Dépenses douteuses à l’OCPM: Guy Grenier caviarde lourdement son propre contrat de travail
Le secrétaire général ne veut pas que l’on connaisse son salaire, ses tâches, ni ses conditions de fin d’emploi

Annabelle Blais et Dominique Cambron-Goulet
Le secrétaire général de l’OCPM, Guy Grenier, dont les dépenses de voyage et au restaurant ont fait la manchette, a lourdement caviardé son contrat pour éviter que l’on connaisse ses tâches, son salaire et même ses conditions de fin d’emploi.
Notre Bureau d’enquête a demandé à obtenir son contrat d’embauche à titre de secrétaire général, poste qu’il occupe depuis janvier 2023.
Comme il l’avait fait pour ses factures, M. Grenier, qui est le responsable de l’accès à l’information à l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), s’est encore montré très généreux lorsqu’est venu le temps de caviarder les informations le concernant (voir captures d'écran ci-bas).
Il a notamment noirci la durée de son contrat, son salaire et même la description de ses fonctions et de ses responsabilités, même s’il travaille pour un organisme financé à 100% par de l’argent public, venu de la Ville de Montréal.
Selon nos informations, son salaire est de 122 400$. Une indexation annuelle de 2% est prévue en plus d'une augmentation supplémentaire de 2% au mérite, à tous les ans.
Il ne souhaite pas non plus que les conditions de résiliation de son contrat ou de démission soient connues.
Le document qu’il nous a fourni cette semaine est tellement noirci qu’il est même impossible de dire à quelle date il a été signé.
À la suite de nos révélations sur les dépenses douteuses à l’OCPM, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, et la ministre des Affaires municipales du Québec, Andrée Laforest, ont appelé publiquement à la démission de M. Grenier et de l’actuelle présidente Isabelle Beaulieu.
L’ancienne présidente Dominique Ollivier a démissionné de la présidence du comité exécutif de Montréal, à la suite de nos révélations. Mme Beaulieu et M. Grenier s’accrochent à leur poste.
Le conseil municipal peut mettre fin à l’emploi de la présidente, mais la Ville devrait lui verser un an de salaire (à moins de prouver une faute grave). Le cas du numéro 2 de l’OCPM risque toutefois d’être plus compliqué.
- Écoutez le segment judiciaire avec Félix Séguin diffusé chaque jour en direct 8 h 35 via QUB radio :
Guy Grenier n’étant pas un employé de la Ville de Montréal, il revient à Isabelle Beaulieu de mettre fin à son emploi.
Selon la réponse que M. Grenier a fournie à notre Bureau d’enquête, il considère la plupart des informations de son contrat comme confidentielles contrairement aux contrats de l’actuelle présidente Isabelle Beaulieu et de l’ancienne, Dominique Ollivier.
Juge et partie
Le professeur en éthique à l’UQAM Michel Séguin se montre critique du fait que M. Grenier traite les demandes d’accès le visant.
«C’est éminemment non indiqué [...] il est juge et partie dans ce qu’il va considérer comme pertinent ou non de transmettre, explique-t-il. Il y a un gros problème.»
Si certaines informations peuvent être de nature confidentielle, cela ne justifie pas le caviardage quasi mur-à-mur, surtout pour un organisme comme l’OCPM. «La transparence pour ce type d’organisme est fondamentale, dit-il. On ne parle pas d’un dépanneur.»
«Il vous aurait rien envoyé, ça aurait été pareil», ajoute-t-il.
Selon lui, ses responsabilités, ses conditions d’embauches ou ses clauses de fin d’emploi ne sont pas des renseignements personnels.
Les salaires des dirigeants de l’OCPM
- Isabelle Beaulieu – présidente: 156 951$ (2023)
- Luc Doray – Ex-secrétaire général: 150 536$ (2022)
- Dominique Ollivier – ex-présidente: 148 294$ (2018) + un boni forfaitaire au mérite
- Guy Grenier – secrétaire général: 122 400$
Contrat d'embauche de Guy Grenier








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