«Maman, il y a un monsieur qui a volé la poubelle»: des bacs à matières résiduelles dérobés un peu partout à Montréal
«Si tu voles la poubelle de quelqu’un, t’es rendu là, c’est quand même triste»

Marie-Laurence Delainey
Des Montréalais dénoncent des vols de bacs à matières résiduelles, un phénomène surprenant et peu connu, mais tristement répandu dans la métropole.
Vols de voitures, de colis, de vélos; la liste de biens dérobés est déjà longue à Montréal et croyez-le ou non, il faut maintenant y ajouter les vols de bacs à déchets.
«Ça nous est arrivé il y a quelques semaines malheureusement, raconte un résident du Plateau-Mont-Royal, Ibra Him. Aussi, j’ai vu quelques jours auparavant un monsieur se promener avec un bac qu’il venait probablement de voler à 3-4 heures du matin sur Rachel.»
Une dizaine de résidents de différents arrondissements nous ont raconté avoir récemment été témoins ou victimes de ce type de larcins.
«Ma fille dit: “Maman, il y a un monsieur qui a volé la poubelle à côté de chez mon amie!” Au même moment, on voit un homme [...], une poubelle à la main [...] Il nous a regardées, il a continué son chemin. Ce n’était pas quelqu’un du voisinage», raconte Claudine Bluteau.
Un bac vert gratuit peinturé en noir
À Montréal, seul le bac à ordures ménagères est aux frais des résidents. Les contenants pour le recyclage et le compost, eux, sont distribués gratuitement soit par l’Arrondissement ou par des membres du Regroupement des éco-quartiers (REQ), un organisme de la Ville spécialisé en environnement. Malgré tout, tous les bacs se font voler, peu importe leur taille ou leur valeur. «On voit des bacs verts, qui sont gratuits, fournis par les arrondissements, peinturés en noir avec écrit “déchets” dessus [...] Ça fait longtemps que les bacs sont volés», déplore la directrice générale du REQ, Clélia Sève.

Elle rappelle qu’il est possible, sous certaines conditions, de se procurer un autre bac à compost ou à recyclage en cas de bris ou de vol, par exemple. Mais les délais pourraient expliquer que certains décident plutôt de les voler. «Des fois, il y a des listes d’attente [...] C’est un enjeu pour les arrondissements de prévoir combien de bacs ils vont avoir à remplacer [...] Ces commandes sont faites annuellement», explique-t-elle.
Aux grands maux les grands moyens
L’humoriste Josiane Aubuchon et son ami Sim Nadj se sont aussi fait voler à plusieurs reprises. Si bien que la jeune femme a écrit, avec ironie, sur sa poubelle «Ne pas voler svp» en plus d’avoir attaché un bloc de béton sous le couvercle.

«J’ai dû acheter au-dessus de 100$ de poubelles, j’en achetais tout le temps une [...] Je me suis dit: je vais m’en prendre une cheap et je vais écrire dessus [...] et ça a marché!» dit celle qui tente de prendre un problème sérieux avec un brin d’humour.
Des bacs au campement Notre-Dame
Selon nos informations, la Ville n’a pas fourni les bacs qu’on retrouve au campement des personnes en situation d’itinérance de Notre-Dame. Il y a donc lieu de se demander comment ils se sont retrouvés là, mais le REQ préfère ne pas se prononcer. «On ne va vraiment pas accuser les personnes les plus vulnérables, n’importe qui vole des bacs», précise Mme Sève.
Même si ces vols ne sont généralement pas rapportés à la police, les autorités rappellent l’importance de les dénoncer.