Des cliniques à la pharmacie pour désengorger les urgences et les médecins
Un projet-pilote de Pharmaprix vise à mieux faire connaître les services de santé que les pharmaciens peuvent rendre


Hugo Duchaine
Cinq pharmacies de la bannière Pharmaprix lancent lundi un projet-pilote de cliniques, comme chez le médecin, pour faire connaître les services de santé que les pharmaciens peuvent rendre aux Québécois et désengorger les urgences.
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Deux pharmacies de Montréal, deux à Gatineau et une à Québec ont désormais ces cliniques.
Les suivis de maladies chroniques, les traitements pour une infection urinaire, une rhinite allergique ou une conjonctivite, par exemple, ne nécessitent pas une visite chez le médecin ou à l’urgence. Les pharmaciens partout au Québec peuvent assurer ces soins, depuis l’ajout il y a deux ans, de nombreux actes permis et remboursés par le gouvernement.
Mais plus de la moitié des Québécois ne connaissent pas les soins disponibles en pharmacie, selon un récent sondage Léger commandé par Pharmaprix.
Stimulant
« On a toujours rêvé, quand on étudiait [en pharmacie] d’avoir un bureau de consultation », se réjouit le pharmacien propriétaire Mathieu Pellerin à Pointe-aux-Trembles.
Il a embauché des pharmaciens de plus pour qu’une personne par jour soit dédiée entièrement à la clinique. En semaine, il pourra voir 50 patients par jour ayant pris rendez-vous.
« C’est stimulant [...] [,] c’est de la pratique clinique concrète et on peut intervenir auprès de nos patients », dit-il. Mais ces services, bien que disponibles partout, sont souvent écourtés ou mis de côté par les pharmaciens par manque de temps.
Un pharmacien ne peut pas poser de diagnostic, prévient-il, mais il peut évaluer l’efficacité d’un médicament et en ajuster la posologie, par exemple.
M. Pellerin donne l’exemple d’un patient qui reçoit un médicament à l’urgence après une crise d’hypertension. L’urgentologue ne saura pas si la dose prescrite fonctionne, mais le pharmacien peut assurer ce suivi et ajuster au besoin, ce qui évite de retourner ce patient dans le système de santé.
« C’est pour aller au maximum de ce que peut faire le pharmacien », lance Jean Thiffault, vice-président du développement stratégique et des services professionnels chez Pharmaprix.

« La pandémie a changé le rôle et la perception du pharmacien avec la vaccination et là on va une étape plus loin », explique-t-il.
M. Thiffault espère que les Québécois développent le réflexe d’aller chez les pharmaciens pour ces soins de santé mineurs. La bannière Pharmaprix a déjà ces cliniques dans d’autres provinces, comme l’Alberta et la Nouvelle-Écosse.
Un modèle d’avenir
« C’est un modèle d’avenir, qui s’éloigne de celui axé sur la distribution », estime le professeur à la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal, Francis Richard.
« D’autres le font déjà, sans le marketing sous forme d’une clinique », ajoute-t-il, à propos de sa propre pharmacie Jean Coutu, par exemple, où les plages horaires trouvent vite preneurs.
« On forme nos étudiants à faire ces soins-là, mais ils n’ont pas toujours autant l’occasion de le faire au maximum de leurs capacités sur le terrain », souligne M. Richard.
Exemples de services cliniques en pharmacie
- Prescrire des tests pour surveiller la thérapie médicamenteuse
- Amorcer une thérapie médicamenteuse pour traiter le zona et l’influenza
- Amorcer une thérapie médicamenteuse pour traiter des conditions mineures, si elle a déjà été prescrite dans les dernières années.
La conjonctivite, la rhinite allergique, l’acné mineure, les hémorroïdes, la vaginite à levures ou l’infection urinaire, par exemple
- Amorcer une thérapie médicamenteuse pour traiter d’autres situations ou prévenir des problèmes de santé
La cessation tabagique, la vaccination, la santé reliée au voyage ou les nausées et vomissements, par exemple
- Modifier une thérapie médicamenteuse
- Prolonger une ordonnance
Source : Ordre des pharmaciens du Québec
LES CINQ PHARMACIES QUI PARTICIPENT AU PROJET-PILOTE DE PHARMAPRIX :
- El Shaima Saliem, rue Van Horne, à Montréal;
- Mathieu Pellerin, rue Sherbrooke Est, à Montréal;
- Georges Farah, boul. Gréber, à Gatineau;
- Janik Létourneau, rue Principale dans le secteur d’Aylmer, à Gatineau;
- Julie Jean, boul. Henri-Bourassa, à Québec.