Publicité
L'article provient de Le Journal de Québec
Monde

Des agences américaines s’opposent à Musk, qui demande des comptes aux fonctionnaires

MEGA/WENN
Partager

AFP

2025-02-24T00:24:11Z
Partager

Le Pentagone et d’autres agences du gouvernement américain, dont la police fédérale (FBI), ont demandé à leurs équipes de ne pas répondre au courriel exigeant que les fonctionnaires fédéraux justifient leurs activités après l’injonction en forme d’ultimatum du proche conseiller de Donald Trump, Elon Musk. 

• À lire aussi: Plus de 133 000 signatures: une pétition lancée par un député fédéral pour retirer la citoyenneté canadienne à Elon Musk

• À lire aussi: Musk donne 48 heures aux fonctionnaires pour justifier leur activité

Cet appel de plusieurs fidèles du président américain – nommés à des postes-clés de son administration – à désobéir représente un couac majeur et interroge la marge de manœuvre dont dispose Elon Musk.

Sommé par Donald Trump de se montrer «plus agressif» dans sa mission de sabrer les dépenses publiques, l’homme le plus riche de la planète avait enjoint samedi aux fonctionnaires fédéraux de répondre à un courriel en rendant compte de leur travail récent.

«Le ministère de la Défense est responsable de l’évaluation des performances de son personnel et il conduira tout examen en accord avec ses propres procédures», a écrit Darin Selnick, un responsable du Pentagone, dans un communiqué publié dimanche sur X. M. Selnick demande, «pour l’instant», de «suspendre toute réponse» au courriel envoyé samedi par l’OPM, le bureau chargé de la gestion des fonctionnaires, intitulé «Qu’avez-vous fait la semaine dernière».

Publicité

Selon le New York Times, le FBI, le département d’État ou encore le renseignement national ont également conseillé à leurs employés de ne pas y répondre.

«Le FBI, par l’intermédiaire du bureau du directeur, est responsable de toutes les procédures d’évaluation», a écrit Kash Patel, le nouveau directeur de la police fédérale, nommé par Donald Trump.

Dans un courriel reçu samedi par les fonctionnaires fédéraux, l’OPM exigeait une réponse d’ici lundi soir, en décrivant cinq tâches accomplies au cours de la semaine précédente et en copiant son responsable. Il leur était demandé de ne pas partager d’informations confidentielles.

Elon Musk, patron de SpaceX et de Tesla et propriétaire du réseau social X, avait annoncé, un peu plus tôt, que «l’absence de réponse» serait considérée comme une «démission».

Le courriel reçu par les fonctionnaires – et consulté par l’AFP – ne relayait pas cette menace.

«Ajoutez une dose de compassion»

Elon Musk est régulièrement critiqué pour ses méthodes de management jugées brutales.

«Si je pouvais dire une chose à Elon Musk, ce serait "s’il vous plaît, ajoutez une dose de compassion là-dedans. Ce sont des vraies gens. Ce sont de vraies vies"», a estimé, sur CBS, le sénateur républicain de l’Utah, John Curtis.

«C’est un faux argument de dire que nous devons faire des économies et être cruels en même temps», a-t-il ajouté.

Cet appel de plusieurs agences de l’administration Trump à ne pas obéir à l’injonction de son proche conseiller s’inscrit dans un contexte très tendu au sein de l’État fédéral.

Publicité

En cinq semaines, le gouvernement du milliardaire républicain a mis en œuvre des mesures, sous l’impulsion d’Elon Musk, visant à licencier des pans entiers du personnel.

Des milliers d’employés de l’administration en période d’essai ont été limogés. Incités à démissionner en échange d’une paie maintenue jusqu’à fin septembre, quelque 75 000 fonctionnaires ont également accepté de quitter leur poste, selon les médias américains.

Visé par le dernier mouvement de dégraissage annoncé vendredi, le département de la Défense doit réduire d’au moins 5% ses effectifs à partir de la semaine prochaine.

Face au tollé suscité par son ultimatum aux fonctionnaires, Elon Musk a ensuite précisé sa pensée: «Un courriel avec quelques points qui tiendraient la route fera l’affaire!».

L’AFGE, le principal syndicat de fonctionnaires fédéraux, a promis de contester toute fin de contrat «illégale».

«Une nouvelle fois, Elon Musk et l’administration Trump ont montré leur mépris total pour les employés fédéraux et les services essentiels qu’ils rendent au peuple américain», estime dans un communiqué Everett Kelley, président de l’AFGE.

Dimanche, Elon Musk, auquel le président argentin, Javier Milei, a offert une tronçonneuse cette semaine, symbole de son programme de réduction des dépenses publiques, s’est justifié.

«Un nombre important de gens qui sont censés travailler pour le gouvernement en font si peu qu’ils ne consultent jamais leurs boîtes courriel», a-t-il écrit, alors que le courriel a été envoyé au cours du week-end.

«Dans certains cas, nous pensons qu’il y a des gens qui n’existent pas ou des identités de personnes décédées qui sont utilisées pour récupérer les salaires. En d’autres termes, il s’agit d’une fraude pure et simple», a-t-il affirmé, sans étayer son propos.

Publicité
Publicité