Carney annonce des investissements massifs dans l’armée qui transformeront l’économie canadienne

Raphaël Pirro
Le Canada atteindra la cible de 2% du PIB en dépenses militaires dès cette année avec un plan d'investissement massif qui transformera l’économie du pays ainsi que sa place dans le monde, a annoncé Mark Carney lundi, à quelques jours du G7.
Cet investissement supplémentaire est chiffré à 9,3 milliards $, portant les dépenses militaires annuelles du Canada à 62,7 G$ à partir de l’exercice financier 2025-2026.
Une telle injection d’argent sera porteuse d’«opportunités énormes» pour l’industrie canadienne et créera «des dizaines de milliers d’emplois bien rémunérés», a dit le premier ministre lors d’une allocution au Munk School à Toronto.
«Nous veillerons à ce que chaque dollar soit investi judicieusement, notamment en donnant la priorité à la fabrication au Canada et aux chaînes d'approvisionnement. Nous ne devrions plus envoyer les trois quarts de nos dépenses d'investissement en matière de défense aux États-Unis.»
Ces sommes colossales seront destinées à l'achat de nouvel équipement, à la réfection de matériel existant et au recrutement à la rétention de militaires.
«Nous allons réparer et entretenir les navires, les aéronefs, et les infrastructures que, pour trop longtemps, nous avons laissés se dégrader», a-t-il ajouté.
L’équipement dont disposent les Forces armées canadiennes est en état lamentable, de l’aveu de M. Carney. Par exemple, un seul des quatre sous-marins du Canada est fonctionnel, et moins de la moitié des véhicules et des navires sont en état opérationnel.
Dans son discours d’une vingtaine de minutes, Mark Carney a évoqué des «sacrifices» qui pourraient être nécessaires afin d’atteindre ces objectifs ambitieux.
En conférence de presse aux côtés du ministre de la Défense et de la cheffe d’État-major Jennie Carignan, le premier a évité d’entrer dans les détails, mais a signalé que lesdits «sacrifices» vont demander un haut niveau de «coopération, de consensus et de vitesse» de la part de la société.
Par ailleurs, Mark Carney a confirmé que le Canada se détournera progressivement des États-Unis pour son approvisionnement en équipement militaire. Il en remplacera une partie par avec les fournisseurs canadiens et européens.
La cible de 2% du PIB en dépenses militaires est celle fixée par la communauté de l'OTAN. Dans la course à la chefferie pour le Parti libéral du Canada, Mark Carney avait promis d'atteindre cette cible d'ici 2030.
Il a ouvert la voie à une augmentation encore plus importante au courant des prochaines années.
Comment seront répartis les 9,3 G milliards $ supplémentaires
- 2,3 G$ dans le recrutement et la rétention de personnel. Une bonne partie de cela ira dans les nouvelles stratégies pour augmenter la rémunération des militaires.
- 2,1 G$ pour créer une stratégie d’approvisionnement avec l’industrie canadienne de la défense. Cela inclura des contrats pour du nouvel équipement.
- 2 G$ en diversification des partenariats militaires avec d’autres pays que les États-Unis, notamment avec l’Europe à travers le programme ReArm.
- 884 M$ en réparation et en maintien de l’équipement désuet.
- 560 M$ pour renforcer les capacités numériques du ministère de la Défense et des Forces armées canadiennes.