Montréal: Des camions de pompiers sont fréquemment immobilisés à cause d’équipements non conformes
Le syndicat des pompiers lance un cri du cœur

Zoé Arcand
Le syndicat des pompiers de Montréal dénonce le nombre de camions hors service à cause d’habits de combat non conformes le jour où un incendie ravageur a mis 16 familles de Notre-Dame-de-Grâce à la rue.
Vendredi dernier, un feu majeur s’est déclenché dans un immeuble à logements de l’avenue Westmore, sur le territoire de la Caserne 77 du Service de sécurité incendie de Montréal.
«Normalement, cette caserne pourrait être sur les lieux en 3,5 minutes. Mais [le] camion de la Caserne 77 était stationné hors service dans le garage, quatre pompiers et pompières attendant parce qu’ils ne disposaient pas d’ÉPI [équipements de protection individuelle] certifiés et conformes pour intervenir», a publié l’Association des pompiers de Montréal (APM) sur les réseaux sociaux.

Pas de casques
Ce serait des casques expirés qui auraient immobilisé ces pompiers, selon les informations obtenues par Le Journal.
De nouveaux casques devaient être fournis par le SIM dès septembre, mais ils n’ont pas été livrés. Ils n’auraient toutefois pas été commandés avant la mi-août, bien que les directives exigent un délai de six mois.
Une enquête sera effectuée, a assuré Martin Guilbault, chef de division du SIM, alors que le président du syndicat, Chris Ross, croit que «le SIM est le mieux placé pour connaître l’état de l’équipement qu’il a lui-même acheté».
Aucun blessé
Cela n’a pas empêché le SIM de réagir rapidement, puisque le premier camion était sur place en cinq minutes. Au total, 150 pompiers sont intervenus, a martelé M. Guilbault.

Ce n’est pas d’hier que des camions sont mis hors service en raison de bris, de formations ou parce que des équipes sont en renfort sur un territoire voisin, a-t-il indiqué. Dans le cas de celui de la Caserne 77, «le problème a été réglé en trois heures», a-t-il souligné.
«Ce n’est pas dangereux pour les Montréalais», selon celui qui insiste sur le fait que les camions sont redéployés pour accomplir le travail.
Mais, le soir même, c’est jusqu’à 20% de la flotte montréalaise qui ne pouvait pas secourir les Montréalais principalement parce que les pompiers n’étaient pas adéquatement équipés, a soutenu l’APM.
«Si les camions arrivent de deux fois plus loin, ils arrivent en deux fois plus de temps», a déploré M. Ross.
En négociation
Cette dénonciation survient alors que les pompiers montréalais sont sans contrat de travail depuis décembre 2024.
Il y a moins de deux semaines, la vérificatrice générale de la Ville de Montréal écorchait le SIM dans un rapport faisant état d’une gestion «laborieuse et chronophage» de milliers d’équipements de protection, car son inventaire est «incomplet, inexact et non actualisé».

D’autant plus qu’un équipement mal décontaminé accentue les risques pour la santé des sapeurs. Pas moins de 77 pompiers au Québec sont décédés de cancers dans les 15 dernières années et on recense plus de 200 diagnostics, rapportait Le Journal en juillet.
La Ville de Montréal a annoncé un investissement de 6,3M$ cette année pour répondre aux règles de décontamination que la CNESST a récemment changées. Une enveloppe annuelle récurrente de 3,2M$ est prévue.
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