Une quinzaine de parents estiment avoir été floués par des propriétaires de garderies familiales à Québec et à Shawinigan
Ils auraient payé des milliers de dollars pour que leur enfant ne soit gardé finalement que quelques heures
Kathryne Lamontagne et Jean-Philippe Guilbault
Au moins une quinzaine de parents auraient versé des milliers de dollars à des garderies de Québec et de Shawinigan pour que leur enfant n'y soit gardé finalement que quelques heures et parfois même, pas du tout.
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Demande d’avance en argent, excuses bidon, services non rendus: des parents qui se sont confiés à notre Bureau d’enquête et à l’émission J.E en ont long à dire sur la garderie de Katiana Charbonneau Kadulick, à Shawinigan, et celle des sœurs Josée et Nathalie Samson, à Québec.

Dans les deux cas, le stratagème allégué était sensiblement le même: les propriétaires des garderies publiaient d’abord des annonces sur les réseaux sociaux, affirmant qu’elles avaient des places disponibles entre 50$ et 60$ par jour.

Elles demandaient d’abord aux parents de payer d’avance, afin de garantir la place de l’enfant. Or, l’Office de la protection du consommateur est clair: la loi interdit de percevoir un paiement tant que l’enfant ne débute pas la garderie, confirme le porte-parole Charles Tanguay.
Mais ça, les parents l’ignorent.
Multiples excuses
Les propriétaires auraient par la suite évoqué toutes sortes de raisons – gastro, hospitalisation, enfant qui pleure trop, etc. – pour ne pas prendre les petits ou alors les accueillir à peine quelques heures.

Malgré cela, les parents continuaient de payer le plein prix.
À Québec, Sarah Hamel et Carl Denis ont donné 1500$ à la garderie gérée par les sœurs Samson. Or, leur petite n’a jamais pu intégrer l'établisssement en milieu familial.

Élainie Lepage et Carolane Perreault-Dufour ont quant à elles payé chacune 2000$, pour que leurs enfants n’y soient gardés au final que trois ou quatre heures. Insatisfaites, les mamans ont retiré leur bambin (voir autre texte).

À Shawinigan, Jérémie Besmargian et Maude Lachance ont versé 1100$ à Katiana Charbonneau Kadulick, pour que leur petite ne fréquente sa garderie que 2h30. Julie Legendre, elle, lui a donné 600$ pour deux jours de garde (voir autre texte).

Katiana Charbonneau Kadulick aurait ensuite brusquement fermé boutique, après avoir encaissé l’argent des parents.
Tous ces parents ont tenté d’obtenir remboursement de la part des propriétaires, sans succès. Plusieurs ont aussi dénoncé la situation au ministère de la Famille, à l’Office de la protection du consommateur et même à la police.
- Avec Philippe Langlois
«On n’est pas protégés»: des parents floués déplorent l’inaction du ministère de la Famille
Les parents qui se disent floués par les garderies de Québec et de Shawinigan estiment avoir été abandonnés par le ministère de la Famille.
«On n’est pas très protégés à ce niveau-là», expose Carolane Perreault-Dufour, qui a perdu 2000$ après avoir fait confiance à la garderie gérée par les sœurs Samson, à Québec.

C’est que cette garderie, ainsi que celle de Shawinigan, n’est ni reconnue ni subventionnée par le ministère, confirme la porte-parole Noémie Vanheuverzwijn.
Le ministère a bien fait des inspections dans les deux établissements à la suite de nombreuses plaintes. Mais dans les deux dernières années, la garderie de Shawinigan ne semblait pas en activité et celle de Québec accueillait moins de deux enfants, ce qui lui permet d’échapper à la Loi sur les services de garde éducatifs à l’enfance.
Une pratique «illégale»
Par courriel, le ministère souligne toutefois que les situations soulevées par ces parents sont «très préoccupantes». «Cette pratique est illégale», soutient la porte-parole.
Le ministère n’ayant pas autorité sur ces garderies, il invite les parents qui s’estiment floués à se tourner vers l’Office de la protection du consommateur ou les policiers.
Le fardeau se retrouve donc sur les épaules de ces parents, déplorent ces derniers.
«On n’a aucun recours», se désole Sarah Hamel, déterminée toutefois à mettre le temps, l’argent et l’énergie nécessaires pour traîner Josée Samson devant les petites créances, dans l’espoir de retrouver ses 1500$ perdus.
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