Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Dépenses fédérales: vers une augmentation des impôts pour revenir à l’équilibre budgétaire?

Photo d'archives, AFP
Partager

Raphaël Pirro | Agence QMI

2023-04-05T19:21:14Z
Partager

Malgré une hausse considérable de ses revenus, le gouvernement Trudeau ne ralentit pas la cadence des dépenses, si bien qu’il a repoussé aux calendes grecques le retour à l’équilibre budgétaire. Une hausse des impôts fédéraux est-elle à prévoir pour les Canadiens?

• À lire aussi: Les Canadiens estiment que Trudeau dépense trop

• À lire aussi: Soins dentaires: Trudeau «ouvert» aux discussions avec Québec sur un droit de retrait

• À lire aussi: Budget fédéral: «Avant de créer de nouveaux programmes, il faut financer ceux qu'on a déjà», lance Girard

Selon Geneviève Tellier, politologue et experte en finances publiques de l’Université d’Ottawa, le gouvernement fédéral «manque de courage pour aller jusqu’au bout» et trouver du financement pour ses généreux programmes.

Celle-ci fait un parallèle avec des dépenses massives dans les années 60 et 70, période marquée par des gouvernements libéraux minoritaires appuyés par le NPD. Les dépenses de cette époque ont mené à une crise du financement public dans les années 80 et à des coupures massives dans les années 90.

«Les études le disent, on sous-finançait déjà à cette époque-là», a détaillé Mme Tellier. «On ne voulait pas augmenter les impôts ou les revenus pour que ça s’ajuste à ce qu’on offre à la population. Je pense qu’on refait la même erreur en ce moment.»

Publicité

Au cours de la prochaine année, le gouvernement Trudeau devrait dépenser 491 milliards $, soit 132 milliards $ de plus que lors de l’exercice de 2019-2020, et ce, malgré l’arrêt à toutes fins pratiques des programmes liés à la pandémie de COVID-19. À lui seul, le programme universel de soins dentaires doit couter 13 milliards $ sur cinq ans, soit deux fois plus cher que l’on prévoyait dans le budget précédent.

Parallèlement, Ottawa projette des revenus totaux de 457 milliards $ pour l’année à venir, soit 123 milliards $ de plus qu’en 2019-2020, une hausse de 36,8 % qui ne parviendra tout de même pas à éponger la hausse des dépenses.

Pourtant, le contexte était «favorable» pour effectuer un rattrapage budgétaire, selon Geneviève Tellier.

Avec «une ministre des Finances qui est sympathique aux impôts», une «pandémie qui a montré les lacunes du financement des services publics» et «un gouvernement libéral minoritaire associé au NPD», le moment était tout indiqué pour relever les impôts en même temps que les dépenses et équilibrer le budget.

«Si avec eux on n’est pas capables d’augmenter les impôts, je me demande bien quand. Il n’y a jamais eu un contexte si favorable à une réflexion sur la fiscalité qu’en ce moment et on n’a pas voulu la faire. Je ne pense pas que ça va être mieux dans les prochaines années. Ces occasions sont rares et on n’a pas voulu sauter dessus.»

Selon Jennifer Robson, experte en politiques publiques de l’Université Carleton, les projections relativement optimistes des économistes quant à une reprise de la croissance à moyen terme mèneraient à une augmentation des recettes fiscales au fil du temps.

«Dans des conditions de croissance économique, les recettes fiscales fédérales augmentent même si les taux d'imposition restent inchangés. Cela signifie que les dépenses fédérales sont viables sans augmentation des taux d'imposition», a-t-elle expliqué.

Mme Robson souligne par ailleurs que les dizaines de milliards en crédits d’impôts pour la transition énergétique dans le budget 2023, quoique couteux à court terme, pourraient finir par une «croissance économique plus forte et durable», et donc à une augmentation des revenus fiscaux. L’avenir nous le dira.

Plusieurs options s’offrent à Ottawa, suggère Geneviève Tellier, mais il faudrait d’abord cesser d’être «myopes» et d’assumer, comme population, de payer pour les services que l’on reçoit plutôt que s’en remettre aux prochaines générations.

«On donne notre vote aux politiciens qui créent des déficits et qui financent de nouveaux programmes», dit-elle. «Je veux bien qu’on taxe les riches, mais à un moment donné, si nous, collectivement, on veut des soins dentaires, alors nous, collectivement, on doit payer pour ces soins dentaires là», prend-t-elle comme exemple.

Publicité
Publicité