Publicité
L'article provient de Le Journal de Québec
Société

Le «traiteur des stars» chef dans une résidence pour aînés

«J’ai fermé le Colisée avec Metallica, j’ai ouvert le Centre Vidéotron avec Metallica»

Jean Picard, «le traiteur des stars», a fermé son entreprise Traiteur Lionel Riverin en novembre 2020, à cause des pertes financières et de l'incertitude liée à la pandémie. Il est maintenant chef cuisinier à la résidence pour personnes âgées Manoir Duberger à Québec, où il a en plus le plaisir de servir sa mère Marcelle Blouin Picard (photo).
Jean Picard, «le traiteur des stars», a fermé son entreprise Traiteur Lionel Riverin en novembre 2020, à cause des pertes financières et de l'incertitude liée à la pandémie. Il est maintenant chef cuisinier à la résidence pour personnes âgées Manoir Duberger à Québec, où il a en plus le plaisir de servir sa mère Marcelle Blouin Picard (photo). Photo Stevens LeBlanc
Partager
Photo portrait de Dominique Lelièvre

Dominique Lelièvre

2022-04-15T16:00:00Z
Partager

Après avoir régalé pendant trois décennies des vedettes comme Roger Waters, David Bowie et Céline Dion, le chef Jean Picard apprivoise une nouvelle vie moins stressante dans la cuisine d’une résidence pour aînés de Québec, encore «amer» d’avoir dû fermer son réputé service de traiteur, mais «heureux» de continuer à vivre de sa passion.

Traiteur
Lionel Riverin
  • Ville : Québec
  • Années d’existence : 51 ans
  • Employés touchés : 7
    (plus une 15aine sur appel)
  • Propriétaire : Jean Picard

Jean Picard ne le cache pas, la fermeture en novembre 2020 du Traiteur Lionel Riverin a été un coup dur. Il était dans sa jeune vingtaine quand il a acheté l’entreprise en 1985. Trente-cinq ans plus tard, son monde s’écroulait en «une conférence de presse».

Le confinement de la société au début de la pandémie lui a essentiellement fait perdre tous ses contrats. «Une demi-heure après, j’ai tout vu s’annuler», relate-t-il. En novembre 2020, avec les pertes financières et l’incertitude, la fermeture s’est imposée.

«C’est plus qu’un deuil, je ne sais pas c’est quoi. C’est quelque chose de vraiment spécial. Je l’ai eu à 22 ans, je l’ai créé, j’ai vécu des choses que personne d’autre n’a vécues», dit l’ex-entrepreneur aujourd’hui âgé de 59 ans, en parlant de son ancien commerce.

Publicité

Des émotions

Pendant toutes ces années, il a servi de nombreux clients dans la communauté. C’est toutefois son offre dans le monde du show-business qui lui a fait vivre le plus d’émotions, l’amenant à servir nombre de vedettes et leurs équipes de passage dans la capitale.

Photo Stevens LeBlanc
Photo Stevens LeBlanc

«J’ai fermé le Colisée avec Metallica, j’ai ouvert le Centre Vidéotron avec Metallica, j’ai fini ma carrière au Centre Vidéotron avec Céline Dion pendant 10 jours de temps, j’ai fait Madonna, Roger Waters sur les plaines d’Abraham», énumère-t-il fièrement, comme pour dire qu’on ne tourne pas la page facilement sur ce genre de carrière.

Infatigable, Jean Picard n’a pas perdu de temps à se trouver une nouvelle profession. Il a été agent de sécurité pendant quelques mois, puis, il y a près d’un an, il a ressorti son tablier pour revenir à ses premiers amours dans la cuisine du Manoir Duberger, à Québec, où sa mère de 96 ans habite.

Aussi bon

Apparemment, on y mange aussi bien que les plus grandes célébrités en tournée.

«Je fais les mêmes menus pratiquement, mis à part qu’on ne fait pas trop de filet mignon. Je ne me suis pas empêché de produire mon bonheur. J’apprête les repas aussi bons. Je n’ai que des félicitations présentement, c’est incroyable!» raconte le chef cuisinier, même s’il admet qu’il «trouve ça spécial un peu la transition» entre les coulisses des stars et la cuisine d’une RPA.

Photo Stevens Leblanc
Photo Stevens Leblanc

«Je suis quand même dans mon univers et là, je commence à être heureux, je commence à aimer beaucoup ça. [...] Ce n’est pas une grande cuisine, mais j’ai de la fierté et je me sers de mon expérience de 35 ans de traiteur pour y arriver et j’amène du bonheur à tout le monde, je m’accroche là-dessus», souligne-t-il.

Publicité

«Si je les rends heureux [les résidents], je me rends heureux.»

Pas de regret

Au point où il en est dans sa vie, il ne se verrait pas relancer le service de traiteur. «Parce que je n’ai plus 20 ans et que les employés, des employés passionnés en tout cas, c’est plus dur à trouver. Ce n’est pas un métier facile.»

Il ne regrette pas d’avoir fermé son entreprise en voyant «qu’il n’y a rien de réglé encore» avec la pandémie qui s’étire et la rareté de la main-d’œuvre qui s’aggrave. La tournure des événements le laisse toutefois un peu «amer».

«Je m’ennuie encore beaucoup de mon traiteur. Où j’en veux beaucoup, ce sont les aides gouvernementales qui aidaient beaucoup ceux qui étaient en location. [...] Moi, vu que j’étais propriétaire de ma bâtisse, je n’avais pas d’aide» mis à part un prêt pardonnable de 10 000$, explique-t-il.

Cela dit, la passion a finalement pris le dessus. «Aujourd’hui, je travaille par plaisir [...] je n’ai jamais été [aussi] heureux», conclut-il.

Publicité
Publicité