Départ de la cheffe financière Maarika Paul à la Caisse de dépôt: des millions en jeu

Michel Girard
À la suite du nébuleux départ de Maarika Paul de La Caisse, y a-t-il du nouveau dans le différend opposant La Caisse à son ex-cheffe financière?
La Caisse reste motus et bouche cousue.
«Concernant le départ de Mme Paul, nous n’avons rien de nouveau à communiquer», a répondu la porte-parole de La Caisse, Marjaurie Côté-Boileau. Au sujet du départ soudain de celle qui était chargée de la bonne gouvernance, La Caisse se contente de dire qu’il n’est aucunement question de comportements frauduleux, ni d’irrégularités, ni de conflit entre Mme Paul et les dirigeants de La Caisse, ni d’âgisme.
UNE ONÉREUSE SÉPARATION EN VUE
Des millions de dollars sont en jeu dans ce différend.
À titre de première vice-présidente et cheffe de la direction financière et des opérations, elle a bénéficié en 2024 d’une rémunération globale de 1 523 799$, dont 998 000$ à titre de rémunération variable différée.
Voici le problème avec cette rémunération variable, laquelle est différée sur 3 ans: «Les sommes ainsi différées, écrit La Caisse, ne sont payables que si certaines conditions sont remplies.»
Question: «Comme Mme Paul est brusquement partie de La Caisse, qu’arrivera-t-il de cette cagnotte de presque un million de dollars à titre de rémunération variable différée?» ai-je demandé à La Caisse. Va-t-on la lui verser ou pas étant donné qu’elle n’est plus à l’emploi de La Caisse?
Réponse de La Caisse: «Nous ne pouvons donner plus de détails».
Par ailleurs, il y a une autre somme importante dont on ne connaît pas l’issue. Dans le cas d’une «terminaison non volontaire», ce qui est le cas de Mme Paul, un dédommagement de 995 000$ est prévu.
«Le contrat de travail de cette dirigeante [Mme Paul] prévoit une indemnité en cas de congédiement sans cause juste et suffisante qui équivaut à 15 mois de son salaire de base annuel, majoré du montant équivalant à 15 mois de sa rémunération variable annuelle cible, jusqu’à un maximum de 995 000$», mentionne-t-on dans le Rapport annuel 2020.
Encore là, pas moyen de savoir si cette indemnité de «995 000$» pour «congédiement» sera versée ou pas à Maarika Paul.
Sur les deux millions de dollars, mon petit doigt me dit qu’il sera très difficile de connaître le montant exact que La Caisse versera à son ex-cheffe financière.
VALEUR DES RENTES DE RETRAITE: PLUS DE 4 M$
En plus de participer obligatoirement au Régime de retraite du personnel d’encadrement des gestionnaires des secteurs public et parapublic au Québec, Mme Paul, à titre de membre de la haute direction, participait au Régime supplémentaire de retraite pour les cadres désignés de La Caisse.
Mais grâce à «l’entente particulière pour compenser la perte d’avantages liés à un emploi précédent» qui avait été convenue dans le cadre de son embauche en 2011, elle va bénéficier d’une retraite dorée.
À la fin de l’exercice 2020, après 9,6 années au service de La Caisse, la valeur des rentes accumulées dans le Régime supplémentaire de retraite à prestations déterminées de La Caisse atteignait la mirobolante somme de 4,43 M$. Cette valeur a sans doute augmenté significativement lors des quatre dernières années.
La Caisse évaluait en 2020 qu’elle allait encaisser à 65 ans des prestations annuelles payables de 310 700$ avec les deux régimes (le RRPE et celui de La Caisse).
Fait important à signaler à propos de l’ex-dirigeante: «Notons que ce type d’entente pour compenser la perte d’avantages liés à un emploi précédent n’est plus une pratique de l’organisation depuis plusieurs années», tient à préciser la porte-parole de La Caisse.