Dépassements de coûts de SAAQclic: «Ce n’est pas ça qui va empêcher la Terre de tourner»

L’ex-président du conseil d’administration de la SAAQ estime que des dépassements de coûts de centaines de millions de dollars pour un projet comme SAAQclic ne vont pas empêcher la Terre de tourner, sachant que les sommes seront amorties sur plusieurs années.

«Des fois, quand j’y pense... c’est quoi, les budgets d’exploitation de la SAAQ? Les frais de gestion? Quand bien même que ça coûterait 50 M$, 100 M$, 200 M$ de plus», a déclaré le président du CA de la SAAQ de 2013 à 2016, Guy Morneau.

L’ex-président du CA souhaite que la lumière soit faite sur le dépassement de coûts de 500 M$ du fiasco SAAQclic, mais il assure que le travail en amont a été fait «selon les règles de l’art».

Dans son rapport, la VGQ a révélé que des dirigeants de la SAAQ auraient caché des informations cruciales et que le budget initial de 638 M$ avait explosé à plus de 1,1 G$.

«Ça m’a choqué au début. Rien ne laissait présager ça», dit-il.

Maintenant, pour le projet CASA/SAAQclic, «c’est un coût de développement», a-t-il plaidé. «Ce n’est pas récurrent. Vos économies que vous faites, vous allez les avoir tout le temps, quand ça fonctionne. Et ça fonctionne.»

Dépassements utiles

Selon lui, la population souhaite surtout recevoir des services de qualité sur des systèmes fonctionnels.

«Les gens veulent que ça marche. Quand vous regardez ça... 200 M$, 300 M$. Sur le coup, ça choque. On dit: ce sont de mauvais gestionnaires.»

Pourtant, croit-il, ces dépassements de coûts sont une goutte d’eau dans le budget d’exploitation global d’une organisation comme la SAAQ.

«Quand on équilibre le dépassement de 300 M$ avec un système qui va durer 10, 15 ou 20 ans, vous l’amortissez là-dessus. C’est quoi... 10 M$, 5 M$ sur un budget d’administration de 1,5 G$? Ce n’est pas ça qui va empêcher la Terre de tourner», a-t-il déclaré.

«Quand j’écoute ce qui se dit sur le fiasco de SAAQclic, je suis déçu. Ça ne rend pas justice à l’effort des gens à l’interne et des firmes pour rendre un projet opérationnel. C’est d’une complexité sans nom.»

Guy Morneau assure que les équipes n’auraient pas pu faire mieux pour planifier ce projet. «On ne pouvait pas faire mieux que ça, à moindre coût que ça. Prenons la facture, payons-la et amortissons-la sur la vie utile du projet», a-t-il répété.

À l’hiver 2023, de nombreux clients s’étaient retrouvés incapables de renouveler leur permis ou de plaquer leur véhicule en raison du déploiement catastrophique de SAAQclic. Plusieurs avaient dû faire la file devant les bureaux de la société d’État, dans le froid.