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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Des manifestants imprévisibles et dangereux

La police se prépare activement pour les Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal, mais il est impossible de tout prévoir.

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Photo portrait de Jean-François Racine

Jean-François Racine

2025-09-08T22:00:00Z
2025-09-08T22:49:14Z
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Un peu à l’image du Tour d’Espagne, les Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal pourraient être perturbés par des manifestants propalestiniens imprévisibles qui pourraient finir par blesser gravement un athlète avec leurs nombreux coups d’éclat.

L’équipe Israel-Premier Tech (IPT), une formation canado-israélienne, est ciblée par les manifestants et l’escalade a atteint son apogée sur la Vuelta, qui n’ira peut-être pas à son terme, le 14 septembre.

Le maire de Québec, Bruno Marchand, n’a pas voulu se prononcer immédiatement, mais une rencontre du Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) était à l’horaire lundi concernant les mesures de sécurité.

«L’organisation demeure agile afin de garantir une capacité d’intervention rapide», a fait savoir la porte-parole Laurence Godbout.

Il est toutefois impossible d’agir en amont puisque manifester est un exercice démocratique et un droit fondamental.

Pas de violence

Le SPVQ utilisera la force «en dernier recours et de manière raisonnable, responsable et proportionnelle». De plus, aucun acte de violence, vandalisme ou infraction criminelle ne seront tolérés, a ajouté la direction.

L’équipe des Québécois Hugo Houle et Guillaume Boivin se trouve au cœur de la tourmente ici et ailleurs sur la planète.

En Espagne, l’autocar de la formation est gardé par des militaires lourdement armés.

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L’équipe ne se retirera pas de la course et l’UCI ne veut pas créer de précédent en leur demandant de quitter sans manquement aux règles existantes.

Le gouvernement espagnol s’est prononcé et même le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a félicité le propriétaire québécois Sylvan Adams de ne pas céder à l’intimidation. La controverse ne s’essouffle pas.

Des perturbations

Le cycliste Pier-André Côté ne pensait pas vivre son premier grand tour de cette manière. Avec six étapes à venir, la devise est «un jour à la fois».

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«On ne peut pas prétendre que c’est une course comme les autres en ce moment. Notre expérience est loin d’être idéale», a-t-il affirmé lundi.

Lors de la seconde journée de repos à Pontevedra, près du Portugal, des membres de l’équipe ont même été importunés alors qu’ils prenaient tranquillement un café. Les manifestants exigeaient notamment le boycottage de leur formation.

«Nous sommes simplement partis. Ultimement, nous sommes ici en tant qu’athlètes pour performer et divertir, pas pour exprimer des opinions politiques», a ajouté Côté, souhaitant que la situation actuelle ne devienne pas la «normalité» de l’équipe.

Le retrait du nom Israël sur l’autobus et sur les uniformes ne calmera sans doute pas le mécontentement populaire.

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Sur la route, des protestataires ont bloqué le chemin de l’équipe IPT lors de leur passage au contre-la-montre par équipes, le 27 août. La 11e étape de Bilbao a aussi été neutralisée sans aucun vainqueur, et des cyclistes craignent véritablement pour leur sécurité.

«Les manifestants ont poussé les barrières au risque de faire tomber le peloton», a expliqué le Québécois Stéphane Le Beau, présent à Bilbao comme spectateur.

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Sous tension

Dimanche, lors de la 15e étape, un manifestant portant le drapeau de la Palestine est sorti du bois en voulant faire irruption sur le parcours, mais il a trébuché avant d’atteindre la chaussée.

Javier Romo, de l’équipe Movistar, a quand même chuté avant qu’un membre de la gendarmerie espagnole ne tente d'intercepter la personne. Jusqu’à présent, aucun cycliste n’a subi de blessures graves.

Les forces de l’ordre ne peuvent pas surveiller 160 kilomètres de route et la foule a toujours fait partie du sport cycliste.

En 2023, Le Journal se trouvait au départ du 110e Tour de France, encore à Bilbao, au Pays basque. Sans lien avec la guerre, les coureurs ont eu le malheur de retrouver des clous et des punaises sur la route. Sans parler de Chris Froome et Mark Cavendish, qui ont déjà été aspergés d’urine il y a une dizaine d’années.

La situation sera donc beaucoup plus tendue cette semaine à Québec et Montréal. Même sur un «court» circuit de 12 kilomètres, n’importe qui peut se promener de manière anodine et surgir dangereusement pour perturber le déroulement de la course.

Un ton plus agressif

Autant à Québec qu’à Montréal, le ton a changé dans l’appel au rassemblement pour manifester.

L’an dernier, leur groupe propalestinien était relativement restreint dans la capitale, mais beaucoup plus bruyant dans la métropole, au départ sur l’avenue du Parc.

«Le cyclisme est utilisé pour redorer l’image d’une entité génocidaire. En solidarité avec la Palestine, pas de sionistes sur nos pistes. Chaque geste compte pour briser le silence et montrer que la complicité n’est pas une option», peut-on lire en ligne.

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Une source proche de l’équipe, qui a demandé de ne pas être identifiée, estime que cette situation est triste pour tout le monde. Comme les autres, il n’est pas question de parler de la situation à Gaza. «On souhaite que les athlètes d’ici se rendent au bout de leur passion et de leur potentiel.»

Maillot rouge de la Vuelta 2025, le Danois Jonas Vingegaard a réagi aux manifestations propalestiniennes en sol espagnol.

«Terrible»

Un peu comme les cyclistes d’IPT, qui disent respecter le droit de manifester, le champion a été compréhensif envers les personnes qui s'expriment.

«Les gens le font pour une raison. C'est terrible ce qui se passe. Je pense que ceux qui manifestent veulent peut-être s'exprimer, et que ce sont peut-être les médias qui vont leur donner la parole. C'est peut-être pour ça qu'ils font ça», a-t-il avancé dimanche.

Outre plusieurs Canadiens, l’équipe Israel-Premier Tech regroupe des coureurs de nationalité italienne, britannique, australienne, belge, française, allemande, néo-zélandaise et tchèque. Sur 30 cyclistes professionnels, trois sont israéliens.

En Espagne, l'Américain Matthew Riccitello, chez Israel-Premier Tech, est 7e au général. Sur le plan sportif, il souhaite lutter pour le maillot blanc du meilleur jeune jusqu’à l’arrivée à Madrid. Alors que le but est de remporter des étapes, une victoire de l'équipe sur la Vuelta risquerait-t-elle d'attiser le feu ?

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«En espérant que les courses au Québec aillent bien, sans perturbation», a brièvement commenté par écrit l’homme d’affaires Sylvan Adams.

Une femme de Québec, qui assiste parfois aux manifestations pour la Palestine, croit que tout ça est bien imprévisible.

Incertitude

«Pour l’instant, nous ne savons pas ce que les manifestants feront. Personne ne les écoute. Est-ce que cette indifférence peut ultimement mener à des actes de violence, ou des coups d’éclat? Peut-être. Mais doit-on s’en étonner?»

À Montréal, une lettre rédigée par l’organisation Palestiniens et Juifs unis (PAJU), et exigeant que l’équipe cycliste ne soit pas autorisée à participer à la course, a été remise par huissier au bureau de la mairesse Valérie Plante.

En prévision des deux courses, les coureurs arriveront mardi en avant-midi à l’aéroport de Montréal avant de prendre rapidement la route vers Québec.

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