Slush, barbe à papa, Skittles: quand des bières de microbrasserie aux saveurs déjantées font retomber en enfance
Le Saint-Bock innove avec des produits au goût de friandises


Martin Lavoie
Un brasseur joue sur la fibre de la nostalgie avec des bières au goût de friandises telles que la slush, la barbe à papa ou les Skittles afin d’attirer une nouvelle clientèle, qui pourra tester ses produits au Festibière de Québec ou dans une vingtaine de points de vente de la région.
Le Saint-Bock, sur la rue Saint-Denis, à Montréal, a ouvert il y a 19 ans dans l’effervescence naissante de la microbrasserie.
«J’ai le permis numéro 38. Je pense être dans les 15 survivants parmi les 40 premières brasseries», avance le propriétaire Martin Guimond.
Le secteur a été touché de plein fouet par la pandémie, et l’après-COVID n’a pas nécessairement ramené le soleil pour tous.
Un mauvais placement payant
«Avant la pandémie, j’ai acheté le commerce de bonbon Le Sucre bleu pour agrandir mon pub. Finalement, je vais plutôt réduire le pub, dont les revenus ne sont plus qu’à 25% de ce qu’ils étaient en 2019», dit-il.

La relance du Sucre bleu n’a pas été couronnée du succès et l’entrepreneur s’est retrouvé avec 20 000$ de bonbons sur les bras à sa fermeture. L’idée lui vient alors de les incorporer à ses bières.
L’expérience a débuté en décembre 2022 avec la barbe à papa bleue contenant des paillettes brillant à la lumière. Une vidéo du produit est rapidement devenue virale.
«En quelques heures, des dépanneurs faisaient la ligne pour en avoir. Ensuite, nous avons lancé une bière à la slush. La recette est sur la canette. Il faut ajouter de la glace et du sucre dans un malaxeur et y ajouter la bière. Le succès a à nouveau été instantané», explique celui qui avoue trop aimer les friandises.
«C’est au festival de bière suivant que j’ai pris conscience de ce qu’on avait fait. On venait de trouver un créneau qui n’était pas exploité. Des gens me racontaient les souvenirs d’enfance auxquels ces saveurs leur faisaient penser. J’ai réalisé qu’on n’avait pas seulement que des bières, mais un produit qui va chercher la nostalgie des gens. Une bière qui va chercher l’enfant dans chaque adulte», ajoute M. Guimond.
Ça continue
La Bazzou, en référence à la gomme Bazooka, a été lancée la semaine dernière. «On a six étiquettes différentes pour nos canettes avec des jokes plates», lance-t-il en riant.

Une saveur de Mr Freeze sera bientôt lancée, tout comme une Bubble beer au lait de céréales Fruit Loops, en collaboration avec BubbleManiac.
«Ça a pris deux ans de développement parce que les billes ne résistaient pas au PH de la bière. Lorsque la mousse se formera, elle pourra être mangée à la cuillère», précise-t-il.
Les bières du Saint-Bock sont vendues dans une vingtaine de points de vente de la Capitale-Nationale et de sa Rive-Sud.
En plus du Festibière de Québec, en août, le brasseur sera présent aux événements similaires de Montréal, Laval et Chambly. Les festivaliers pourront y essayer sa nouvelle neige de bière.
En mode croissance
N’arrivant pas à répondre à la demande, le propriétaire de la Saint-Bock espère pouvoir pratiquement tripler sa production de 180 caisses par mois d’ici un an.
«Pendant que tout le monde ferme, je viens de m’acheter de l’équipement usagé. Dès que les finances vont le permettre, on va ouvrir une nouvelle microbrasserie avec idéalement un salon de dégustation. J’aimerais que ce soit en fonction à l’été 2026», révèle Martin Guimond.

Si les bières classiques (IPA, bonde, rousse...) sont toujours disponibles au pub Saint-Bock, la brasserie se concentre dorénavant uniquement sur ses créations aux friandises pour la mise en canette et la distribution.
«Si j’arrive dans une épicerie, on va me demander pourquoi on prendrait mon IPA. Ils en ont déjà 84. Et comme je suis tout petit, je ne suis pas compétitif sur le prix», fait-il remarquer.
De la résistance
La communauté des brasseurs n’a cependant pas toujours montré le même enthousiasme face aux nouveautés du Saint-Bock.
«On est encore fortement jugé. Certains ne veulent même pas y goûter. Mais je me suis dit que j’allais faire mon chemin en exploitant ce créneau au maximum», insiste-t-il.
Au-delà des curieux qui vont l’essayer, il admet que ses «produits s’adressent aux gens qui n’aiment pas la bière. Mais 99,5% du contenu, c’est de la bière», martèle M. Guimond.

Ce n’est qu’une fois la bière brassée, et seulement avant la mise en canette, que l’assemblage avec les éléments qui donneront au produit sa saveur et sa couleur va être ajouté.
«Faut que ça goûte exactement ce que ça doit goûter. C’est beaucoup de tests et de développement et des centaines de produits que je commande pour recréer les saveurs.»
Dans les cartons
Sous le nom de Bazaar, la brasserie produit aussi une gamme de bières sans alcool aux saveurs tout aussi déjantées, dont une au pouding chômeur!
Martin Guimond n’est jamais à court d’idées.
«J’ai un projet sur pause de microbeignerie à la bière, la Saint-Donut. Il y a eu beaucoup d’enthousiasme autour de ces beignes quand je les ai amenés dans des festivals», conclut-il.
Des exemples de saveurs
- Barbe à papa rose ou mauve
- Bazzou à la gomme à mâcher (Bazooka)
- Slush (8 saveurs)
- Fusée (Popsicle fusée)
- Rockette (bonbons Rockets)
- Skitts (2 saveurs de Skittles)
- NRDZ (Nerd)
- Circus* (rondelles à la pêche, grenouille à la guimauve, jujubes framboises, Jucy)
- Miss Passion (fruits de la passion)
- Saint-César (clamato), avec le Malin César Bonheur fruité
- Bonheur fruité, contient 2 portions de fruits et légumes
- Nounours (4 saveurs)
Les bières sont à 6,5% d’alcool, sauf Saint-César et Bonheur fruité, à 5%.
* Les Circus sont fluorescentes.
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