Des excuses nécessaires aux yeux de leaders autochtones
Agence QMI
Les excuses du pape François, qui a «demandé pardon pour le mal» commis par l’Église envers les peuples autochtones du Canada, ont été globalement bien reçues par plusieurs leaders des Premières Nations lundi.
Un avis partagé par le Grand Chef de la nation huronne-wendat, Rémy Vincent.
«Je pense que c’était la moindre des choses que le pape se présente ici au Canada et qu’il présente ses excuses. J’espère aussi que ça va être réitéré aux autres endroits qu’il va fréquenter pendant son voyage», s’est-il exclamé sur les ondes de LCN.
À ses yeux, la visite du souverain pontife pourra aider certains survivants et proches de survivants du système des pensionnats.
«C’est extrêmement important pour ces gens-là. Il y en a qui ont besoin de ça pour entamer une guérison. [...] Je pense que c’était intéressant comme départ pour le voyage», a ajouté celui qui compte participer aux activités entourant le passage du pape à Québec mercredi et jeudi.
Il n’en demeure pas moins que la visite du pape remue de lourds souvenirs pour divers leaders, à l’image du Dr Stanley Vollant, qui a admis que cette visite rouvre de vieilles blessures qu’il croyait enfouies au fond de lui.
«La visite du pape m’amène à me rendre compte que ces blessures-là ne sont pas guéries», a confié le chirurgien innu et fondateur de Puamen Meshkenu, dont la mère a été pensionnaire.
«Pour moi, c’est un petit pas vers l’avant, mais je pense que c’est important quand un agresseur s’excuse auprès de ses victimes. Ça permet aux victimes de pouvoir guérir, mais le chemin de la guérison va être long et ce ne sera pas pour demain», a poursuivi le médecin.
«Je suis très très ému. Je vois que le pape François semble assez sincère dans ses excuses. Il parle du tort de l’Église, et je pense que c’est une chose que je voulais voir. Oui, les excuses [sont importantes], mais aussi reconnaître les torts que l’Église a fait aux Premières Nations.»
Une ancienne pensionnaire aujourd’hui directrice des services et projets communautaires à Manawan, Thérèse Niquay, estime de son côté que les excuses du pape représentent un constat d’échec.
«Pour nous, ce qui est important, c’est que la vérité, que la lumière soit faite sur toutes les actions de l’Église, notamment sur les pensionnats indiens. Même encore aujourd’hui, on peut parle des actions inadéquates de l’Église», a souligné celle qui croit que les excuses du pape, «en tant que personne», sont sincères.
«Tout ce travail de reconstruction, c’est à l’intérieur de l’Église même qu’ils doivent revoir ce qu’ils véhiculent dans leurs actions», a-t-elle ajouté.