Des voyants rouges s'allument pour le ministre des Finances, Eric Girard
Des mauvaises surprises risquent de déjouer ses prévisions budgétaires

Michel Girard
L’argentier du gouvernement Legault, le ministre des Finances Eric Girard, a beau mettre ses lunettes roses pour nous dire et redire que le Québec se porte relativement bien sur le plan économique, bien des mauvaises surprises risquent cependant de déjouer ses prévisions budgétaires.
En octobre, le Québec a perdu 34 500 emplois à temps plein. En outre, le nombre de chômeurs a quant à lui augmenté de 31 700.
Et de tous les Canadiens, ce sont les Québécois qui sont les plus durement frappés par l’inflation au pays, avec un taux annualisé de 4,8% en septembre dernier. Pendant ce temps-là, les salaires accusent du retard sur l’inflation. La rémunération hebdomadaire a augmenté de 3,07% de septembre 2022 à septembre 2023, soit 1,7 point de pourcentage de moins que l’indice des prix à la consommation.
De plus en plus de ménages québécois ne parviennent pas à joindre les deux bouts.
Pire encore. Les PME, soit le moteur économique du Québec, font face à un nombre incroyable de difficultés par les temps qui courent: inflation, pressions financières, problèmes de main-d’œuvre et incertitude.
Avec un taux d’à peine 46,1%, le niveau de confiance des propriétaires de PME québécoises est le plus bas au Canada, selon les dernières données de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI). «Cela fait de longs mois que l’optimisme est loin d’être au rendez-vous. Cette situation nous inquiète et devrait alerter le ministre des Finances et l’inciter à agir dès la prochaine mise à jour économique et dans son prochain budget», explique François Vincent, vice-président Québec à la FCEI.
Mais armé de sa boule de cristal, le ministre des Finances, lui, reste optimiste: «Lorsqu'on regarde l'ensemble des données économiques, ça va être positif et donc il n'y a pas de récession au Québec présentement.»
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À RÉVISER À LA BAISSE
Dans sa mise à jour économique d’aujourd’hui, j’ai hâte de voir si le ministre va réviser à la baisse les perspectives économiques de mars 2023 sur lesquelles il avait basé son nouveau budget 2023-2024.
Au chapitre du PIB réel, il anticipait une croissance de 0,6% en 2023 et de 1,4% en 2024. À titre de comparaison, les économistes de Desjardins se montrent nettement moins optimistes, prévoyant une augmentation du PIB réel de seulement 0,3% en 2023 et de 0% en 2024. Pour leur part, les économistes de la Financière Banque Nationale prévoient une hausse de 0,5% en 2023 et également de 0% en 2024.
Autre exemple d’écart important entre les prévisions du ministre Girard et les économistes de Desjardins, par exemple. Au chapitre des mises en chantier de logements, le gouvernement Legault en prévoyait 50 100 en 2023 et 46 200 en 2024. De leur côté, les économistes de Desjardins ramènent le nombre des mises en chantier à 38 100 en 2023 et à 39 000 en 2024.

MOINS DE REVENUS, PLUS DE DÉPENSES
Lors du Rapport sur la situation financière du Québec des trois premiers mois de l’exercice 2023-2024, le ministre Eric Girard a tenu à réviser à la baisse ses revenus autonomes d'un milliard de dollars, et ce, en raison du ralentissement économique observé. Mais il n’a pas pour autant modifié le déficit prévu (1,6 milliard) en raison des «provisions pour éventualités» figurant dans le budget.
Cela dit, le train de nouvelles mesures que le gouvernement Legault annoncera dans la mise à jour d’aujourd’hui devrait forcer le ministre à réviser à la hausse ses dépenses. Et par le fait même, son déficit pour l’exercice en cours.
Aux nouvelles dépenses, il faudra également ajouter les sommes non prévues que le gouvernement Legault ajoutera dans la cagnotte des augmentations de salaire à verser aux 560 000 employés de l’État.