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L'article provient de Bureau d'enquête

Des condominiums mal construits au Faubourg Boisbriand qui leur pourrissent la vie

Un propriétaire s’attend à se faire saisir son condo par la banque, d’autres vivent un stress considérable

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Photo portrait de Jean-François Cloutier

Jean-François Cloutier

2023-09-09T04:00:00Z
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Les infiltrations et les vices de construction découverts dans les condos du Faubourg Boisbriand ont entraîné de graves problèmes aux quelque 200 résidents touchés. Certains craignent de faire faillite, d’autres ont développé des problèmes de santé mentale, sans compter le stress et les tensions que cela provoque entre eux. Notre Bureau d’enquête a rencontré certains propriétaires pour qui le rêve de devenir propriétaire est en train de virer au cauchemar.

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Son condo démoli

Édouard Safi

Date d’achat: juin 2021

Prix payé: 264 000$

Édouard Safi est incapable de payer son hypothèque à Boisbriand après avoir été évacué de son condo et devoir payer un loyer en parallèle. On le voit ici dans un appartement qu’il loue.
Édouard Safi est incapable de payer son hypothèque à Boisbriand après avoir été évacué de son condo et devoir payer un loyer en parallèle. On le voit ici dans un appartement qu’il loue. Jean-François Cloutier/Le Journal de Montréal

Le condo d’Édouard Safi a été un des premiers à être affecté par des problèmes d’infiltration d’eau et il a servi d’unité «cobaye» pour une inspection. «Mon condo a été démoli», déplore-t-il. Il a dû quitter son unité devenue inhabitable en 2022. Ses assurances lui ont payé pendant trois mois un appartement meublé. Il est ensuite allé vivre chez un membre de sa famille. L’hiver dernier il est resté dans un Airbnb à Laval. Incapable de payer en même temps son condo et un 4 1⁄2 qu’il a trouvé récemment à Boisbriand à 1480$ par mois, il a cessé de payer son hypothèque. «Ma cote de crédit va être frappée, je vais vivre avec ça», dit-il, résigné. Un préavis d’exercice d’un droit hypothécaire a été inscrit sur le condo par sa banque en août et l’institution prévient qu’elle pourrait exercer une vente sous contrôle de justice d’ici 60 jours. «C’est fini, c’est perdu», dit-il.

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Chez sa conjointe

Gabriel Guay

Date d’achat: juin 2020

Prix payé: 230 000$

Gabriel Guay, un résidant du Faubourg Boisbriand en chimiothérapie, dit vivre l’enfer à cause des problèmes de construction dans son condo.
Gabriel Guay, un résidant du Faubourg Boisbriand en chimiothérapie, dit vivre l’enfer à cause des problèmes de construction dans son condo. Jean-François Cloutier/Le Journal de Montréal

Gabriel Guay a emménagé chez sa conjointe dans son condo. Étant atteint d’une forme rare de leucémie et aux soins palliatifs, il aimerait pouvoir se rapprocher avec elle de leur famille dans la région de Mont-Tremblant, car il ne sait pas combien il lui reste de temps à vivre. Mais à cause des problèmes de construction, c’est impossible d’envisager actuellement de vendre l’unité, dit-il. «Qu’est-ce qu’on aurait dû faire de plus?» demande-t-il au sujet de l’acquisition, faisant valoir qu’une inspection préachat n’a rien révélé de grave. La situation rend encore plus difficile pour lui de se projeter dans le futur et lui cause un stress important. «Notre vie entière est une incertitude», dit-il.

Stress constant

Patrick Laforest

Date d’achat: mai 2014

Prix payé: 250 000$

Patrick Laforest dit vivre l’enfer à cause de son condo mal construit.
Patrick Laforest dit vivre l’enfer à cause de son condo mal construit. Martin Alarie/Le Journal de Montréal

Patrick Laforest a acheté en 2014 un chic condo avec mezzanine au dernier étage d’un immeuble de six unités. Son unité valait 422 000$ en 2021, selon lui, avant que les problèmes d’infiltration et les vices de construction ne soient connus. «C’est un stress constant. C’est l’équivalent de faire un burn-out», dit-il à propos de ce qui se passe. Il poursuit aujourd’hui le vendeur en réclamant l’annulation pure et simple de la transaction, nous a-t-il indiqué. Il compare les effets des vices de construction à ceux d’une pomme empoisonnée qui affecte tous ceux qui la touchent. «Je paye 800$ par mois de frais de condo, incluant les cotisations spéciales», dit-il. Il déplore que Québec ait souvent de l’argent pour les victimes d’inondation, mais rien pour eux. «On ne se sent pas du tout pris en considération», dit-il.

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Dans une impasse

Éric Gagnon

Date d’achat: avril 2021

Prix payé: 330 000$

MARTIN ALARIE / LE JOURNAL DE MONTR�AL
MARTIN ALARIE / LE JOURNAL DE MONTR�AL

«On vit avec la pensée qu’on va perdre notre investissement», dit Éric Gagnon, un propriétaire récent. Selon lui, les problèmes de construction découverts ont des conséquences sur la santé mentale, la vie familiale, la vie professionnelle et les finances des résidents. Les services sociaux de la région ont fait du porte-à-porte, car des gens ont exprimé des pensées suicidaires, fait-il valoir. La tension monte même entre résidents, selon lui. Éric Gagnon souligne que les gens qui habitent au Faubourg Boisbriand sont loin d’être riches. Il y a beaucoup de premiers acheteurs. «On est dans une impasse. Tous les scénarios à l’étude ont des coûts astronomiques», dit-il. « C’est une catastrophe à grande échelle», exprime-t-il.

Très endetté

Davone Phongsa

Date d’achat: mars 2016

Prix payé: 202 500$

«C’est comme si j’avais été locataire tout le temps que j’ai été propriétaire», regrette Davone Phongsa. Plutôt que d’avoir épargné et d’avoir un actif, il a l’impression aujourd’hui d’être très endetté. «C’est tout le cœur de Boisbriand qui est touché», poursuit-il, faisant valoir que les condos touchés ont été construits sur les terrains de l’ancienne usine General Motors. Habitant dans un condo où il n’y a aucun problème apparent à l’intérieur, il dit avoir le sentiment de vivre une tragédie au ralenti.

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