Des animaux empaillés à Normandin exposés partout autour du monde
Jean Houle | TVA Nouvelles
L'entreprise Bilodeau Canada, implantée à Normandin au Lac-Saint-Jean, est bien connue pour ses vêtements d'hiver, mais la taxidermie lui vaut aussi une réputation internationale impressionnante.
Bilodeau Canada remplit présentement un important contrat en vertu duquel elle doit fournir deux animaux empaillés, un morse du Grand Nord québécois et d'un narval de l'océan Arctique.
Ces pièces de collection, extrêmement rares, sont destinées à un musée de Chine, qui veut exposer des animaux nordiques.
Obtenir de tels spécimens exige un bon réseau de contacts. «Ça peut nous demander plusieurs années avant de réussir. On fait affaire avec des Inuits du Grand Nord. Quand ils ont la chance de mettre la main sur des bêtes comme ça, en bon état... Ça devient une question de relation de confiance. Mais c'est très difficile», a raconté le directeur général de l'entreprise, Samuel Bilodeau.
La taxidermie représente environ 40 % du chiffre d'affaires de Bilodeau Canada. L'entreprise avait réalisé un premier contrat en prévision d'un film, il y a près d'une vingtaine d'années.
«Un gars qui faisait les costumes me connaissait et il m'a approché, a expliqué le fondateur de l'entreprise, Mario Bilodeau. Ça a commencé comme ça, puis avec le bouche-à-oreille, ça a pris de l'ampleur. C'est un grand milieu, mais c'est aussi un petit milieu même temps. Le mot s'est passé: "Si tu veux de la fourrure, même des bêtes robotisées, appelle Bilodeau!"»
L'arrivée d'Internet a permis à Bilodeau Canada de développer sa clientèle. Elle reçoit des commandes des États-Unis, mais aussi d'Europe et d'Asie, pour un total de 27 pays.
«On vend à des musées, des collectionneurs, des revendeurs», précise Mario Bilodeau, qui vient tout juste de céder les rênes de l'entreprise à un trio d'employés, dont son neveu Samuel.
«Il n'y a pas beaucoup de taxidermistes au Québec qui peuvent faire ce travail. Nous, nous avons une équipe expérimentée, et nous avons l'espace!», a-t-il poursuivi.
L'équipe mesure les dimensions de la peau reçue, et fabrique ensuite un moule en fonction de la position de l'animal demandée par le client. Les spécialistes ont ainsi réalisé deux fresques remarquables: deux orignaux en train de se battre, et un bison attaqué par trois loups.
Compléter une pièce peut demander entre un et six mois.
«Le processus pour exporter peut demander un an, a précisé Samuel Bilodeau. Il faut remplir les documents pour exporter du Canada, et ensuite remplir d'autres papiers pour que la Chine, par exemple, puisse importer. On ne contrôle pas le gouvernement du Canada et de la Chine.»
En attendant l'expédition, toutes les pièces sont exposées dans une aile du bâtiment de Bilodeau Canada spécialement aménagée, appelée «L'Univers de Bilodeau». Le public peut ainsi voir le résultat final, toujours impressionnant.
«On se dit qu'on travaille sur des bêtes qui seront expédiées en Chine, vues par peut-être des millions de personnes... Je n'ai qu'un mot, et c'est "fierté!"», a conclu Samuel Bilodeau.