Des entreprises menacées par la réduction des travailleurs étrangers temporaires
Amélie St-Yves
Les pressions s’accentuent sur le gouvernement fédéral pour revoir les modifications apportées au programme des travailleurs étrangers temporaires l’été dernier.
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Les réductions de personnel s’annoncent si abruptes que des entreprises de la région pourraient mettre la clé sous la porte.
Pas moins de 18 des 20 travailleurs de GM Modulaire, à Saint-Adelphe, proviennent de l’étranger.
Avec les nouvelles limites de travailleurs étrangers temporaires fixés par Justin Trudeau en août 2024, la situation pourrait ne pas tenir encore très longtemps.
Les permis de travail qui seront renouvelés à l’avenir ne pourront l’être que pour une durée d’un an.
Le gouvernement a aussi fait passer le seuil maximal du personnel composé de travailleurs étrangers à entre 10% et 20%, selon les régions et les secteurs d’activités.
«Le 20% sur 20 employés, ça veut dire que c’est seulement quatre qui vont pouvoir rester ici. Les 16 autres, il va falloir qu’ils quittent. Mais probablement que les quatre autres aussi, parce qu’il va falloir mettre la clé dans la porte», a expliqué le président de GM Modulaire, Jacques Grenier.
Engager
Trouver de la main-d’œuvre à Saint-Adelphe, une municipalité de 1000 habitants située à 40 minutes de Shawinigan et à 50 minutes de Trois-Rivières, n’est pas si simple.
Les difficultés d’attraction et de rétention sont telles que le président a choisi d’acquérir une résidence pour personnes âgées et de la transformer en logements.
D’autres travailleurs étrangers ont leur propre pied à terre, comme l’agente d’intégration à la Maison des familles de Mékinac Sabrina De Trilles.
«Si j’avais eu ces règles-là à mon arrivée, je ne serais peut-être pas venue avec mes deux adolescents», a-t-elle affirmé.
Les gens se confient à elle par les temps qui courent.
«C’est vraiment beaucoup d’angoisse, les délais sont super longs... Ça a des impacts sur la vie des gens qui sont phénoménaux», a mentionné Mme De Trilles.
Recours
Mais est-ce que tout est perdu? Peut-être pas.
Un regroupement de 23 entreprises poursuit le gouvernement fédéral pour 300 M$.
«En fait, c’est qu’il existe en droit le concept des attentes légitimes. Le gouvernement, avec le programme des travailleurs étrangers temporaires, a fait comprendre aux entreprises québécoises de 2021 à 2024 qu’elles pouvaient recruter à l’étranger pour pourvoir à la pénurie de main-d’œuvre», a souligné l’avocat qui les représente, Me Frédéric Bérard.
L’association Manufacturiers Mauricie Centre-du-Québec demande aussi un moratoire sur la question. Une rencontre avec l’association nationale est prévue pour le mois d’août.
Voyez les explications complètes dans le reportage ci-dessus.