Derek Jeter qui me propose de décrire le match en français, Bruce Bochy qui me prend dans ses bras: je revis mon rêve à la Série mondiale

Rodger Brulotte
Cette année, c'est ma 34e Série mondiale en tant que fan ou analyste à la radio ou à la télévision. Pour ceux qui ne le savent pas, je suis un vrai cinéphile qui apprécie tous les types de films, à l’exception des films d’horreur. Avec un peu de nostalgie, j’ai vu mon dernier film d’horreur le jour où Rick Monday, des Dodgers, a frappé un circuit pour éliminer les Expos d’une participation à la Série mondiale. Le titre du film fait partie de l’histoire des Expos: Blue Monday.
Vendredi dernier en après-midi, je me retrouve dans ma chambre d’hôtel à Arlington, au Texas, domicile des Rangers du Texas, à 20 minutes en voiture de Dallas. Une fois dans le hall d’entrée de l’hôtel, ma femme Pascale et moi rejoignons mes collègues Denis Casavant et Michel Godbout pour sauter dans la camionnette pour aller au match.
Je suis aussi excité qu’un jeune assis près du sapin de Noël qui attend ses cadeaux. Les papillons volent librement dans mon corps, je suis nerveux alors que nous approchons avec précaution le stade de baseball. Les gens autour de moi sont surpris par mon silence, mais ils ne savaient pas que je revivais mes précédentes Séries mondiales. Mon match le plus mémorable, je l’ai partagé avec mon père devant un téléviseur en noir et blanc.
Ma mère et lui m’avaient donné la permission de ne pas aller à l’école pour que je puisse regarder les Dodgers-Yankees à la maison. Don Larsen des Yankees a lancé un match parfait à mon grand désarroi. J’étais trop jeune pour comprendre l’importance de son exploit.
J’ai soudainement été surpris en me réveillant de mon pays des rêves, car juste devant mes yeux se trouvait l’immense stade AT&T, le domicile des Cowboys de Dallas, situé juste en face du domicile des Rangers du Texas. Lentement mais sûrement, je me suis dirigé vers l’entrée des médias du stade des Rangers, essayant de cacher mon immense sourire car, une fois de plus, c’est un retour à la Série mondiale. L’immensité du hall principal est impressionnante et terrifiante, car il est rempli de nombreuses aires de restauration et de boutiques souvenirs.

Je réalise mon rêve
Je regarde autour de moi mais mon rêve est sur le point de se réaliser. Lentement mais sûrement, Denis Casavant et moi quittons notre cabine de télévision pour descendre sur le terrain. Mon cœur bat plus vite et intensément alors que nous nous dirigeons vers le terrain de baseball. Je voulais courir, car j’étais tellement heureux et anxieux!
Je monte les quelques marches qui mènent au terrain. Une fois sur le terrain, je m’arrête juste pour profiter de ce beau retour à un match des Séries mondiales. Mes yeux ne pouvaient s’empêcher de découvrir l’intérieur de ce magnifique stade, alors que j’entendais un son magnifique, non pas celui de la musique, mais celui d’un bâton qui frappe une balle de baseball.
En marchant derrière la cage des frappeurs, j’entends une voix crier mon nom. Je me retourne et je vois le gérant des Texas Rangers, Bruce Bochy, avec un immense sourire sur le visage, marchant lentement vers moi en raison de blessures antérieures au genou. Il m’entoura de ses bras, me faisant savoir à quel point il était heureux de me revoir. Imaginez la scène, un homme de plus de 6 pieds 3 pouces, 240 livres me serrant fermement dans ses bras. Nous parlons de ses succès comme gérant, de sa famille, un retour possible des Expos et de son amitié avec Felipe Alou. Plus de 20 ans plus tard, il prend le temps de me saluer. Quelle belle amitié que nous partageons!
Sur le terrain avant le match, j’ai rencontré des joueurs vedettes des deux équipes. Les recrues Corbin Carroll, des Diamondbacks, et Evan Carter, des Rangers, m’ont fortement impressionné par leur gentillesse et leur accessibilité.
Lorsque j’ai croisé le lanceur et futur membre du Temple de la renommée, Max Scherzer, il a souri et s’est étonné comme la majorité des joueurs lorsque je leur apprends que j’analyse le match de baseball en français à TVA Sports.
Je croise le légendaire joueur des Yankees Derek Jeter qui, avec un brin d’humour, me propose de décrire le match en français. Je n’ai pas pu m’empêcher de lui rappeler que si les Expos l’avaient repêché quand ils en avaient eu l’occasion, il aurait changé le visage de l’équipe. Sa réponse m’a démontré encore une fois sa grande classe. Il m’a simplement répondu en disant que les Expos avaient développé d’excellents joueurs avant et après lui.
Un «remake» du film Retour vers le futur
Après avoir vécu le coup de circuit de Kirk Gibson, des Dodgers, contre Oakland, et Joe Carter qui claque un circuit contre les Phillies permettant ainsi aux Blue Jays de remporter la Série mondiale, est-ce que je vivais ce que Michael J. Fox a vécu dans le film Retour vers le futur?
Est-ce que c’était un «remake» du film? Dans la neuvième manche, Corey Seager provoque l’égalité avec un circuit de deux points pour les Rangers. Dans la 11e manche, Adolis García frappe le coup de circuit gagnant alors qu’il est en accueilli comme un héros en contournant les buts.
Ce fut mon retour à la Série mondiale.
Quand je me suis réveillé samedi matin, je me suis demandé si tout ce que j’avais vécu n’était qu’un rêve. Étant un cinéphile, je suis heureux d’avoir pu vivre des moments si émotionnels. Une fin de film a toujours besoin d’une bonne fin et quoi de mieux que Pedro Martinez qui me dit «Bonjour mon ami, je t’aime»? Mon Retour vers le futur s’est terminé à un match des Séries mondiales.