Des étudiants ne pourront pas étudier à Rimouski, faute de logements: du «jamais-vu» pour l'université
Le taux d'inoccupation de la municipalité est d'à peine 0,4%


Clara Loiseau
La crise du logement est telle à Rimouski que des centaines d’étudiants ne pourront venir suivre leurs cours universitaires à la rentrée 2023, faute de logements disponibles.
«On a des étudiants qui ont des admissions en bonne et due forme, qui ont fait des démarches financières et de permis d’études pendant des mois, mais lorsqu’ils nous disent qu’ils n’ont pas de logement, on leur conseille de ne pas venir», alarme Jean-François Ouellet, directeur des Services à la communauté étudiante de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR).

Dans cette ville du Bas-Saint-Laurent, le taux d’inoccupation est d’à peine 0,4%, alors qu’il faudrait au moins atteindre le 3% pour avoir un équilibre.
Résultat: près de 2000 étudiants étrangers doivent être contactés prochainement par l’établissement, notamment pour s’assurer qu’ils ont trouvé un logement pour la rentrée de septembre. Et s’ils n’en ont pas, l’UQAR les dissuadera donc de venir étudier chez eux.

«On aura juste quelques centaines [d’entre eux] qui vont réussir à vraiment venir étudier ici. Tous les autres [vont être] des laissés pour compte à cause de la situation du logement», déplore-t-il.
Cette situation n’est évidemment pas propre aux étudiants étrangers, puisque des Québécois et Canadiens ne peuvent plus choisir cette université pour faire leurs études.
Complet
Au mois de mars, les quelque 300 places disponibles dans les résidences étudiantes de l’établissement étaient déjà comblées, notamment parce que les étudiants qui partent habituellement durant l’été préfèrent garder leur chambre, de peur de ne pas pouvoir se reloger. Pire encore, la liste d’attente s’est même allongée dès ce mois-ci.
«C’est du jamais-vu», souligne M. Ouellet.

Pour tenter d’endiguer le problème, l’UQAR cherche activement des solutions, par exemple en transférant certains de leurs étudiants à leur campus de Lévis, situé à... 300 km de Rimouski.
«La crise du logement est beaucoup moins exacerbée à Lévis, alors on a offert à plus de 200 étudiants d’aller y étudier, puisque certains programmes y sont aussi offerts là-bas», explique M. Ouellet.
L’établissement d’éducation passe aussi par la location de chambres dans un complexe hôtelier, Habitå, pour pouvoir y loger ses étudiants.
«Dans les deux dernières années, on avait réservé une douzaine de chambres pour nos étudiants, mais cette année, on en a réservé 28 pour nos besoins», explique M. Ouellet.
Constructions
L’UQAR espère aussi pouvoir obtenir du financement pour construire une nouvelle résidence étudiante qui permettrait d’accueillir une centaine d’étudiants.
«On planche sur ce projet depuis plus d’un an, les plans sont prêts, on connaît les coûts, mais il faut attacher le financement», conclut-il.
Bien au fait de la crise qui touche la municipalité, le maire de Rimouski, Guy Caron, promet de travailler à accroître l’offre de logements abordables, entre autres pour les étudiants.

«On cherche aussi à faciliter la création et la construction de logements locatifs au centre-ville et à l’extérieur pour avoir une offre plus adéquate», soutient-il, en indiquant que l'arrivée massive de nouveaux résidents pendant la pandémie a fait chuter les taux d'inoccupation.
Selon M.Caron, il faudrait construire 2500 à 3000 unités pour atteindre le seuil d’équilibre de 3% de taux d’inoccupation à Rimouski.
Les étudiants étrangers incapables de se trouver un logement
De futurs étudiants qui rêvent de venir passer plusieurs sessions à Rimouski s’inquiètent de ne toujours pas avoir trouvé de toit, alors qu’ils prévoient arriver au Québec prochainement.
Clara Loiseau
Le Journal de Montréal
«J’ai mes billets pour arriver en juillet, mais je ne sais pas si je vais trouver de logement, je ne connais personne et les hôtels sont chers», déplore Clarisse Samassi, une future étudiante de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) de 23 ans qui arrivera d’Abidjan, en Côte d'Ivoire.
Bien qu’elle ait commencé ses recherches en mars, il est impossible pour elle de trouver un logement qui lui convient. Et celle qui vient faire une maîtrise en gestion des personnes en milieu de travail n’est pas la seule.
Kader, qui est aussi d’origine ivoirienne, était loin de se douter qu’il serait aussi difficile de trouver un appartement dans la ville située dans le Bas-Saint-Laurent.
«On n’a pas de choix, on doit prendre le premier logement que l’on va trouver», déplore l’étudiant de 29 ans, qui vient étudier la gestion des ressources maritimes et qui préfère ne donner que son prénom.
Coincés
Avec un budget de 1000$, il espère trouver un 4 et demie avec l’une de ses amies, qui a également été acceptée à l’UQAR.
«Les résidences sont complètes depuis le 28 mars, et sinon tout est au-dessus de notre budget», s’inquiète-t-il.
Le son de cloche est le même pour Nathan Arhel, qui doit venir faire un échange universitaire en génie mécanique. L’étudiant parisien tente désespérément de trouver un logement depuis avril.
«J’ai contacté plusieurs agences dont l’université m’a donné le contact pour m’aider, mais soit je n’ai pas de réponse, soit ce sont des réponses négatives. Ça devient très stressant», s’inquiète le jeune homme, qui a un budget de maximum 600$ par mois.