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L'article provient de Le Journal de Montréal

Des ballons plus difficiles à gonfler

Une pénurie d’hélium affecte durement l’industrie des célébrations, pour qui cette ressource est primordiale

Lynda Bouvier, présidente du Groupe Party Expert, confie qu’il ne lui reste que quatre mois de réserves d’hélium : une pénurie de ce gaz frappe l’industrie des ballons de fête.
Lynda Bouvier, présidente du Groupe Party Expert, confie qu’il ne lui reste que quatre mois de réserves d’hélium : une pénurie de ce gaz frappe l’industrie des ballons de fête. Photo Olivier Faucher
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Photo portrait de Olivier Faucher

Olivier Faucher

2022-06-27T04:00:00Z
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Les boutiques de fête québécoises peinent à répondre à la demande sans précédent de ballons à l’hélium en raison d’une pénurie de ce précieux gaz qui se fait de plus en plus rare sur la planète.

Fête des Pères, Grand Prix, bals des finissants, mariages, fêtes nationales : cette pénurie d’hélium arrive à une bien mauvaise période pour l’industrie alors que les commandes de ballons sont sans précédent.

« Les gens n’ont pas fêté pendant deux ans et je peux vous dire que là, ils fêtent comme jamais ! » explique Lynda Bouvier, présidente du Groupe Party Expert, soulignant que son entreprise fracasse des records de ventes de ballons. 

Le Journal a contacté sept entreprises du monde du party au Québec. Chacune d’entre elles peine à se procurer de l’hélium, et certaines en ont manqué pendant un mois.

Quatre mois : c’est ce qu’il reste de la réserve d’hélium des magasins Party Expert, l’un des plus gros joueurs de son industrie au Canada.

Gisement à sec

Il y a un an, une pénurie de ce gaz non renouvelable utilisé notamment en grande quantité pour gonfler des ballons de fête s’est amorcée, mais depuis quelques semaines, les boutiques ont commencé à en sentir lourdement les effets.

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En réaction, Party Expert a fait inclure dans les contrats de ses fournisseurs certaines garanties, dont celle de pouvoir maintenir une réserve.

« Ça fait deux mois qu’on roule sur les réserves, précise Mme Bouvier. Ce n’est pas la première fois que ça nous arrive, mais ça n’avait jamais duré aussi longtemps. »

Selon Daniele Luigi Pinti, professeur au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), c’est l’épuisement d’un gisement aux États-Unis qui approvisionnait le monde depuis cent ans qui cause la problématique. (Détails dans l’encadré.)

Commandes annulées

La plupart des marchands n’ont pas le pouvoir d’achat des gros joueurs et sont affectés immédiatement par le problème.

« C’est comme si tu allais dans un steak house et qu’on te dise : “Il n’y a pas de steak” », mentionne Jules Ahmarani, propriétaire de Roi du party, illustrant l’importance de l’hélium pour ses magasins situés à Saint-Jérôme, Laval et Joliette.

Ceux-ci doivent se rabattre sur les petites pompes vendues par des détaillants, car leur fournisseur n’est plus capable de leur envoyer des quantités suffisantes.

« On s’adapte en perdant un peu de sous, mais en disant tout le temps : “Oui, on en a !” » poursuit M. Ahmarani.

« On ne sait jamais d’une semaine à l’autre si on va en avoir, explique pour sa part Marie-Pier Boulanger, copropriétaire de Créations Marie Cake, en Beauce. On en a manqué pour la première fois la semaine passée et on a été obligés d’annuler tous nos clients et de leur proposer un montage à l’air. »

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Une autre option

Plusieurs entreprises consultées par Le Journal estiment que les clients vont devoir s’habituer à opter pour ces ballons gonflés à l’air montés sur des structures pour les maintenir en hauteur, qui seront moins chers et plus accessibles que les ballons à l’hélium à l’avenir.

« C’est clair que cette situation [de pénurie] va s’aggraver dans les années à venir », prédit M. Pinti.

  • Le prix de l’hélium a augmenté de 35 % pour les détaillants de ballons de fête. Certains n’ont eu d’autre choix que de refiler la facture aux clients, alors que d’autres absorbent la hausse.

Pas seulement pour les fêtes 

L’hélium, gaz invisible, est l’élément le plus abondant dans l’univers après l’hydrogène, mais on en trouve très peu dans l’atmosphère terrestre. 

Extrait des poches de gaz naturel dans la roche, il est notamment nécessaire pour les coussins gonflables dans les voitures, pour garder à basse température différents équipements de l’industrie spatiale, mais aussi pour refroidir l’aimant des appareils d’imagerie médicale dans le réseau de la santé.

C’est d’ailleurs pour l’usage en santé que s’inquiète davantage le professeur Daniele Luigi Pinti, du Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM.

« C’est clair que les hôpitaux, etc. doivent faire attention à leur consommation d’hélium », estime-t-il, tout en précisant que ce secteur bénéficie d’une priorisation des fournisseurs.

« Aucun enjeu d’accès à l’imagerie n’a été soulevé en lien avec cette pénurie », a précisé au Journal le ministère de la Santé et des Services sociaux.

D’autres gisements situés notamment au Qatar, en Pologne et en Russie commencent à être exploités, mais le monde est encore loin de retrouver l’approvisionnement comme pouvaient l’assurer les États-Unis.

La solution pourrait également se trouver au Canada, puisque la Saskatchewan souhaite exploiter des gaz qui produisent de l’hélium dans le sud-ouest de son territoire. La province veut obtenir 10 % du marché mondial de l’hélium en 2030.

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