Des Jeux olympiques de Paris au Cirque du Soleil en un an: la nouvelle vie de rêve au Mexique de Raphaëlle Plante, nageuse artistique
Jessica Lapinski
L’été dernier, Raphaëlle Plante réalisait un de ses rêves en performant dans la piscine du Centre aquatique olympique de Paris. Un an plus tard, la Québécoise en verra un autre se concrétiser. Fini la vie d’athlète olympique, la nageuse artistique de 22 ans sera désormais l’une des artistes du Cirque du Soleil.
«C’est un changement! C’est très différent. C’est un nouvel état d’esprit, explique la nageuse artistique de Québec. Mais c’est capotant: on crée un nouveau spectacle de A à Z.»
Raphaëlle Plante participera à la production LUDO, qui prendra l’affiche à la fin de l’année à Nuevo Vallarta, une ville mexicaine située à une quinzaine de kilomètres de Puerto Vallarta, dans l’ouest du pays.
Une semaine folle
L’olympienne a posé ses valises il y a un peu plus d’une semaine, dans le complexe hôtelier où les athlètes du nouveau spectacle résideront pendant les deux prochaines années.
Deux jours auparavant, elle se trouvait à Singapour avec la délégation canadienne pour l’ultime compétition de sa carrière. Les au revoir avec ses coéquipières aux côtés desquelles, pour la plupart, elle a passé les cinq dernières années ne furent pas faciles. Ils furent «émotifs», précise Plante.
Sa décision était toutefois prise depuis un bon moment. «Après les Jeux, je me demandais si je voulais continuer pour un autre quatre ans. J’aimais ça, mais mon corps commençait à me dire non, même si j’aurais pu poursuivre encore un moment», raconte-t-elle.
Mais il y avait également cette routine hyper chargée et rigoureuse à laquelle s’adonnent les athlètes de haut niveau. Une seule journée de pause dans la semaine, consacrée en grande partie à la préparation des repas pour les autres jours, qui, eux, sont occupés par l’entraînement.
Le gym chaque jour, les routines dans l’eau: Raphaëlle Plante adorait la natation artistique, son équipe, sauf qu’elle avait «besoin d’une pause mentale et physique». Elle a donc envoyé sa candidature au Cirque du Soleil l’an dernier, après les Jeux.
Un lien familial
Ce souhait de travailler pour le cirque le plus connu au monde n’est pas le fruit du hasard: son papa, Éric, était musicien et directeur musical pour l’organisation quand elle était petite. Il travaille encore pour elle aujourd’hui.
Plante a d’ailleurs vécu à Las Vegas de 7 à 14 ans, en raison de l’emploi de son père. C’est en l’accompagnant en coulisses qu’elle est tombée amoureuse de la natation synchronisée. Dans quelques mois, la boucle sera bouclée: c’est Raphaëlle qui performera pour le Cirque, dans l’eau, bien sûr (à lire plus bas).
Elle en a reçu la confirmation quand elle se trouvait en Égypte pour une compétition, en avril. À la base, Plante avait ses visées sur le spectacle O, à Vegas, mais elle était encore plus emballée quand elle a appris qu’elle ferait partie d’une nouvelle production où elle pourrait développer son personnage.
«En natation artistique, malgré l’appellation "artistique", c’est de moins en moins axé sur l’art. Tout le monde est rendu un peu pareil, mentionne l’athlète. [...] Ici, c’est super intéressant de côtoyer les artistes, de voir ce qu’ils sont capables de faire, leur talent.»
«Et en plus, c'est au Mexique!» ajoute-t-elle, excitée par sa nouvelle vie.
De l’art aux couchers de soleil
Raphaëlle Plante explique que plusieurs athlètes de natation synchronisée prennent leur retraite de la compétition au même âge qu’elle, même si certaines la poursuivent jusqu’à la fin vingtaine.
Parfois, c’est le corps qui dit qu’il n’en peut plus. D’autres fois, elles désirent mettre l’accent sur leurs études. Dans le cas de la Québécoise, elle voulait explorer ce pan plus artistique.
Plante s’entraîne encore – elle le fera de plus en plus dans les prochaines semaines – en prévision du nouveau spectacle, mais elle découvre une nouvelle vie.
«Je réalise peu à peu que ce n’est pas la fin du monde si je me couche à 22h30 plutôt qu’à 21h. Plus besoin de faire mes repas pour toute la semaine à l’avance: je peux prendre le temps de dîner», souligne-t-elle.
Le tout au bord de la mer, où «les couchers de soleil sont magnifiques!» lance Plante. «C’est très vert», ajoute-t-elle.
«Ça fait différent de Montréal, hein?» lui demande-t-on.
«Oh oui!» répond la nouvelle «retraitée».
Du bassin olympique au théâtre
De toute évidence, on peut sortir Raphaëlle Plante de la natation artistique, mais on ne peut pas la sortir de l’eau. Pour LUDO, le nouveau spectacle du Cirque du Soleil au Mexique, la nageuse de Québec se retrouvera à nouveau dans son élément.
L’eau et la civilisation maya seront au cœur de cette nouvelle présentation du Cirque. Plante et une autre artiste – également une olympienne, la Brésilienne Nayara Figueira – nageront ensemble dans une piscine, qui deviendra peu à peu un tube qui grimpe au milieu de la scène, nous explique-t-elle. Elles seront accompagnées d’autres artistes.
Le tout se déroulera dans un théâtre au cœur du BON Luxury Theme Park de VidantaWorld, sous forme de souper-spectacle. Les premières représentations pour le grand public auront lieu en décembre.
Comme les artistes résident dans un complexe hôtelier, ils sont conduits au théâtre en voiturette pour leurs répétitions.
Cette proximité a conquis la Québécoise quand l’offre de déménager au Mexique pour deux ans s’est présentée à elle.
Entre sa dernière compétition de natation artistique et son premier entraînement avec le Cirque du Soleil, elle n’a eu que deux jours pour les dernières préparations pour le déménagement.
«Si j’étais allée à Las Vegas, j’aurais aussi dû me trouver un logement, une voiture. Ç’aurait été beaucoup de paperasse!» souligne-t-elle, heureuse de sa nouvelle vie.