Des itinérants bientôt évincés de leur campement à Montréal

Axel Tardieu
Une dizaine d’itinérants qui campent sur un terrain du quartier Mercier, à Montréal, vont bientôt être évincés. Le ministère des Transports du Québec (MTQ) prévoit y réaliser un projet de modernisation du secteur et souhaite les voir partir de l'espace abandonné.
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Les tentes se multipliaient depuis le début de l’été sur ce terrain entouré de barbelés au coin de l’Avenue d’Orléans et de la Rue Notre-Dame. Des carcasses de vélos et des vêtements en train de sécher à l’air libre font face à la raffinerie de Sucre Lantic.
Par courriel, le Ministère confirme que ses représentants se sont rendus sur place mardi dernier pour «aviser les campeurs qu’un avis d’éviction est en vigueur». «La date et l’heure de la libération des lieux seront connues au courant de la semaine du 16 octobre», précise le MTQ, qui prévoit des travaux de modernisation sur le terrain et dans le secteur.
«Pas d'alternative»
La dizaine de personnes en situation d’itinérance sur place se dit désabusée face à la décision du ministère. Dominique Leboeuf, dans la quarantaine, est à la rue depuis cinq ans. Elle s’était installée dans le campement en avril.
«ll n’y en a pas d’alternative, dit-elle. La police nous dit d’appeler le 311, mais tu ne peux pas te virer de bord et avoir un logement comme ça.»

Deux autres sans-abris sur place nous avouent être désemparés d'être évincés à l'aube de l'hiver.
«Là, c’est un peu la débandade, mais l'ambiance était bonne cet été, poursuit Dominique Leboeuf. Entre nous, c'était vivre et laisser vivre. La police n’est jamais venue parce qu'on criait trop.»
Julien Deschênes, qui habite depuis cinq ans dans un appartement à deux rues du campement, comprend mal la décision du MTQ. «Ça ne me dérange pas ce campement. Où est-ce qu’ils iraient?», se demande-t-il.

Chaque membre du campement se pose la question. «C’est vraiment dur d’avoir des références, d'avoir un logement, de le garder, explique Dominique Leboeuf. Ils n’ont pas l'intention de nous replacer quelque part. Je ne peux te pas dire où est-ce que je vais dormir demain».
Le ministère des Transports assure que des discussions sont en cours. «L’objectif est de coordonner les efforts afin de procéder à la libération du site, à son nettoyage et à la redirection des campeurs vers les ressources appropriées», nous écrit une porte-parole par courriel.