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L'article provient de Le Journal de Québec
Éducation

Palmarès des cégeps du Journal: des établissements surpassent les attentes

Le palmarès tient désormais compte de la force des étudiants au moment de leur admission au niveau collégial, ce qui met en valeur les cégeps qui contribuent le plus à leur réussite.

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Photo portrait de Daphnée  Dion-Viens

Daphnée Dion-Viens

2021-02-12T05:00:00Z
2021-02-12T16:36:20Z
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Des cégeps qui accueillent des étudiants moins forts arrivent à se démarquer en obtenant un taux de diplomation supérieur aux attentes, révèle une toute nouvelle édition revue et améliorée du Palmarès des cégeps du Journal.

• À lire aussi: Palmarès du Journal: voici le top-5 des meilleurs cégeps dans 13 programmes d'études

Les classements ne sont plus uniquement basés sur les taux de diplomation de chaque cégep dans les trois programmes préuniversitaires et les dix techniques qui comptent le plus grand nombre d’inscriptions, comme l’an dernier. 

Le niveau académique des étudiants à leur arrivée au cégep est désormais pris en compte. Il s’agit du «facteur numéro un» qui influence la diplomation au collégial, selon une vaste étude dirigée par Richard Guay et publiée cet automne.

Ce palmarès repose sur une nouvelle mesure, «l’effet cégep», qui représente la valeur ajoutée de chaque établissement lorsque la force scolaire des étudiants est mise en relation avec le taux de diplomation.

Un cégep qui obtient un fort taux de diplomation avec des étudiants qui étaient initialement plus faibles se retrouvera dans le haut du classement. L’inverse est aussi vrai: un établissement qui accueille les étudiants les plus forts, mais dont le taux de diplomation est inférieur aux attentes, se retrouvera en queue de peloton.

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  • Écoutez l'entrevue de Richard Martineau avec Sébastien Ménard, rédacteur en chef et éditeur du Journal de Québec, sur QUB radio:

Pour développer cette nouvelle méthodologie, Le Journal a pu compter sur la collaboration de Catherine Haeck, professeure spécialisée en économie de l’éducation à l’UQAM, et sur les scientifiques de données de la firme d’analyse Fluxion.

«Il s’agit d’une nette amélioration par rapport à l’an dernier», selon Mme Haeck.

Cette démarche permet d’atténuer les effets de la sélection sur le taux de diplomation, une réalité bien présente dans le réseau collégial, précise cette experte. 

La pandémie de COVID-19 n’a par ailleurs eu aucun impact sur cet exercice, qui est basé sur les données les plus récentes disponibles au ministère de l’Enseignement supérieur, qui remontent à 2018.

Des cégeps de région en tête

Cette nouvelle approche permet de présenter de toutes nouvelles données, parfois très différentes du portrait dressé l’an dernier.

Plusieurs cégeps situés en région se démarquent cette année. C’est le cas, notamment, des cégeps de Jonquière et de Rimouski, qui arrivent en tête dans plusieurs classements.

Photo courtoisie, Cégep de Jonquière
Photo courtoisie, Cégep de Jonquière

À l’inverse, des cégeps anglophones qui affichent les meilleurs taux de diplomation ne se retrouvent plus au sommet. Certains établissements dégringolent de plusieurs rangs. 

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Ce classement permet par ailleurs, comme l’an dernier, de constater à quel point les écarts de diplomation sont grands entre établissements, puisque ces données sont aussi présentées.

Une nouvelle approche saluée

Plusieurs experts consultés par Le Journal saluent cette nouvelle approche, qui permet de comparer de façon plus équitable les établissements entre eux, tout en soulignant que la méthodologie demeure perfectible.

«C’est très bien, mais ce n’est pas parfait», lance Simon Larose, professeur à la Faculté des sciences de l’Éducation de l’Université Laval.

Un avis partagé par Michel Perron, professeur retraité de l’Université du Québec à Chicoutimi et du Cégep de Jonquière, qui considère qu’il s’agit «d’un bon début».

D’autres facteurs propres à un étudiant, comme l’âge, le sexe et le milieu socioéconomique dont il est issu, influencent ses chances d'obtenir un diplôme, soulignent ces deux experts, alors que les cégeps n’ont aucune emprise sur ces réalités.

De son côté, la Fédération des cégeps demeure opposée à la publication d’un tel exercice. «La méthodologie se raffine, mais, pour nous, c’est très difficile de comparer les cégeps entre eux, parce que chaque cégep a vraiment développé une identité spécifique», explique son président-directeur général, Bernard Tremblay.

Ce dernier se réjouit néanmoins de la préoccupation grandissante entourant la réussite au collégial, à laquelle ce palmarès contribue. Québec est d'ailleurs en train d'élaborer un plan d'action, alors que le taux de diplomation stagne autour de 64% depuis une bonne dizaine d’années.

«Plus on parlera des enjeux de réussite en enseignement supérieur, mieux ce sera», lance M. Tremblay.

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LES CÉGEPS EN CHIFFRES                            

  • 52 cégeps publics (incluant les campus régionaux)              
  • 174 500 étudiants              
  • 140 programmes préuniversitaires et techniques              
  • 10,4% des étudiants sont en situation de handicap*               
  • 30% des cégépiens font un changement de programme pendant leurs études              
  • Taux de diplomation de 33% (selon la durée prévue, soit deux ou trois ans)              
  • Taux de diplomation de 64% (deux ans après la durée prévue des études)                            

*Il s’agit d’une déclaration volontaire faite par l’étudiant. La majorité ne déclarent pas leur handicap, trouble d’apprentissage ou problème de santé mentale une fois rendus au cégep.

Quelques faits saillants       

Des champions qui dégringolent, des derniers qui remontent

Tenir compte de la force scolaire des étudiants à leur arrivée au collégial permet de présenter un portrait considérablement différent de celui de l’an dernier, où seul le taux de diplomation était considéré. Des cégeps champions de la diplomation perdent plusieurs rangs: malgré de bons taux de diplomation, leur performance est inférieure aux attentes lorsqu’on prend en considération le niveau académique de leurs étudiants. La chute la plus spectaculaire se remarque en sciences humaines: le campus Saint-Lawrence du Champlain Regional College, situé à Québec, passe de la 3e à la 43e position en raison des changements méthodologiques. À l’inverse, le cégep de Rosemont grimpe de 34 rangs en sciences de la nature, passant de la 52e à la 17e position.

Faibles taux de diplomation dans certains programmes

La publication des taux de diplomation par cégep permet de constater encore une fois à quel point les taux de diplomation sont faibles dans certains programmes. En technique de gestion de commerces, le taux de diplomation moyen pour l’ensemble des cégeps offrant ce programme n’est que de 46,2%. Aux cégeps de Rosemont et André-Laurendeau, moins de 16% des étudiants parviennent à obtenir leur diplôme deux ans après la durée prévue de leurs études. 

De grands écarts de diplomation entre les cégeps

Ce classement permet de constater, comme l’an dernier, à quel point les écarts de diplomation sont grands entre établissements pour un même programme, surtout dans les formations techniques. En comptabilité et gestion par exemple, le cégep de Rivière-du-Loup arrive à faire diplômer 79,3% de ses étudiants comparé à 37% pour le cégep de Rosemont. L’écart est encore plus grand dans le programme gestion de commerces. 

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