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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Des mères abitibiennes sortent au front contre la modernisation du régime forestier

Courtoisie Williams Nourri
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Photo portrait de Vincent Desbiens

Vincent Desbiens

2025-05-12T04:00:00Z
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De nombreux groupes de femmes et des organismes environnementaux ont profité de la fin de semaine de la fête des Mères pour sensibiliser le gouvernement du Québec aux impacts que le projet de loi de réforme de la gestion des ressources forestières aura sur les générations futures. 

Des groupes tels que Mères au front, Action boréale ainsi que des femmes membres de la communauté de Lac-Simon ont, entre autres, tenu une manifestation à la forêt Piché-Lemoine, près de Val-d’Or.

Plusieurs dizaines de personnes, dont certaines des communautés autochtones de Kitcisakik et de Longue-Pointe, s’y sont présentées dimanche.

Courtoisie Williams Nourri
Courtoisie Williams Nourri

L’objectif de cette mobilisation était d’inciter la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, à revoir ses plans par rapport à la création de zones destinées uniquement à l’exploitation forestière dans les forêts publiques de la province, comme le veut le projet de loi 97, tel que déposé le 23 avril dernier.

«C’est un changement majeur que la ministre propose, dénonce le président de l’Action boréale, Henri Jacob. Nous sommes tous les actionnaires de ces forêts publiques. Normalement, les actionnaires ont leur mot à dire lorsqu’il y a ce genre de changement.»

Selon lui, ce genre de modification au régime forestier doit s’accompagner de consultations auprès «des gens qui habitent le territoire».

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«Il semblerait qu’il soit beaucoup plus facile pour le gouvernement de livrer le territoire à l’industrie privée, qu’elle soit minière ou forestière, plutôt que de le protéger pour les générations futures. [...] Nous refusons que la forêt soit donnée à l’industrie et que nos enfants en soient dépossédés», a affirmé la co-porte-parole de Mères au front Rouyn-Noranda, Jennifer Ricard Turcotte.

Revoir l’aménagement

Rappelons que la Coalition Avenir Québec souhaite moderniser le régime forestier avec l’objectif avoué d’accroître les coupes de bois, notamment pour mieux protéger l’industrie dans le cadre de la guerre commerciale contre les États-Unis.

Pour ce faire, le gouvernement voudrait nommer un aménagiste régional qui aurait le pouvoir de définir les espaces forestiers selon trois nouvelles zones: des zones d’aménagement forestier prioritaire, des zones de conservation et des zones à usage multiple.

Une fois les zones industrielles identifiées, le gouvernement ne pourra plus y désigner une aire forestière comme refuge biologique ou forêt humide, ni y dresser un plan pour une espèce menacée, ou encore y créer une nouvelle aire protégée.

«L’objectif est clairement de donner à l’industrie carte blanche dans l’exploitation d’énormes territoires afin de répondre à son besoin en approvisionnement de bois et en ne tenant pas compte de la qualité des écosystèmes», a pesté le porte-parole de Regroupement Vigilance de l’Abitibi et du Témiscamingue, Marc Nantel.

Ignorés

Plusieurs membres de la nation anishnabe se sont également fait entendre par rapport au manque de considération pour leur territoire ancestral dans ce projet de loi. Même s’il y a eu une démarche de consultation des Premières Nations, plusieurs se sentent ignorés.

«Mère Nature nous appelle à la protéger pour les générations futures, a souligné la responsable du développement durable de la communauté anishnabe de Long Point, Diane Polson. On ne peut plus se baser uniquement sur le capitalisme. Est-ce que [François] Legault et ses ministres finiront par entendre les Premières Nations dans la création de leurs lois?»

À La Tuque, en Mauricie, un groupe d’activistes de la nation atikamekw a également fait ralentir la circulation des transporteurs de bois samedi, sur la route forestière 25, pour montrer leur désaccord par rapport au nouveau projet de loi, qui est vu comme une menace à leur mode de vie traditionnel.

– Avec la collaboration de Nicolas Lachance et de Jean-Philippe Guilbault

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