Des Canadiens marquent l’histoire
Plusieurs athlètes s’illustrent dans les sports «traditionnels» aux Jeux olympiques de Pékin


Jessica Lapinski
Il ne goûtera pas à la joie de grimper sur le podium ni à celle de croquer dans une médaille. Mais la brillante performance du biathlonien Scott Gow au 20 kilomètres individuel lui vaudra le privilège d’écrire son nom dans le livre des records du Canada aux Jeux olympiques.
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Dans la nuit de lundi à mardi, Gow, de Calgary, a égalé la meilleure prestation canadienne en biathlon masculin aux Jeux, qui était jusque-là l’apanage du Québécois Jean-Philippe Le Guellec (cinquième au sprint 10 km en 2014).
Chez les femmes, les meilleures performances canadiennes ont bien sûr été l’œuvre de Myriam Bédard, qui a remporté deux fois l’or à Lillehammer et une fois le bronze à Albertville.
Au tir, Gow, 31 ans, n’a raté qu’une seule des 20 cibles. Son temps de 49 min 13 s l’a placé à un peu plus d’une minute du champion olympique, le Français Quentin Fillon Maillet.
« Ce fut une course presque parfaite. Dix-neuf cibles atteintes sur 20 tirs, c’est vraiment incroyable, a reconnu Gow en point de presse. Je suis heureux de la façon dont j’ai géré le parcours et le vent. »
Le Guellec a assisté en direct à l’exploit de Gow. C’est lui qui analysait l’exploit de son successeur au micro de Radio-Canada. Et même si le biathlon est considéré comme un sport « de niche » au pays – le Québec, par exemple, ne compte que sur neuf clubs –, il ne s’étonnait pas des succès de son compatriote.
« Oui, ça pouvait être attendu. Il avait amorcé la saison avec une quatrième place en Coupe du monde, a-t-il pointé au Journal. On savait qu’il était en bonne forme, mais ce n’était pas une garantie qu’il pourrait tirer son épingle du jeu [mardi]. »

Lettres de noblesse
Même s’il n’est pas monté sur le podium, Gow est l’un de ces athlètes qui, depuis le début des Jeux de Pékin, redonnent leurs lettres de noblesse aux performances canadiennes dans les disciplines olympiques plus « traditionnelles ».
Car si le Canada a grimpé considérablement au tableau des médailles lors des quatre derniers Jeux d’hiver, c’est beaucoup grâce à des sports qui ont fait leur entrée olympique dans les récentes décennies : le patinage de vitesse courte piste, le ski acrobatique, le surf des neiges.
À Pyeongchang, il y a quatre ans, le pays avait d’ailleurs obtenu le plus haut total de son histoire : 29 podiums, dont 11 premières places.
D’autres premières
Mais en Chine, pour la première fois, des Canadiens ont raflé une médaille en saut à ski, à l’épreuve mixte, lundi matin (heure du Québec). Le saut à ski est au programme des Jeux depuis... 1924.
Si ce bronze n’est pas étranger à la disqualification de cinq prétendants à des médailles, la quatrième place du skieur torontois James Crawford n’a fait l’objet d’aucune controverse, dimanche.
Crawford a réalisé la meilleure performance du Canada en descente en 28 ans, à sept centièmes de seconde du podium. Il s’est aussi illustré au super-G dans la nuit de lundi à mardi, signant le sixième meilleur temps.
Dans une discipline moins historique – le big air en ski –, l’Ontarienne Megan Oldham a aussi frôlé le podium, lundi soir. Elle a pris le quatrième rang, après avoir fini première des qualifications.
Un effet d’entraînement
Le Guellec reconnaît que l’arrivée aux JO de ces disciplines spectaculaires, attirantes pour les jeunes, nuit peut-être au recrutement des athlètes dans les sports plus techniques comme le sien.
Mais l’ex-athlète olympique croit aussi que leur ajout aide à faire croître l’intérêt pour les Jeux et, par le fait même, pour les compétitions comme le biathlon ou le ski de fond.
« [Ces deux disciplines] se sont renouvelées dans les deux dernières décennies pour devenir des sports davantage de stade, qui emmènent un engagement du public, dit-il. Le big air, par exemple, peut servir de porte d’entrée pour intéresser les jeunes aux Olympiques, et par le fait même, aux épreuves plus classiques. »