Dufour
Carolane Perreault-Dufour Photo Stevens LeBlanc

C’est que cette garderie, ainsi que celle de Shawinigan, n’est ni reconnue ni subventionnée par le ministère, confirme la porte-parole Noémie Vanheuverzwijn.

Le ministère a bien fait des inspections dans les deux établissements à la suite de nombreuses plaintes. Mais dans les deux dernières années, la garderie de Shawinigan ne semblait pas en activité et celle de Québec accueillait moins de deux enfants, ce qui lui permet d’échapper à la Loi sur les services de garde éducatifs à l’enfance.

Une pratique «illégale»

Par courriel, le ministère souligne toutefois que les situations soulevées par ces parents sont «très préoccupantes». «Cette pratique est illégale», soutient la porte-parole.

Le ministère n’ayant pas autorité sur ces garderies, il invite les parents qui s’estiment floués à se tourner vers l’Office de la protection du consommateur ou les policiers.

Le fardeau se retrouve donc sur les épaules de ces parents, déplorent ces derniers.

«On n’a aucun recours», se désole Sarah Hamel, déterminée toutefois à mettre le temps, l’argent et l’énergie nécessaires pour traîner Josée Samson devant les petites créances, dans l’espoir de retrouver ses 1500$ perdus.

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