Des matériaux dans des expressions

Rose-Hélène Côté
Le bois, une épingle, un clou... différents matériaux se trouvent dans des expressions tout aussi différentes. Je vous présente quelques-unes d’entre elles et leur provenance.
La langue française compte de nombreuses expressions impliquant le bois: manier la langue de bois et avoir la gueule de bois en sont deux exemples. La langue de bois représente une façon de s’exprimer qui vise à plaire à tout le monde, surtout dans le domaine politique. Selon Le Robert, cette expression est née en Russie au XIXe siècle, d’abord comme «langue de chêne». Cela est dû à la rigidité et à la dureté de ce bois, comme celles de la politique tsariste et, par extension, du langage politique en général. En ce qui concerne la gueule de bois, l’expression vient de la bouche pâteuse et rugueuse comme du bois ainsi que de l’impression de dureté du crâne au lendemain d’une fête.
Le clou, comme le bois, fait bonne figure dans les expressions, notamment celles qui sont québécoises. D’abord, taper sur le clou signifie «insister vivement, faire passer un message». Cette expression viendrait simplement du fait qu’en frappant sur un clou de façon répétitive, on le fixe solidement. Cogner des clous fait référence à la façon qu’on a de balancer la tête lorsqu’on se sent endormi sans toutefois dormir complètement.
L’expression tirer son épingle du jeu veut dire «se dégager adroitement d’une situation difficile». Elle tient son origine du XVe siècle et vient d’un jeu d’adresse pratiqué par les filles qui consistait à lancer une balle dans un cercle avec des épingles et à faire ressortir au moins l’une de ces dernières. Celle qui y arrivait continuait à jouer.
Saviez-vous que se faire passer un sapin, qui veut dire «se faire avoir», vient du sapin baumier, peu résistant, dont on ne veut pas quand on veut acheter un bois résistant?