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L'article provient de Le Journal de Québec
Environnement

[PHOTOS] Des couches, seringues et boules de quilles jetées au recyclage!

Les centres de tri sont aux prises avec un sérieux problème d’objets indésirables qui ne cessent d’augmenter

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Photo portrait de Diane Tremblay

Diane Tremblay

2022-05-13T04:00:00Z
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Chaque jour, des bacs de recyclage sont utilisés comme des poubelles. Des personnes ignorantes ou mal intentionnées y jettent toutes sortes d’objets qui n’ont pas leur place dans les centres de tri, ce qui risque notamment de causer des incendies. 

• À lire aussi: La facture du recyclage grimpe chez Cascades

En cette période de l’année, les centres de tri au Québec enregistrent des taux de rejet plus élevés qu’à l’habitude avec le ménage des cours et des cabanons. Résultat, ils sont aux prises avec une panoplie d’objets hétéroclites qui ne devraient pas se retrouver là.  

Les débris de matériaux de construction vont à l’écocentre et non au centre de tri.
Les débris de matériaux de construction vont à l’écocentre et non au centre de tri. Photo Diane Tremblay

Au cours d’une visite au centre de tri de la Société VIA à Lévis, Le Journal a été à même de constater que les indésirables sont nombreux : boyaux d’arrosage, pelles, boules de quilles, lumières de Noël, bâches et même des abris d’auto sont le lot des centres de tri actuellement.  

Mais, il y a pire encore, les bacs de recyclage transportent aussi des seringues, des batteries au lithium, des produits chimiques, des bidons d’huile et des contenants de peinture. 

Sur 150 000 tonnes de matières déversées dans ses quatre centres de tri au Québec, la Société VIA en rejette 11,5 %, un chiffre qui est en augmentation ces dernières années, comme c’est le cas partout en province.  

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À la Société VIA, à Lévis, ces objets, qui ont été interceptés à temps, auraient pu endommager la machinerie.
À la Société VIA, à Lévis, ces objets, qui ont été interceptés à temps, auraient pu endommager la machinerie. Photo Diane Tremblay

« Des couches, on en reçoit beaucoup trop. Ça, c’est vraiment désagréable pour les trieurs parce que ça réussit à se faufiler à travers les machines », indique Emmanuelle Tremblay, conseillère en communication chez Société VIA.

Emmanuelle Tremblay, Société VIA
Emmanuelle Tremblay, Société VIA Photo Diane Tremblay

Des restants de crevettes

Le Phare à Port-Cartier, sur la Côte-Nord, a publié récemment une vidéo sur Facebook où l’on aperçoit des restants de crevettes sur la chaîne de triage où s’affairent des employés.  

Selon la directrice, Asmaa Essalhi, l’impact de cette négligence est considérable.

Des carcasses de homards dégagent une odeur insupportable pour les employés du centre de tri Le Phare, à Port-Cartier.
Des carcasses de homards dégagent une odeur insupportable pour les employés du centre de tri Le Phare, à Port-Cartier. Photo Diane Tremblay

«C’est irrespectueux. C’est sûr que ça affecte la dignité de la personne. Ça envoie aux employés un message négatif qui les démotive. Chaque année, c’est la même chose. On dirait que ça ne change pas. C’est vraiment désolant. J’ai l’impression qu’on ne fait pas la différence entre un bac bleu et une poubelle», déplore Mme Essalhi.

Un vieux balai à neige n’a pas sa place dans un centre de tri et il risque d’endommager les machines.
Un vieux balai à neige n’a pas sa place dans un centre de tri et il risque d’endommager les machines. Photo Diane Tremblay

Grégory Pratte, responsable des affaires publiques chez Tricentris, se demande si des citoyens n’agissent pas délibérément.

« Vous allez dire : “Bien non, il n’y a personne qui met des couches dans un bac bleu”. La réponse, c’est oui. Chez nous, c’est de 200 à 300 couches par jour dans nos trois centres de tri », rapporte-t-il.

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Il y a environ trois semaines, des seringues ont été retrouvées parmi les matières recyclables au centre de tri Tricentris de Lachute.
Il y a environ trois semaines, des seringues ont été retrouvées parmi les matières recyclables au centre de tri Tricentris de Lachute. Photo Diane Tremblay

Risque de blessures

Les employés doivent se montrer vigilants pour repérer les objets nuisibles comme les boyaux d’arrosage.  

«Un boyau peut s’enrouler dans nos équipements et provoquer des bris. Des bris dans un centre de tri, c’est 2000 $ de l’heure de perte de production. C’est cher. C’est plate pour nous, mais ce qui est encore plus plate, c’est qu’un employé pourrait se blesser», souligne M. Pratte.  

Ce que l’on aperçoit est une peau de loup qui est arrivée sur les convoyeurs du centre de tri de l’organisme Le Phare, à Port-Cartier.
Ce que l’on aperçoit est une peau de loup qui est arrivée sur les convoyeurs du centre de tri de l’organisme Le Phare, à Port-Cartier. Photo Diane Tremblay

Les piles au lithium sont une peste  

Les piles au lithium sont devenues l’ennemi public numéro un des centres de tri puisqu’elles provoquent des incendies dans des milieux où on retrouve une forte concentration de papier et de carton.  

La Société VIA a fait face à trois incendies en deux semaines au centre de tri de Lévis, occasionnés par des batteries au lithium. Ce n’est pas un hasard si les extincteurs de feu sont nombreux dans l’usine. 

Le 7 avril dernier, un feu au centre Tricentris à Gatineau a occasionné pour quelques milliers de dollars de dommages. 

«C’est ça notre gros problème en ce moment. Les gens ne savent pas comment s’en débarrasser, alors que ça ne va pas du tout au recyclage», explique Emmanuelle Tremblay, conseillère en communication chez Société VIA.

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«C’est écrasé par nos machines et ça crée des petites explosions. Vous imaginez à travers le papier et le carton. Alors, ces temps-ci on gère des feux», ajoute-t-elle.  

Mélange dangereux

La grande majorité des petits appareils électroniques fonctionnent avec des piles au lithium. Les appareils comme les perceuses aussi.

«Les pompiers ont été catégoriques, c’est vraiment une batterie au lithium qui a provoqué l’incendie. Lors de la dernière évaluation des dommages, on était rendu à 4000 $. On a aussi perdu sept tonnes de matières recyclables», a indiqué Grégory Pratte, responsable des affaires publiques chez Tricentris.

Parmi les objets les plus inusités jetés dans un bac bleu trône cette toilette qui a été reçue au centre de tri Le Phare.
Parmi les objets les plus inusités jetés dans un bac bleu trône cette toilette qui a été reçue au centre de tri Le Phare. Photo Diane Tremblay

«Ça veut dire qu’il y a des gens qui ont déposé des boîtes de carton, du papier, des conserves dans leur bac bleu et il y a sept tonnes de cette matière-là qui ont été jetées à cause d’une personne qui a décidé de mettre une batterie au lithium dans son bac, c’est triste quand même», a-t-il ajouté, en espérant sensibiliser les citoyens à adopter les bons comportements.

«En fait, il ne faut pas attendre qu’il arrive un drame. Il faut prévenir et mettre les choses au bon endroit», a-t-il dit.

Les marches d’une piscine ont été retrouvées dans un bac bleu devant une résidence de Terrebonne, au cours des derniers jours.
Les marches d’une piscine ont été retrouvées dans un bac bleu devant une résidence de Terrebonne, au cours des derniers jours. Photo Diane Tremblay

Des bonbonnes de propane

Au retour des vacances, le personnel doit aussi être aux aguets pour intercepter les bonbonnes de propane, qui ne vont pas dans les bacs de recyclage.  

«Les petites bonbonnes vertes, on va en retrouver 150 à 200 par semaine au retour des vacances de la construction.» 

Leur place est à l’écocentre.

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