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L'article provient de Bureau d'enquête

Des organisateurs de manifestations pro-Palestine rappelés à l’ordre par Concordia et McGill

Ils avaient publié des messages faisant l’apologie de la violence sur les réseaux sociaux

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Photo portrait de Jean-François Cloutier

Jean-François Cloutier

2023-10-26T16:00:00Z
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Des organisateurs de manifestations pro-Palestine à Montréal se sont fait rappeler à l’ordre par deux universités montréalaises après avoir fait l’apologie de la violence sur les réseaux sociaux.

Un organisateur de Solidarity for Palestinian Human Rights Concordia (SPHR Concordia) s’est ouvertement associé au nom de l’opération terroriste du 7 octobre en Israël (l’opération Déluge d’Al-Aqsa) sur Instagram.

«SPHR Concordia vous appelle à vous joindre à nous alors que nous participons au déluge d’Al-Aqsa», indique SPHR Concordia dans sa publication datée du 10 octobre.

Capture d'écran du compte Instagram de SPHR Concordia où l'on appelle à participer au déluge d'Al-Aqsa, le nom d'une opération terroriste où 1400 personnes ont perdu la vie, dont des bébés, des femmes et une survivante de l'Holocauste. Crédit photo: capture d'écran du compte Instagram de SPHR Concordia
Capture d'écran du compte Instagram de SPHR Concordia où l'on appelle à participer au déluge d'Al-Aqsa, le nom d'une opération terroriste où 1400 personnes ont perdu la vie, dont des bébés, des femmes et une survivante de l'Holocauste. Crédit photo: capture d'écran du compte Instagram de SPHR Concordia capture d'écran du compte Instagram SPHR Concordia

«Nous avons envoyé une note à notre communauté le 11 octobre dernier rappelant que la violence et la haine n’ont pas leur place à Concordia et demandant notamment à toute notre communauté de se conduire avec respect dans un moment d’intenses émotions et de polarisation», a réagi l’Université Concordia par courriel, lorsque nous l’avons contactée.

Un deuxième groupe, Solidarity for Palestian Human Rights McGill, s’est vu formellement demander par McGill de ne plus utiliser le nom de l’université après avoir qualifié les attaques terroristes en Israël d’«héroïques» et avoir demaændé aux Montréalais de «célébrer le succès de la résistance», selon le média True North.

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«Beaucoup de monde dans la communauté de McGill, et je m’inclus parmi eux, ont été profondément choqués par l’horrible attaque du Hamas contre Israël [...]. Sachant la douleur que ces événements causent à la communauté, c’est particulièrement troublant de voir des posts récents sur les réseaux sociaux par une association [...] qui s’associe publiquement à McGill», a écrit le doyen et vice-recteur de McGill, Christopher Manfredi, dans un courriel envoyé aux étudiants et au personnel.

«L’Université dénonce ces posts odieux, qui célèbrent les récents actes de terreur et de violence qui ont entraîné d’innombrables pertes de vies humaines», a-t-il poursuivi. L’Université McGill n’a pas donné suite à un message de notre Bureau d’enquête.

TOMA ICZKOVITS
TOMA ICZKOVITS

Proterroristes

Un autre organisateur de manifestations, le Youth Palestinian Movement, fait la promotion de terroristes palestiniens sur les réseaux sociaux.

Sur son compte X (anciennement Twitter), le groupe a notamment relayé un appel à manifester le 8 octobre à Dallas (soit le lendemain du carnage en Israël), en partageant une affiche montrant un homme brandissant un drapeau palestinien debout sur un char d’assaut israélien capturé lors des attaques terroristes. La photo utilisée correspond en tout point à une photo de l’agence Getty publiée le 7 octobre.

Ce groupe a d’ailleurs organisé une manifestation vendredi dernier à Montréal où des slogans prônant la violence ont été entendus (voir autre texte).

Samidoun

Au Canada, un autre organisateur de manifestations, un organisme à but non lucratif appelé Réseau de solidarité aux prisonniers palestiniens Samidoun relaie par ailleurs sur son site internet des informations à propos du Front palestinien de libération de la Palestine (FPLP).

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Le FPLP, considéré comme terroriste par le Canada, a commis des attentats en Israël aussi récemment qu’en 2019.

Le 12 octobre, l’Allemagne a annoncé bannir le réseau Samidoun du pays, ajoutant que ses membres célébraient la terreur du Hamas en Israël dans les rues allemandes, selon l’agence Reuters.

DES SLOGANS PROVIOLENCE ENTENDUS À MONTRÉAL

Une manifestation pro-Palestine qui s’est tenue la semaine dernière à Montréal a donné lieu à des slogans faisant la promotion de la violence contre Israël, selon des experts.

Dans une manifestation à laquelle notre Bureau d’enquête a assisté vendredi au centre-ville, on pouvait entendre des slogans tels que (voir vidéos):

- «There is only one solution, Intifada Revolution»

- «From the River to the Sea, Palestine will be free»

Ces slogans étaient scandés à répétition par plusieurs manifestants différents munis d’un micro, tout au long du parcours. 

Selon David Morin, codirecteur de l’Observatoire sur la radicalisation et l’extrémisme violent à l’Université de Sherbrooke, le premier slogan «constitue un appel à la révolte et de facto à une certaine violence contre le gouvernement israélien considéré comme l’oppresseur».

Manifestation en solidarité à la Palestine qui s’est tenue à Montréal, le vendredi 20 octobre 2023.
Manifestation en solidarité à la Palestine qui s’est tenue à Montréal, le vendredi 20 octobre 2023. TOMA ICZKOVITS

Le deuxième slogan peut être entendu comme un appel à la création d’un État palestinien qui s’étendrait du Jourdain à la Méditerranée, selon l’Anti-Defamation League (ADL) aux États-Unis. Comme ce territoire inclut l’État d’Israël, il implique le démantèlement de l’État juif, selon l’organisme américain.

«Il me semble [...] qu’en 2023, le fait de nier le droit d’Israël à exister constitue non seulement une position extrémiste [...], qui alimente la violence, mais aussi un obstacle à la paix», estime le professeur Morin.

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Expert du Moyen-Orient à l’Université de Sherbrooke, Sami Aoun ne voit pas de problème de son côté avec le premier slogan. Il estime toutefois que le deuxième est antisémite, car il représente, selon lui, un appel à la destruction d’un État juif.

En Autriche, le slogan «From the River to the Sea» a mené à l’interdiction d’une manifestation pro-Palestine le 11 octobre, car il a été considéré comme une incitation à la violence.

Pas le droit d’exister

En entrevue avec notre Bureau d’enquête, une des porte-parole de la manifestation, Sarah Shamy, du Youth Palestinian Movement (YPM), a nié le droit d’Israël à exister en tant que pays. 

Elle n’a pas non plus condamné les attentats terroristes du 7 octobre, même lorsque la question lui a été posée spécifiquement. Elle a véhiculé l’idée qu’Israël était responsable du bombardement d’un hôpital à Gaza, une thèse invalidée par le Canada samedi. 

AFP
AFP

16 rapports de crimes haineux

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) recense à ce jour 16 rapports de crimes haineux depuis le 7 octobre, soit 12 visant les communautés juives et 4 visant les communautés arabo-musulmanes.

L’un de ces crimes, qui visait la communauté juive, aurait d’ailleurs été commis pendant une manifestation, selon le SPVM. 

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SPVM
SPVM

UN ÉQUILIBRE DÉLICAT À MAINTENIR ENTRE LIBERTÉ D’EXPRESSION ET INTERDICTION DES DISCOURS HAINEUX

Selon David Morin, il y a un équilibre délicat à maintenir entre liberté d’expression et interdiction de discours haineux. 

«Il faut trouver un équilibre plutôt favorable à la liberté d’expression, y compris d’idées radicales, tout en s’assurant de ne pas laisser se répandre les discours haineux, les appels à la violence ou l’apologie du terrorisme», juge-t-il.

Ce dernier pense que «le fait de ne pas condamner une attaque terroriste qui a fait plus de 1000 victimes civiles ou de tenter de la justifier par des décennies d’oppression reflète une boussole morale à géométrie variable».

Des dépouilles couvertes ont été rassemblées le 11 octobre au kibboutz Beeri près de la frontière avec Gaza suivant une infiltration de terroristes palestiniens.
Des dépouilles couvertes ont été rassemblées le 11 octobre au kibboutz Beeri près de la frontière avec Gaza suivant une infiltration de terroristes palestiniens. AFP

Malgré tout, selon lui, «sur le plan politique comme du droit, il y a quand même une distinction importante entre ne pas condamner et faire l’apologie d’une attaque terroriste».

Il croit qu’«il importe d’établir un dialogue continu avec les groupes et les communautés concernés et les responsabiliser par rapport aux effets [...] des discours radicaux».

Effrayant

Pour l’ancien conseiller municipal Marvin Rotrand, qui est aujourd’hui directeur national de sa Ligue des droits de la personne au B’nai Brith, il est clair que certains slogans utilisés dans des manifs pro-Palestine actuellement à Montréal sont effrayants pour des membres de la communauté juive.

Ce dernier plaide pour que la Ville de Montréal adopte une définition internationale de l’antisémitisme reconnue dans 31 pays et formulée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA).

Le premier ministre François Legault a déclaré avoir honte des manifestations pro-Palestine, dans le contexte où 1400 personnes, dont le jeune Montréalais Alexandre Look, ont été tuées dans un massacre en Israël d’une rare cruauté.

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