Des milliards $ en dommages pour un tremblement de terre modéré à Montréal
Même si le risque est faible, la métropole est mal préparée selon une étude


Hugo Duchaine
Même un tremblement de terre de force modérée entraînerait des dommages de plusieurs dizaines de milliards $ sur l’île de Montréal, selon une nouvelle étude de l’Université Western en Ontario.
« Je ne veux pas faire peur aux gens, assure d’emblée le professeur Katsuichiro Goda. Mais les préparer, car il y a un risque. »
Le chercheur calcule que chaque année, la zone sismique de l’ouest du Québec a une chance de 0,002 % de vivre un tremblement de terre causant des dommages de 10 milliards $ ou moins. Or, la possibilité d’un événement encore plus dévastateur existe selon la force du tremblement de terre.

Selon M. Goda, la région de Montréal à Ottawa est l’une des plus populeuses au pays, mais aussi l’une des moins préparées pour un événement sismique. Comme le risque d’un tremblement de terre puissant est beaucoup plus grand sur la côte ouest canadienne, la Colombie-Britannique est du même coup mieux équipée pour limiter les dégâts.
« Il y aurait beaucoup plus de chaos ici, et encore plus si ça devait survenir en plein hiver », dit l’expert en évaluation des risques, rappelant la récente crise de verglas qui a privé de courant des milliers de Montréalais plusieurs jours.
Pas assurées
Non seulement la vaste majorité des maisons ne sont pas construites avec la protection contre les tremblements de terre en tête, mais les propriétaires ne sont pas non plus assurés contre ces risques, fait-il valoir. Les gouvernements auraient ainsi à assumer des sommes astronomiques.
« Et le risque n’est pas si faible que ça », indique le chercheur, puisque la région longeant le fleuve Saint-Laurent a connu plusieurs épisodes sismiques au cours du siècle dernier.
M. Goda souligne que la zone sismique de Charlevoix, la plus active du Québec, a connu des tremblements de terre pouvant atteindre 7 sur l’échelle de Richter et que l’ouest du Québec a aussi vécu des secousses sismiques modérées, jusqu’à 6 sur la même échelle.
Or, la grande vulnérabilité des bâtiments de la métropole, à risque de s’effondrer, entrainerait d’énormes dommages, atteignant des dizaines de milliards $.
Il rappelle l’exemple de Christchurch en Nouvelle-Zélande, où un tremblement de terre de 6,3 sur l’échelle de Richter a causé environ 70 milliards $ en dommages en 2011. L’endroit n’était pas considéré comme étant à haut risque d’une catastrophe sismique auparavant, précise-t-il, ajoutant aussi que Montréal est une bien plus grosse ville.
Plus extrêmes
Les tremblements de terre sont plus rares, mais plus extrêmes, prévient le chercheur. Si les inondations peuvent être anticipées, selon les précipitations et la fonte des neiges, aucun outil n’arrive encore précisément à annoncer les secousses sismiques. Les dommages s’étendraient aussi sur des kilomètres, plutôt qu’un secteur restreint.