Des hélicoptères pourrissent leur vie toutes les 15 minutes


Francis Pilon
Des résidents de la Rive-Sud de Montréal sont excédés par les bruits et les vrombissements des hélicoptères qui pourrissent leur vie en volant au-dessus de leur tête tous les quarts d’heure.
«C’est l’enfer, on ne peut pas parler au téléphone dehors le week-end parce qu’on n’entend rien. [...] C’est comme si on était dans le film Apocalypse Now, mais version Longueuil», lance avec ironie Malik Yacoubi, un Longueuillois qui réside près du Boisé du Tremblay depuis 13 ans.
La vie paisible de M. Yacoubi, tout comme celle des dizaines de résidents du coin, a viré au cauchemar depuis près d’un an en raison des hélicoptères. Ils n’ont jamais été aussi nombreux à percer le ciel dans le Grand Montréal pour réaliser des vols touristiques.
Courtoisie
«Les hélicoptères passent extrêmement bas et à chaque 10 ou 15 minutes le week-end et en soirée la semaine. On a des enfants et plein de familles ici. Ils passent au-dessus de nos têtes et ça nous inquiète beaucoup de voir un accident», critique M. Yacoubi.
- Écoutez l'entrevue de Mario Dumont avec Malek Yacoubi au micro de Mario Dumont sur QUB Radio:
«C’est infernal»
Simon Laferrière est lui aussi découragé par le bruit des appareils qui volent au-dessus de son toit.
«Le bruit est juste infernal. On ne s’entend même pas parler quand on mange dehors et qu’il y en a un qui vole. L’été dernier, un hélicoptère est passé tellement bas que j’étais certain qu’il s’était écrasé dans le bois. J’ai appelé Transport Canada pour le signaler. Je n’en revenais pas», raconte M. Laferrière.

En plus du bruit, le père de famille explique que chaque hélico qui circule dans le ciel fait carrément vibrer sa maison. Il s’inquiète donc des effets de cette pollution sonore sur sa santé. «Et on n’embarque pas sur l’aspect environnemental, ça pollue beaucoup», renchérit-il.
«J’aimerais vivre comme tout le monde et profiter de ma cour ou me promener dans le parc du Boisé du Tremblay sans les entendre», laisse tomber Simon Laferrière.
Courtoisie
Pas d’hélicos, mais du chocolat
Helicraft est l’entreprise qui gère ces hélicoptères controversés sur la Rive-Sud de Montréal. La compagnie assure en entrevue avec le Journal que ses appareils ne circulent pas toutes les 15 minutes le week-end.
Mais est-ce que le président de Helicraft, Jimmy Joubert, pourrait habiter dans une zone où ses hélicos circulent?
«C’est sûr que si je choisissais d’habiter près d’un aéroport, je vais en vivre les conséquences. Moi, j’habite à Saint-Hyacinthe et ça sent le chocolat», mentionne M. Joubert en riant. Il fait ici référence à sa ville qualifiée de capitale nationale du chocolat en raison des nombreuses usines à friandises dans son coin.

Selon lui, les résidents qui achètent une propriété près de l’aéroport de Saint-Hubert doivent accepter de vivre avec les conséquences puisque ses hélicoptères décollent et atterrissent à cet endroit. Or, les citoyens demandent seulement à ce que les hélicoptères ne volent pas au-dessus de leur toit et si près de leur résidence.
Notons qu’une pétition en ligne a d’ailleurs été lancée en mars dernier pour trouver une solution à cette saga.
Les hélicoptères de Helicraft dans la mire des villes
Des villes sur la Rive-Sud de Montréal assurent qu’elles ont dans leur collimateur l’entreprise Helicraft qui soulève un tollé en raison du bruit de ses hélicoptères qui gâchent la vie de leurs citoyens.
«C’est épouvantable comme situation pour nos résidents, mais c’est Ottawa qui a juridiction pour trouver une solution au problème. [...] Nous, on souhaite que les hélicoptères volent au-dessus de la zone non habitée en passant par le parc industriel et l’autoroute 20», explique Louis-Philip Prévost, attaché de presse de la mairesse de Longueuil.

Il assure pour sa part que la ville travaille depuis des mois pour trouver des solutions avec la compagnie Helicraft qui possède ces appareils controversés.
M. Prévost ajoute que les discussions avec Transports Canada et Nav Canada, qui supervise le contrôle du trafic aérien au pays, vont de bon train. «On est confiant que le problème sera réglé ce printemps», lance-t-il.
«Pas à sa place»
Constat similaire à Saint-Lambert, où les résidents doivent aussi composer avec cette pollution sonore, que la Ville qualifie de «véritable nuisance».
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«Ces tours d’hélicoptère constituent une nouvelle activité commerciale qui fut entreprise sans tenir compte des quartiers résidentiels préétablis et qui fait fi de la notion de bon voisinage. Elle n’a pas sa place au-dessus d’un territoire constitué d’habitations en grande densité, que ce soit à Saint-Lambert ou ailleurs», déplore Sara Brunelle, de la mairie de Saint-Lambert.
Ottawa surveillera
De son côté, Ottawa précise que tout aéronef peut voler au-dessus de zones habitées à condition de maintenir une altitude minimale de 1000 pieds.
«Des activités de surveillance ont récemment eu lieu concernant les hélicoptères en question, et les vols sont conformes à la réglementation existante. Nous continuerons à surveiller la situation pour nous assurer que tous les règlements sont respectés et que la santé et la sécurité des communautés sont maintenues», affirme le bureau du ministre des Transports.
Interdits ailleurs
Fait intéressant, les hélicoptères monomoteurs utilisés par la compagnie Helicraft sont interdits dans de nombreuses villes.
Depuis 2014, une réglementation européenne interdit carrément le transport de passagers en hélicoptères monomoteurs au-dessus des zones habitables. Ainsi, seuls les appareils dotés de deux moteurs peuvent voler à ces endroits.