Des futurs profs pas pressés d’obtenir leur diplôme


Daphnée Dion-Viens
Alors que la pénurie d’enseignants cause bien des maux de tête au réseau scolaire, de plus en plus de futurs profs prolongent la durée prévue de leurs études : la moitié des étudiants en enseignement n’obtiennent pas leur diplôme en quatre ans.
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Le Journal rapportait dimanche que le nombre d’enseignants non légalement qualifiés qui ont obtenu une tolérance d’engagement n’a jamais été aussi élevé depuis que le ministère de l’Éducation a commencé à compiler des données sur le sujet, il y a 15 ans.
Bernard Drainville, le ministre de l’Éducation, travaille sur « des solutions pour atténuer la pénurie de main-d’œuvre », indique son cabinet.
Une « bonne partie » des enseignants non légalement qualifiés détiennent un diplôme universitaire, alors que plusieurs autres sont des étudiants en enseignement, souligne son attachée de presse Florence Plourde.
« C’est un enjeu préoccupant, mais il n’y a pas de solution magique pour éviter les bris de service. Ça prend du temps, former un enseignant », ajoute-t-elle.
Plus de quatre ans
Pour obtenir le brevet d’enseignement, il faut avoir complété un baccalauréat de quatre ans. Or, seulement 49,8 % des étudiants en éducation obtiennent leur diplôme dans les délais prévus, selon des chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur consultés par Le Journal.
Après six ans, 70 % d’entre eux ont terminé leur formation.
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Les étudiants sont par ailleurs de plus en plus nombreux à étirer la durée de leurs études : la proportion de ceux qui avaient complété leur formation en quatre ans était de 54 % il y a cinq ans (voir encadré plus bas).
Pour Danaë Simard, qui étudie en enseignement du français au secondaire à l’UQAM, la « charge de travail très importante » peut expliquer en partie pourquoi les étudiants prennent plus de temps que prévu à terminer leurs études, tout comme les difficultés pour certains à réussir le test de certification en français écrit pour l’enseignement (TECFÉE).
Plusieurs étudiants abandonnent aussi lors des deux premières années de formation à la suite des premiers stages d’observation, ajoute Jean Bélanger, doyen de la Faculté des sciences de l’éducation à l’UQAM.
« Il y en a plusieurs qui réalisent que l’enseignement, ce n’est pas pour eux, affirme-t-il. S’ils veulent abandonner parce qu’ils ont des difficultés à réussir, on doit les soutenir et mieux les accompagner. Mais s’ils ne se sentent pas à leur place, on n’essaie pas de les retenir. »
Proportion des étudiants inscrits au baccalauréat en éducation qui obtiennent leur diplôme quatre ans plus tard
Cohorte qui a commencé les études en :
2013 : 54,0 %
2014 : 52,5 %
2015 : 52,1 %
2016 : 52,2 %
2017 : 49,8 %
Source : ministère de l’Enseignement supérieur