Des artistes créent leur propre «starter pack» sans intelligence artificielle


Andrea Lubeck
Des illustrateurs participent eux aussi à la tendance des starter packs en créant de leurs mains leurs images. Leur objectif: rappeler la valeur de l’art créé par des humains.
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Ces derniers jours, des centaines d’internautes se sont rués sur ChatGPT et sa récente fonctionnalité de génération native d’images pour créer leur starter pack, une figurine à l’effigie d’une personne accompagnée d’accessoires supposés la représenter.
En réaction à la tendance, des artistes visuels d’ici et d’ailleurs ont dénoncé la place prépondérante de l’intelligence artificielle dans l’art. Plusieurs d’entre eux ont publié leur propre starter pack assorti du mot-clic #starterpacknoai.
«L’arrivée de l’intelligence artificielle nous fait peur, aux artistes», écrit l’illustratrice Jade Lachine dans une publication Instagram. Elle dit se questionner davantage sur «l’art, la valeur de l’art, l’éthique, la place de l’humain derrière les illustrations».
Dans son carrousel, elle démontre d’ailleurs tout le travail derrière la création de son starter pack, qui a nécessité 1180 traits de crayon et 53 minutes.
«Je pense aussi que la puissance du AI est très impressionnante! Ça fait de belles choses extrêmement rapidement. Je comprends donc les gens (et moi!) d’en être curieux et de suivre les tendances. Par contre, j’espère de tout cœur que ça ne remplacera pas totalement mon travail, ma passion du dessin», conclut-elle.
«En tant qu’illustratrice, voir passer des centaines d’images générées par l’intelligence artificielle est très agaçant. Ça met en péril notre travail et en plus c’est moche», critique pour sa part l’illustratrice française Roxane Damidot.
«Votre soutien permet à la créativité de rester humaine, pas générée par l’IA», écrit Alexandra Morin, illustratrice derrière l’entreprise Gold Heart Club.
«Démocratiser» l’art
Le président-directeur général d’OpenAI, l’entreprise derrière ChatGPT, Sam Altman, a défendu la nouvelle fonctionnalité de création d’images en affirmant qu’il s’agit d’un moyen de «démocratiser» l’art.
«Je pense que la démocratisation de la création de contenu a été une grande victoire pour la société. Ce n’est pas une victoire totale, il y a des aspects négatifs, c’est certain, et ça a certainement eu un impact sur le genre artistique, mais je pense que, dans l’ensemble, c’est une victoire», a-t-il dit en entrevue avec l’entrepreneur indien Varun Mayya.
Ces commentaires faisaient suite aux critiques émises dans la foulée de la tendance visant à transformer des photos en personnages du Studio Ghibli à l’aide de ChatGPT.

Les propos du réalisateur et cofondateur de Ghibli, Hayao Murakami, au sujet de l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la création artistique ont alors refait surface.
«Je n’aurais jamais l’idée d’intégrer cette technologie dans mon travail. Je pense sincèrement que c’est une insulte à la vie même», avait-il déclaré en 2016 dans un documentaire de la chaîne de télé publique japonaise NHK.