Des inventeurs québécois floués par une fondation bidon pour breveter leurs idées


Michael Nguyen
Des centaines d’inventeurs québécois se sont fait avoir par une fédération bidon qui leur chargeait le gros prix pour breveter leurs idées, a affirmé la Couronne à l’ouverture du procès pour fraude de son fondateur.
« Pas une seule personne faisant affaire avec la Fédération des inventeurs du Québec n’a obtenu de brevet valide, c’était une coquille vide mise sur pied dans le cadre d’un stratagème qui a rapporté des centaines de milliers de dollars à Christian Varin », a déploré le procureur de la Couronne, Me Nicolas Ammerlaan, hier au palais de justice de Montréal.
Varin, 64 ans, était à la tête de cette fédération bien connue des inventeurs québécois, puisque la plupart des recherches Google sur la façon de déposer un brevet menaient à son site aux allures professionnelles.
La Fédération se disait associée aux meilleurs avocats spécialisés et offrait des services non seulement pour breveter des inventions, mais aussi pour trouver des investisseurs et des partenaires manufacturiers, a indiqué la Couronne dans sa déclaration d’ouverture.
Trop complexe
Ainsi, des centaines d’inventeurs de partout au Québec auraient pris contact avec Varin, qui les aurait découragés d’entreprendre seuls le processus de brevetage.
« Il disait que c’était complexe et que cela pouvait mettre en péril leurs inventions », a expliqué Nicolas Ammerlaan.
Or, si Varin avait raison sur ce point, lui non plus ne savait pas comment procéder, selon la Couronne.
Si bien que, de 2015 à 2018, l’office de la propriété intellectuelle du Canada n’a jamais rien reçu de Varin.

« Certains inventeurs payaient entre 10 000 $ et 20 000 $ pour un brevet international, sauf que ça n’existe pas », a expliqué le procureur.
Ce n’est qu’en janvier que Varin aurait tenté de comprendre le fonctionnement complexe des brevets au Canada.
« La quasi-totalité des informations sur son site web est fausse, c’était un guetapens déployé par l’accusé pour attirer les victimes », a également déploré le procureur.
Non coupable quand même
Malgré les aveux que Varin aurait faits à des inventeurs floués, il a plaidé non coupable de fraude. Avec l’aide de son avocat, Normand Haché, il tentera de démontrer durant les quatre semaines de procès qu’il ne devrait pas être déclaré coupable.
Me Ammerlaan, qui pilote le dossier avec Me Simon Ouellet, tentera de prouver le contraire avec 32 témoins, dont des victimes.
« Les inventeurs floués ont non seulement perdu leur argent, mais pour certains d’entre eux, leur invention aussi, a-t-il expliqué. Plusieurs ont perdu toutes leurs économies. »