Des guitares fabriquées par deux artisans Innus de Mashteuiatsh entre les mains de plusieurs artistes


Nicolas St-Pierre
Lorsque deux artisans Innus de la communauté de Mashteuiatsh se sont intéressés à la fabrication de guitares électriques pour le plaisir il y a un peu plus de deux ans, ils étaient loin de se douter que leurs créations se retrouvaient entre les mains d’artistes bien connus aujourd’hui.
Les deux fondateurs des guitares Meshtuk et amis de longue date, Mathieu Grégoire et Dany Lachance, peinent d’ailleurs toujours à réaliser que ce qui était initialement une blague est maintenant aussi grande source de fierté.
«On rêvait d’être entrepreneurs un jour. On s’était dit qu’on allait fabriquer des meubles avec une touche autochtone. En dinant au travail un midi, un de nous deux a lancé à la blague qu’on pourrait commencer à faire des guitares comme on adore en jouer tous les deux », explique Dany Lachance.
«Pas longtemps après, on a décidé de s’inscrire, un peu sur un coup de tête, à une formation de fabrication de guitares électriques à l'école Nationale de lutherie de Québec. Finalement on n’a jamais fait de meubles», a-t-il renchéri à la blague.
Après plus de deux ans de tests et de recherches, leur première guitare a finalement été mise à l’essai en juillet 2024 par nul autre que Matt Lang, à quelques kilomètres de chez eux, lors de la Traversée internationale du Lac-Saint-Jean.

«C’est vraiment difficile à décrire. Quand on va voir un spectacle et que l’artiste joue avec notre guitare sur scène, on ressent vraiment beaucoup de fierté», avoue Mathieu Grégoire.
Bouche-à-oreille
Depuis, le bouche-à-oreille a fait son chemin, notamment dans la communauté artistique. Des artistes comme Sonny Caouette, moitié du populaire duo 2Frères et David Jalbert se sont procuré des guitares personnalisées Meshtuk.
«Ce n’est pas facile de percer dans ce milieu-là avec les gros noms qui sont implantés depuis plusieurs décennies», explique Dany Lachance.
«On savait qu’on avait des croutes à manger, mais aussi qu’on avait quelque chose de spécial entre les mains. On a misé sur le fait qu’on pouvait se démarquer en ajoutant une touche autochtone à nos guitares», ajoute-t-il.

Un rêve à l’horizon
Même si actuellement, la fabrication de guitare est un peu plus qu’un passe-temps, les deux hommes ne peuvent s’y consacrer à part entière.
«À long terme on a des plans pour améliorer notre productivité, mais pour le moment on essaie de fournir parce qu’on ne pensait jamais que ça allait déboucher aussi rapidement. Une guitare prend quand même 3 à 4 semaines à faire comme on travaille déjà 40 heures par semaine», explique Mathieu Grégoire, qui travaille comme directeur d'usine.
Bien qu’ils aimeraient vendre leurs créations dans les magasins de musique un jour, les créateurs veulent d’abord répondre à la demande, puis tester le marché en ligne. Les deux entrepreneurs rêvent également de tenir leur propre boutique.
«On aimerait ouvrir un magasin de musique dans notre communauté. Pratiquement personne ne vend d’instruments de musique au Lac-Saint-Jean, il faut se rendre au Saguenay. C’est un petit rêve qu’on aimerait réaliser ensemble», a conclu M. Lachance.
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