Des ballons, en veux-tu? En v’là!

Normand Lester
Le Canada et les États-Unis ont décidé d’abattre trois objets volants non identifiés au cours du week-end. Ils flottaient au gré du vent et ne menaçaient personne. On les a abattus par «excès de prudence», dit la Maison-Blanche. Donc tout ce branle-bas combat, amplifié par un tsunami médiatique, pour rien.
De toute évidence, le NORAD, les forces armées canadiennes et américaines n’étaient pas préparés pour ce genre d’événements.
Les sénateurs des deux partis ont réitéré mardi les appels à plus de transparence de la Maison-Blanche en sortant d’un briefing secret sur les ovnis abattus durant le week-end. Ils s’étaient également déclarés insatisfaits des explications de l’administration Biden sur le ballon chinois. L’opinion publique américaine et celle des élus lui reprochent son manque de transparence.
Son mutisme permet à toutes sortes de théories loufoques de se développer sur les médias sociaux, impliquant notamment – c’était inévitable – des extraterrestres.
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Revenons aux ballons
La Chine a nié que son ballon abattu ait été utilisé pour espionner, déclarant qu’il s’agissait d’un aérostat météorologique emporté par les courants atmosphériques. Pékin affirme d’ailleurs que la Chine elle-même est régulièrement survolée par des ballons américains.
La réalité est que des milliers de ballons flottent constamment au-dessus de la Terre, lancés par des agences gouvernementales, des universités, des chercheurs indépendants et des amateurs.
Chaque année, plus de 50 000 ballons sont lâchés dans la stratosphère (50 000 m) par le seul National Weather Service américain. L’Alaska est l’État où il se lance le plus de ballons aux États-Unis.
Le NORAD va devoir mettre en l’air beaucoup d’avions et tirer beaucoup de missiles s’il doit abattre tous les ballons perdus qui déclenchent des alertes radars au-dessus de l’Amérique du Nord.
Quelques exemples. L’Agence spatiale canadienne (ASC) donne accès à des ballons stratosphériques géants à des étudiants afin qu’ils puissent concevoir, construire et tester des charges scientifiques qu’ils vont transporter. En 2021, l’ASC a lancé deux ballons avec des étudiants de Polytechnique et de l’Université Queen’s pour leur permettre de réaliser leurs expériences.
À partir de son centre Columbia Scientific Balloon Facility au Texas, la NASA lance des ballons de recherche (400 pieds de diamètre) à des altitudes pouvant atteindre 120 000 pieds pour mener des expériences scientifiques, certaines en collaboration avec des universités de l’extérieur des États-Unis.
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Où vont les ballons du Pentagone
La DARPA, l’agence ultra-secrète du Pentagone de recherches avancées, expérimente des ballons à technologie militaire. En 2019, la DARPA a lancé 3 ballons ALTA (Adaptable Lighter Than Air) de Cumberland au Maryland. Lorsqu’un de ces ballons a survolé Kansas City, cela a créé émois et inquiétudes dans la population de la ville.
Serait-il surprenant que certains de ces ballons militaires de la DARPA aient flotté – comme par hasard – au-dessus de la Chine?
Ça expliquerait pourquoi Washington a immédiatement crié au ballon-espion lorsque le ballon chinois a été repéré au-dessus des États-Unis.