L’épicerie J.A. Moisan, fondée 1871, a été sauvée in extremis grâce à la résilience d’une Gaspésienne


Diane Tremblay
Le destin de Donna Willet a pris une tournure inattendue en 2019 lorsqu’elle a visité pour la première fois le bâtiment de la rue Saint-Jean qui abrite l’épicerie J.A. Moisan fondée en 1871. La femme d’affaires de la Gaspésie, qui cherchait un local pour ouvrir une boutique de vêtements, a été rapidement conquise par l’histoire de l’entreprise.
«Honnêtement, ce n’est pas J.A. Moisan qui m’a attirée à Québec. Je cherchais plutôt un emplacement pour ouvrir la boutique de vêtements Patagonia. L’immeuble était à vendre. Je le trouvais intéressant. Ça répondait à nos besoins. Donc, on a fait une offre qui a été acceptée et c’est par la suite que j’ai appris l’histoire de J.A. Moisan», relate Mme Willet qui a fait l’acquisition avec son conjoint.

J.A. Moisan, c’est Jean-Alfred Moisan, qui a vécu toute sa vie dans le quartier Saint-Jean-Baptiste, à Québec. Sa première épicerie était située sur la rue De La Chevrotière. Ce n’est qu’en 1885 qu’il fait l’acquisition de l’immeuble sur la rue Saint-Jean.
«Lorsqu’on a fait l’achat, nous n’avions pas l’intention de poursuivre avec l’épicerie. On s’attendait à ouvrir l’espace au complet pour la boutique de vêtements. En découvrant l’importance de l’histoire de l’épicerie et du symbole patrimonial de l’immeuble, on s’est dit qu’il serait trop dommage de fermer ça. On a pris la décision de diviser l’espace pour garder l’épicerie», explique Mme Willet.
Un équilibre à atteindre
Si pour les personnes plus âgées, l’épicerie J.A. Moisan évoque des souvenirs, pour les plus jeunes, il s’agit d’un héritage patrimonial à découvrir.

«Pour nous, c’est toujours un défi de garder le caractère d’antan et d’évoluer pour être attrayant pour la nouvelle génération», partage la copropriétaire des lieux.
Durant les rénovations, Mme Willet et son conjoint ont fait attention pour conserver le plus d’éléments architecturaux d’origine possible, ce qui n’a pas été une mince tâche considérant la désuétude du bâtiment. Les rénovations, qui devaient durer huit semaines, se sont échelonnées sur un an.
«Le mur noir du cellier, c’était anciennement le plafond de l’épicerie. Pour les briques, qui devraient être remplacées, j’ai travaillé avec le maçon pour trouver d’autres briques similaires d’un immeuble qui avait été démoli pour les récupérer.»
Pour rester pertinente dans son marché d’épicerie fine, la copropriétaire doit faire affaire avec près de 450 fournisseurs.
«Ça veut dire des petites livraisons tous les jours. C’est beaucoup de gestion. Quand on a fermé pour les rénovations, j’ai gardé les employés pour m’aider, car j’avais zéro expérience dans l’opération d’une épicerie, ni d’une auberge ni d’une boutique. Ce n’était pas dans mes plans. Les premières années, ça n’a pas été facile d’ouvrir trois commerces en même temps.»
Au deuxième étage de l’épicerie, on retrouve l’auberge J.A. Moisan, qui a été restaurée avant l’arrivée de Mme Willet. Lorsqu’elle s’y trouve, les lieux lui rappellent l’époque du fondateur.

«Tu sens l’histoire dans les murs de l’épicerie et de l’auberge. C’est inspirant», ajoute la femme d’affaires qui travaille avec sa fille.
Épicerie J.A. Moisan
- 685, rue Saint-Jean
- Établie depuis 1871
- Fondateur: Jean-Alfred Moisan
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