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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Électrification des autobus urbains: des lobbyistes ont l’œil sur les 5 G$ de Legault

Le premier ministre du Québec, François Legault, lors d’une rencontre avec le PDG de Volvo, Martin Lundstedt, en marge du Forum de Davos, en janvier 2019.
Le premier ministre du Québec, François Legault, lors d’une rencontre avec le PDG de Volvo, Martin Lundstedt, en marge du Forum de Davos, en janvier 2019. Photo tirée de Twitter, @francoislegault
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Photo portrait de Francis Halin

Francis Halin

2021-11-08T05:00:00Z
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Une trentaine de lobbyistes de la suédoise Volvo et de la québécoise Lion s’activent en coulisses pour mettre la main sur les contrats publics de 5 milliards $ (G$) annoncés par le premier ministre François Legault.

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« L’objectif qu’on doit se donner, c’est que le Québec soit un pôle mondial dans l’industrie des autobus et des trains électriques. La demande est déjà énorme », a expliqué le premier ministre François Legault, en Écosse, à la COP26.

Pour y arriver, le Québec injectera 2,6 milliards $ de fonds publics dans la construction et la conversion des garages et 2,4 milliards $ dans l’achat d’autobus électriques, une véritable manne pour des firmes, qui attendent ce moment depuis longtemps.

En sol québécois, le géant suédois Volvo, qui possède Novabus et Prévost, est prêt à peser sur l’accélérateur avec ses autobus de 40 pieds LSF+ assemblés ici. Une quinzaine de ses employés sont inscrits comme lobbyistes.

« On est plus prudent que nécessaire. Ce sont des personnes qui sont susceptibles d’avoir des interactions si on a des questions ou quoi que ce soit », explique Emmanuelle Toussaint, vice-présidente aux communications externes du Groupe Volvo (Prévost et Nova Bus) à propos d’eux.

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Il y a deux ans à Davos, François Legault avait rencontré en personne le PDG de Volvo, Martin Lundstedt, qui emploie plus de 2000 personnes au Québec.

Lobbyistes aguerris

Et même si Volvo pèse plus de 60 milliards $ en Bourse, la québécoise Lion Électrique, qui vaut 20 fois moins, n’a pas dit son dernier mot après avoir reçu des prêts de 100 millions $ de Québec et d’Ottawa, des mains des premiers ministres.

Bien implantée à Saint-Jérôme, Lion construit en ce moment son usine de batteries de 185 millions de dollars à Mirabel, qui lui offre un congé de taxes de cinq ans.

Pour montrer ses griffes, Lion a sa quinzaine de lobbyistes comme Isabelle Adjahi, l’ancienne vice-présidente de WSP, et Geneviève Jutras, l’ex-attachée de presse de la mairesse Valérie Plante.

Des figures influentes près du clan Desmarais sont aussi inscrites au Registre des lobbyistes, comme les associés directeurs Pierre-Olivier Perras et Pierre Larochelle de Power Sustainable, qui a comme PDG Olivier Desmarais.

« On est au registre parce que l’on a des communications constantes avec le gouvernement, alors on n’a pas le choix. C’est la loi », souligne Patrick Gervais, vice-
président marketing de la société, qui veut sa part de lion.

Rappelons que les autobus scolaires électriques de Lion, qui coûtent 300 000 dollars, peuvent aussi bénéficier d’un rabais gouvernemental de 150 000 $ parce qu’ils sont assemblés ici, ce qui met en colère Autobus Thomas et Autobus Girardin.

Fabriqués au Québec

Alors que la fabrication locale a le vent dans les voiles, tant aux États-Unis, qu’au Québec, le premier ministre François Legault n’a pas manqué d’aborder la question de front en faisant part de son intention d’investir 5 milliards $.

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« Il faut respecter les règles internationales, mais on est très confiants que les 2000 autobus vont être fabriqués au Québec », a-t-il résumé.

Pour Volvo, la question ne se pose pas.

« Lorsque ce sont des autobus pour le marché canadien ou québécois, ils sont fabriqués au Québec. Lorsque ce sont des sociétés de transports publics américaines, étant donné qu’il y a le Buy America, l’assemblage doit se faire à notre usine de Plattsburgh », détaille Emmanuelle Toussaint, du groupe Volvo.

« Toutes les structures des autobus sont fabriquées à Saint-François-du-Lac, peu importe que ce soit pour le marché québécois, canadien ou américain », ajoute-t-elle.

Chez Lion, qui ambitionne de vendre son Lion M de 26 pieds à plancher bas aux grandes sociétés de transports, on mise sur le développement de l’écosystème, qui rapportera par la bande à tous les fournisseurs d’ici.

« Il y a peut-être des endroits où un minibus, qui coûte trois fois moins cher qu’un 40 pieds, pourrait très bien servir le transport en commun », conclut-il.


Le plan de Legault pour l’achat d’autobus électriques  

  • Construction/conversion des garages : 2,6 G$  
  • Achat des autobus : 2,4 G$  
  • 3,65 G$ du gouvernement du Québec   
  • 1,35 G$ de différents partenaires   
  • Cible : 55 % d’autobus urbains électriques d’ici 2030 (2148)      

Électrification au Québec d’ici 2030  

  • 30 % des véhicules (1,5 million de véhicules)   
  • 40 % des taxis    
  • 65 % des autobus scolaires    

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