Dénoncé à l’UPAC: ce pharmacien aurait falsifié des centaines de preuves vaccinales
Son présumé complice aurait empoché près de 10 000$


Francis Pilon
Un jeune pharmacien de Montréal a fait l'objet d'une dénonciation à l’Unité permanente anticorruption (UPAC) parce qu’il aurait vendu sur ses réseaux sociaux des centaines de fausses preuves vaccinales alors qu’il était étudiant durant la pandémie.
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«[Son présumé complice] est rémunéré par certains faux clients pour ses fausses inscriptions au registre de vaccination et estime son gain total à environ 10 000$», révèle une récente décision du Conseil de discipline de l'Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ).*

On apprend, dans ce document juridique, que deux étudiants de l’Université de Montréal en quatrième année de pharmacie auraient utilisé, en janvier 2022, le système d'une pharmacie Brunet de Saint-Laurent. Ils auraient alors inscrit entre 300 et 350 fausses preuves de vaccination contre la COVID-19 au registre de la Santé publique.
L’Ordre a confirmé au Journal que l’un des deux suspects dans ce dossier est Mohammed-El Mahdi Zakaryaa, 27 ans, devenu pharmacien en 2022. Un interdit de publication nous empêche toutefois de révéler l’identité de son complice, qui, lui, a reconnu sa culpabilité dans cette affaire.
«[Mohammed-El Mahdi Zakaryaa] a toujours nié avoir participé au stratagème», rappelle Julie Villeneuve, directrice des communications de l’Ordre.
Toujours pharmacien, malgré tout
Selon la décision du Conseil de discipline, «la situation a été dénoncée à l’Unité permanente anticorruption (UPAC)». D’après nos informations, l’enquête sur les deux étudiants est toujours en cours.
L’OPQ indique de son côté que Mohammed-El Mahdi Zakaryaa demeure pharmacien. L’Ordre affirme qu’il ne peut pas sévir contre le vingtenaire parce qu’il n’était qu’un étudiant au moment des faits allégués.

«Par contre, si un pharmacien (donc un membre de l’Ordre) était reconnu coupable d’une infraction criminelle, nous pourrions décider de le radier, suspendre ou limiter son droit de pratique», précise Mme Villeneuve.
Nos demandes d’entrevue avec M. Zakaryaa sont restées sans réponse jeudi. Selon le Tableau de l’OPQ, le Montréalais a pour principal employeur l’agence de remplacement «BeLocum».
Sa collègue déclarée coupable
Cette histoire rocambolesque est devenue publique puisque le Conseil de discipline de l’OPQ a condamné ce mois-ci une pharmacienne, Tin Wai Wendy Ngan, pour cette affaire.
«Elle a permis à des étudiants stagiaires en pharmacie d’utiliser sa clé Dossier Santé Québec (DSQ) pour inscrire des vaccinations au registre de vaccination du gouvernement du Québec, qui se sont avérées être, en grande partie, des inscriptions frauduleuses», lit-on dans la décision.

Mme Ngan a donc été reconnue coupable d’avoir ainsi commis un acte dérogatoire à l’honneur et à la dignité de la profession. Sa sanction sera annoncée au cours des prochaines semaines.
Notons que le stratagème frauduleux a été commis à la Pharmacie Brunet Clinique Mathieu Roberge et Joseph Alexandre Basa inc.
«La pharmacie nous confirme qu’une plainte a été déposée aux autorités policières et que la pharmacienne Tin Wai Wendy Ngan n’est plus à l’emploi», mentionne Catherine Latendresse, cheffe des communications du Groupe Metro, qui exploite la bannière Brunet.
* NDLR : Une version antérieure de l’article a erronément attribué ce passage de la décision à Zakaryaa plutôt que son présumé complice.
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