Les défis des chefs pour le Face-à-Face de TVA
Quatre des cinq chefs en seront à leur premier débat télévisé lorsqu’ils s’affronteront sur le plateau de TVA

Kathryne Lamontagne
Quatre des cinq chefs des partis politiques prendront part à leur tout premier débat télévisé, ce soir, à l’occasion du Face-à-Face à TVA. Quels défis attendent nos politiciens lors de cette joute? Le Journal s’est entretenu avec quatre politologues.
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Dominique Anglade

Le Face-à-Face de TVA représente une occasion pour Dominique Anglade de «stopper la dérive» de son parti et de renverser la vapeur, selon Mireille Lalancette, professeure en communication politique à l’UQTR.
La cheffe libérale aura pour défi de faire valoir la «marque libérale» et de distinguer ses propositions de celles de la CAQ, qui sont similaires à plusieurs égards.
«Qu’est-ce que ça représente de voter libéral en 2022?» fait valoir Philippe Dubois, professeur en communication politique à l’ENAP.
Une manière d’y parvenir est de mieux expliquer ses engagements en environnement et de simplifier sa vision de l’hydrogène vert, selon la professeure à l’UQAM Stéphanie Yates.
«Il faut qu’elle soit capable en quelques phrases clés d’imager, d’expliquer et de concrétiser ça à l’électorat», affirme-t-elle.
Mme Anglade doit aussi insister sur son image de personne rassembleuse et accessible, en plus de travailler à mieux se faire connaître, selon nos experts.
«Dominique Anglade est arrivée en pleine pandémie, ce qui lui a enlevé du temps de glace pour se définir et se présenter aux Québécois», rappelle le professeur Dubois.
Paul St-Pierre Plamondon

«Séduire, séduire, séduire, le 30 % de Québécois souverainistes, de façon à ne pas perdre trop de plumes!»
C’est en ces mots que la professeure Mireille Lalancette résume le principal défi de Paul St-Pierre Plamondon, qui aura à tirer son épingle du jeu dans un contexte où la souveraineté n’est plus une question centrale.
La politologue de l’UQAM Stéphanie Yates abonde dans le même sens et soutient que le chef du Parti Québécois, qui mène jusqu’ici une campagne «positive», fait face à un défi de performance.
«Marteler ses messages clés, les livrer de manière efficace et percutante. Ça, je pense que ce sera un défi particulier pour lui», plaide Mme Yates.
«C’est un bon pédagogue, mais les débats, ça va vite. Il devra trouver le moyen de marquer les esprits, de se démarquer, s’il veut se servir de ce premier débat pour attirer davantage l’attention des médias et des “anciens” péquistes sur lui et son offre politique», évalue Philippe Dubois.
Éric Duhaime

En constante progression dans les sondages, Éric Duhaime risque aussi d’être la cible de plusieurs de ses vis-à-vis, qui lui reprocheront probablement son manque d’expérience, le non-paiement de ses taxes foncières et certaines positions controversées de ses candidats, analysent nos experts.
Habile communicateur, l’ancien animateur radio est un débatteur à surveiller.
«Est-ce qu’il va réutiliser ses stratégies d’animateur de radio controversé controversables? Ou il va se poser en quelqu’un de calme, comme une alternative crédible et intéressante à M. Legault?» questionne la professeure en communication politique à l’UQTR Mireille Lalancette.
La joute sera aussi une occasion pour lui de travailler son côté «grand public», s’il espère élargir sa base et rallier des indécis.
«Son défi, ça va être de se présenter comme un chef crédible pour tous et non uniquement d’une seule minorité de gens frustrés», poursuit-elle.
Le chef du Parti conservateur devra aussi motiver sa base à aller voter.
«Il y a une bonne partie de son électorat qui a perdu le goût de voter ou qui n’a pas voté depuis longtemps», note Eric Montigny, professeur à l’Université Laval.
Gabriel Nadeau-Dubois

Gabriel Nadeau-Dubois doit profiter de cette joute pour démontrer la crédibilité de son parti et de ses mesures, estiment les politologues.
«Parce qu’on va l’attaquer sur le réalisme de son plan. On va tout faire pour le décrédibiliser et ne pas le montrer comme une option réaliste», avance Mireille Lalancette, professeure en communication politique à l’UQTR.
Même son de cloche du côté de Philippe Dubois, professeur à l’ENAP, qui rappelle que Gabriel Nadeau-Dubois a beaucoup fait pour changer son image et se présenter, lui et son parti, comme l’alternative crédible au gouvernement actuel.
«Il devra montrer qu’il est “premier ministrable”, notamment en trouvant des messages clés susceptibles de rejoindre des segments électoraux autres que la base “jeune-gauche-communautaire” traditionnelle du parti», expose M. Dubois.
Professeure au Département de communication sociale et publique à l’UQAM, Stéphanie Yates a l’impression que Gabriel Nadeau-Dubois aurait plutôt avantage à se présenter comme étant le meilleur choix pour constituer l’opposition officielle. Cela pourrait amenuiser certaines craintes de la part de l’électorat, croit-elle.
François Legault

Le premier ministre sortant sera sans aucun doute la cible de toutes les attaques, affirment nos experts.
«Il devra être en mesure de défendre son bilan tout en montrant aux Québécois que de meilleurs jours sont devant eux», analyse Philippe Dubois, professeur en communication politique à l’ENAP.
Son défi sera de contenir sa fougue face à ses adversaires et d’éviter de leur répondre avec arrogance.
«Si elle est appréciée, l’approche paternaliste peut finir par agacer l’électorat. Il faut être prudent», prévient la politologue Stéphanie Yates.
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«Ce qui est difficile dans une position de premier ministre, c’est à la fois de rester calme, sans avoir l’air d’être endormi ou embaumé. La ligne est mince», ajoute Eric Montigny, professeur à l’Université Laval.
François Legault doit s’attendre à ce que les autres chefs ramènent ses déclarations sur l’immigration, le troisième lien ou sa gestion de la pandémie.
«Il a tout intérêt à se détacher un peu de ses propos litigieux sur l’immigration et revenir sur ses engagements économiques, puisqu’il est fort crédible sur ce sujet», résume Mme Yates.
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