Menaces provenant des gangs de rues: des gardiens de prison ciblés à l'extérieur des murs

Félix Séguin
Les agents correctionnels de la prison de Saint-Jérôme ont été victimes de graves menaces provenant des gangs de rues. La police tente même de savoir si certains d’entre eux ont été pourchassés à l'extérieur des murs de l’établissement.
Selon des informations obtenues par notre Bureau d’enquête et l’émission J.E., quatre incidents survenus en une semaine font craindre pour la sécurité des agents correctionnels.
En fin de soirée mercredi, la voiture d’un employé du centre de détention a été visée par un cocktail Molotov. La station radiophonique CIME a d’ailleurs diffusé les images du début de l’incendie sur le capot de la berline.
Le suspect a été arrêté par les policiers peu après à Saint-Jérôme.
Des bidons d'essence
Deux autres personnes ont été interceptées 24 heures plus tard à l’intérieur du périmètre de la prison située à la porte des Laurentides.
Selon nos informations, ils étaient en possession de bidons d’essence.
Eux aussi ont été stoppés par les patrouilleurs de l’établissement avant qu’ils ne commettent leur méfait. L’un d’entre eux aurait confessé avoir été payé par un commanditaire pour intimider les agents de la paix selon une source près du dossier.
- Écoutez l'entrevue avec Mathieu Lavoie, président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ–CSN) au micro d’Alexandre Dubé via QUB radio :
Des criminels à sa porte
Samedi en soirée, une autre employée a avisé les policiers d’un incident qui pouvait mettre sa sécurité en jeu.
Une voiture suspecte a été aperçue près de chez elle à Mirabel et l’un de ses passagers aurait tenté de forcer la portière de son véhicule.
Dans les heures précédant l’événement, elle aurait été insultée par un individu non loin de son lieu de résidence.
Ses occupants auraient été arrêtés et seraient connus des services policiers.
- Écoutez le segment de faits divers avec Maxime Deland via QUB:
Gangs de rue
Au moins deux de ces crimes auraient été commandés de l’intérieur des murs, ont confirmé deux sources. Celles-ci ciblent deux détenus liés aux gangs de rue d’allégeance bleue.
Les deux prisonniers auraient eu un différent avec des agents correctionnels de Saint-Jérôme après y avoir été transférés.
«Vous n’avez rien vu à Saint-Jérôme» aurait lancé l’un d’eux aux gardiens sur un ton menaçant.
Les gestes d’intimidation envers les gardiens seraient survenus après plusieurs saisies de livraisons de drones et d’armes artisanales à l’intérieur des murs.
«Des événements comme ceux-ci ne doivent pas rester impunis» a affirmé le président du syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec. «Nos dirigeants doivent agir», conclut Mathieu Lavoie.
L’enquête a été transférée à la Sûreté du Québec qui tente de savoir si les événements de la dernière semaine sont tous liés.
Cependant, des informations ayant filtré du ministère de la Sécurité publique, les gestionnaires des prisons au Québec, laissent croire que l’intrusion sur le terrain de la gardienne survenu samedi serait traitée comme un événement isolé.
Dimanche soir, le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel a dénoncé ces menaces.
«Ces gestes d’intimidation à l’endroit des agents des services correctionnels sont inacceptables. Les policiers font enquête pour que les responsables répondent de leurs actes devant la justice», a-t-il déclaré
M. Bonnardel a par ailleurs indiqué que «des mesures de sécurité additionnelles ont été mises en place dans les derniers jours à l’établissement de détention de Saint-Jérôme».
Du soutien psychologique est également offert aux employés touchés par ces événements, soutient le ministre.
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